Combleux : un village coupé en deux

[Billet]
Plus petite commune de la métropole orléanaise avec 500 habitants permanents, le village de Combleux est confronté à un problème d’urbanisme qui divise ses habitants. Entre un calife considéré comme peu communiquant et un vizir qui agite la population par une opposition qui semble plutôt protéger un entre-soi pas toujours fondé, est-il possible d’y voir un peu plus clair ?

 
Par Eric Voisin

Un peu d’histoire locale

En 2000, l’industriel IBM, fleuron de l’informatique des années 80 se restructure et quitte le site de Combleux… Les ébauches de programmes de la Foncière des Régions, de l’Agglo d’Orléans ne sont pas suivis ou refusés par les équipes municipales précédentes. Petit à petit le site naturel et les 30 000 m2 de planchers se dégradent et sont saccagés. Les 10 hectares en bord de Loire sont finalement cédés à la commune avec comme contrepartie la charge de désamianter les bâtiments, de les démolir, d’évacuer les gravats , de surveiller et de clôturer le site. Le coût de l’opération est estimé à l’origine à 1.800.000 euros, somme qui n’était pas supportable par la commune, habituée jusque là à recevoir une rente de taxe foncière de la part d’IBM. L’établissement public foncier (EPF-LI) va se substituer à la commune pour un temps et assurer le portage financier et devenir provisoirement propriétaire du site. Aujourd’hui la dépense réglée pour l’ensemble des travaux et des missions de l’établissement foncier s’élève au final à 4 millions d’euros, somme à la charge de la petite commune qui ne peut rembourser l’équivalent d’une dette de 20 000 euros par foyer.

La solution pour rembourser la dette abyssale

Après l’élaboration d’un règlement, d’un appel à candidature suivi d’un concours d’idées, la sélection et la mise au point, le site, agrandi à 11 hectares, sera revendu à l’ aménageur sélectionné qui prend à sa charge l’intégralité de la dette. L’aménageur acquiert ainsi 4 hectares avec l’autorisation d’y construire 90 maisons et rétrocède les 7 hectares de parties naturelles non construites à la commune ou à la métropole.

Carte orthophotographique de la commune en 2016. Wikipédia

Le Plan Local d’Urbanisme sera modifié en conséquence pour intégrer, réglementer, délimiter les nouvelles zones naturelles et urbaines.

La zizanie au village « gaulois »

230 habitations, 500 résidents principaux, 100 hectares soit la plus petite commune de la métropole orléanaise. Elle est connue pour son charme et son restaurant. L’entre-soi est ici une « vertu » première, défendue silencieusement (ou plutôt non avouée) par les opposants au projet. D’un coté un calife à la tête de la municipalité depuis juin 2021, de l’autre un vizir à la tête d’une association comprenant sur Combleux une quarantaine de foyers. Si le calife n’est pas un champion de la communication le vizir joue quant à lui de la sensibilité de ses troupes avec virtuosité. L’aversion, les procès d’intention et les méthodes sont devenues telles que les conciliations ne semblent plus guère possibles.

Protection du paysage et nouvelles habitations

90 habitations en supplément des 230 existantes c’est au maximum 39 % de plus et non pas 60% comme allégué par les contestataires.

4 hectares aménagés sur 11 hectares c’est 7 hectares en bord de Loire préservés pour la nature, la biodiversité, la promenade.

L’ancien restaurant d’entreprise d’IBM en front de Loire cl GP

L’implantation des maisons à construire est en cours d’étude pour préserver le paysage actuel des rives de Loire, paysage bénéficiant du label Unesco. Ce paysage intègre déjà en front de Loire, l’ancien restaurant du personnel d’IBM, dont la destruction n’est pas envisageable. Un projet porté par l’association combleusienne l’Escale, esquisse opportunément la réhabilitation du bâtiment en un tiers lieux consacré à la culture, à la Loire et à la nature, valorisation d’un patrimoine architectural qu’il convient aussi de prendre en compte !

Dans son argumentaire, le vizir laisse entendre que l’urbanisation pour seulement 40 habitations individuelles permettrait de rembourser la dette. Cette contre hypothèse ne précise pourtant pas sur la base de quel programme d’aménagement, à quel prix des terrains, avec quels services et quel financement.

La démocratie locale semble toucher ici sa limite et la défense d’un entre-soi ne peut suffire à justifier des solutions irréalistes. Si le débat doit enrichir la recherche pragmatique de solutions, celles-ci ne peuvent faire l’économie de l’expertise.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Combleux toujours en révolte contre un projet immobilier en bord de Loire

Commentaires

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  1. Cet article est bourré d’informations inexactes ainsi que des silences qui démontrent que vos sources vous ont induit en erreur. Si vous voulez faire un reportage complet, pouvez vous interroger toutes les parties en cause sur ce dossier. Merci et cdlt .

  2. Il y a une vingtaine d’années, dans un autre village de l’Agglo d’Orléans (elle n’était pas encore Métropole), les mêmes causes produisirent les mêmes effets. Là-bas, il n’était question que de construire 14 logements. C’est peu ! Mais il s’agissait de logements sociaux dans une commune qui n’en comportait aucun à l’époque, et qui était la seule de l’Agglo dans ce cas. Même Combleux en avait !
    Les plus folles rumeurs parcoururent le village, le Maire ne voulait-il pas déplacer l’église qu’on tenta de faire classer aux Monuments historiques (pour qu’elle ne soit pas déplacée), on avait rencontré le député (aujourd’hui décédé) avec quelques mensonges à la clé. On alerta le Préfet, la presse nationale, les tracts pleuvaient sur le village. Les élus municipaux pouvaient expliquer le projet, rien ne pouvait faire entendre raison aux opposants.
    Finalement, le Conseil municipal a tenu bon, les logements sociaux virent le jour, bientôt rejoints par d’autres, à la grande satisfaction des familles qui les occupèrent.
    Les deux situations possèdent quelques points communs, des différences aussi, mais « l’entre-soi » est quelque chose de profondément malsain.

  3. L’entre-soi n’est pas le problème. Comment une commune de 500 habitants pourrait absorber 270 nouveaux habitants d’un coup sans construire de nouvelles infrastructures (écoles, crèche, aménagements routiers…) et embaucher du personnel municipal pour offrir les services administratifs de base en plus de l’entretien et de l’aménagement des 7 hectares qui seront, d’après vos supputations, rétrocédés à la commune. Aucune étude d’impact financier n’a été faite par les élus ! La dette de la commune va s’envoler!

  4. Cet article à charge a été écrit sur commande de l’association l’Escale et de certains conseillers municipaux de Combleux intéressés par le projet immobilier et la réhabilitation de l’ancien restaurant IBM. Ce dossier révèle de nombreux conflits d’intérêts et de petits arrangements entre amis, un entre-soi sur le dos des Combleusiens et d’un site naturel magnifique livré à un promoteur peu scrupuleux de préserver cet espace naturel. Les nombreuses inexactitudes présentes dans cet article justifient un droit de réponse et suscitent des interrogations quant à la déontologie du journaliste. Magcentre nous avait habitué à mieux…

  5. S’agissant d’urbanisme et “d’entre soi”, Monsieur Voisin n’a probablement pas les tenants et les aboutissants de ce dossier, vu sa vision à charge. Quant au fait de prendre les gens pour des “pommes” et de donner à entendre que tout se résume entre une bagarre entre deux hommes, c’est avoir une bien piètre opinion des habitants de Combleux.

    Le site naturel ne s’est pas dégradé depuis l’an 2000 comme indiqué, il est facile d’en faire le constat. Il s’est au contraire bonifié, ce que l’association souhaite préserver et valoriser.
    Les dix hectares dont il est question ne sont pas précisément en bord de Loire, mais en bord de canal et de Bionne. Il n’y a qu’une petite façade depuis laquelle la Loire est visible si l’on supprime les arbres (comme déjà amorcé) et bâti des logements ayant au moins un étage (propositions de 3 immeubles en front de Loire par le groupe Réalités).
    Résumer en indiquant que la charge de la dette (4 millions d’euros) représente 20 000 € par foyer sans autre explication que celle mentionnée est très cavalier. Ce n’est pas en soi une dette abyssale à l’échelle de la métropole. Il n’y a pas de raison d’agiter un tel pompon sinon de chercher à faire peur. Combleux dispose de biens dont la valeur est bien supérieure à celle-ci, ne serait-ce qu’au travers des 10 hectares anciennement occupés par IBM.
    Le Plan local d’urbanisme va être modifié pour permettre la construction de 90 logements, c’est là la pierre d’achoppement. Cela pose nombre de questions auxquelles il n’a pas été apporté de réponses concrètes car cela équivaut à une augmentation de plus de 50 % de la population avec à la clé par exemple des problèmes d’école, de voirie… Les membres de l’association ne sont pas contre le développement de Combleux. Il suffit de regarder les résultats des derniers recensements pour voir concrètement ce qu’il en est. Ils souhaitent simplement que cela se fasse à un rythme plus en rapport avec les capacités et réalités de la commune.
    L’association ne compte pas 40 foyers sympathisants ainsi qu’énoncé. Il ne fait pas de doute que M. Voisin est mal renseigné car, s’il l’était, il aurait connaissance qu’une procédure a été engagée par la mairie pour museler l’opposition exprimée par des banderoles et panneaux. Les habitants qui les ont apposés ont reçu par lettre recommandée un avis leur demandant de les retirer. Constat d’huissier a été fait et ils ont 5 jours pour le faire sinon ils seront sujet à une contrainte (amende) de 234 € par jour. M. Voisin ignore que rien que dans le recommandé en question 50 adresses sont mentionnées, ce qui est peu par rapport à la réalité des opposants. Ces panneaux bien visibles dérangent car ils montrent aux yeux de tous que ce n’est pas une minorité de Combleusiens qui demande à discuter d’un projet dont ils veulent ajuster le contenu. Plus il y a de panneaux de visibles, comme cela était le cas ces derniers mois avant les intimidations qui ont été faites de façon récurrente, plus la légitimité de cette demande est visible.
    M. Voisin se trompe lorsqu’il évoque une volonté de non-concertation de la part de l’association. Si on en est là aujourd’hui c’est bien parce que la mairie a refusé tout dialogue depuis l’évocation de ce projet et de donner les informations s’y rapportant. Si cela avait été le cas, nous n’en serions pas là. Le maire de Combleux veut bien le cas échéant discuter, mais par avocat interposé ! C’est, convenons-en, une bien curieuse façon de vouloir ouvrir le dialogue. Depuis le départ, la mairie n’a jamais joué la carte d’un dialogue sincère et véritable. La réalité est que “le calife” est resté malheureusement droit dans ses bottes.
    Dans sa conclusion M. Voisin (qui n’est pas Combleusien) donne à entendre que ce qui est avancé en première analyse par l’association pour régler la facture des travaux de désamiantage des anciens bâtiments d’IBM serait irréaliste. Un propos étonnant vu la valeur des terrains au m2 à Combleux, mais nous n’insisterons pas plus pour démontrer que tout est une question de bonne foi. A priori, les sources très partiales et probablement intéressées de M. Voisin ne lui ont pas permis d’exceller en la matière.

  6. Ce monsieur Voisin (auteur de l’article) vendrait-il son âme au diable pour espérer une part de gâteau ?
    Il est aisé de comprendre à quel “entre-soi” il appartient.

  7. Décidément beaucoup d’inexactitudes dans ce billet. L’entre-soi est plutôt à mettre du côté d’un architecte, des membres de l’association l’Escale pour la plupart n’habitant pas Combleux, et des conseillers municipaux ou leur conjoints ayant des intérêts en commun dans ce projet. Sans parler d’un maire qui refuse toute concertation avec les Combleusiens (pour un projet qui va faire augmenter de 60% la population) ou son refus de communication des éléments du dossier et qui de surcroît cherche à intimider les Combleusiens en les menaçant de procès-verbaux. Contrairement à ce que vous insinuez Monsieur Voisin, les opposants au projet Réalités sont majoritaires à Combleux : le projet retenu par la mairie lors de sa présentation en mai 2023 n’a retenu que 3% des suffrages des Combleusiens. Nous avons un maire qui emploie des méthodes d’intimidations et cherche à faire taire toute forme d’opposition. La prochaine fois il serait plus honnête Monsieur Voisin de prendre la peine de venir à Combleux et d’interroger les habitants sur ce qu’ils pensent vraiment de ce projet et de cette municipalité.

  8. Ce billet volontairement à charge et signé par une personne qui ne donne pas sa fonction, ce qui laisse libre cours à toutes les supputations possibles et notamment à celle-ci : s’agirait-il d’un architecte lié à des projets à Combleux en lien avec la municipalité par exemple ? est en plus mensonger sur de nombreux points.
    Le dénigrement est un outil régulièrement employé pour décourager les associations, les personnes engagées sincèrement dans des combats qu’ils pensent justes. La moindre des choses serait de les respecter en n’utilisant pas ce genre de méthode.
    Soutien plein et entier aux très très nombreux combleusien-ne-s qui refusent ce projet et à l’Association qui porte leur combat.

  9. Je ne vais pas me prononcer sur le fond du dossier que je ne connais pas mais il me parait utile de souligner qu’une telle opération immobilière ne relève pas de l’appréciation d’un entre-soi des habitants de Combleux. Ce site naturel appartient aussi à tous ceux, nombreux, qui viennent s’y promener et en apprécient la beauté. De la même manière que sans habiter le centre ancien d’Orléans, j’aime m’y promener et me sens personnellement concerné par ce qui peut s’y passer. De ce fait, le devenir du site de Combleux devrait véritablement relever d’une compétence métropolitaine en prenant en considération l’environnement sans se contraindre avec la seule problématique économique et financière du dossier présentée dans cet article.

  10. J’ajouterai, mais l’observation dépasse ce seul site, qu’il est assez immoral que les industriels abandonnent des hectares de terrain en faisant peser sur les acquéreurs et futurs utilisateurs, le coût de la dépollution. C’est me semble-t-il le coeur du problème posé à Combleux, on construit des logements que personne ne semble vraiment souhaiter pour financer la dépollution.

  11. La toute dernière intervention est d’une grande lucidité, du problème de fond, d’un tel dossier.

    La dépollution d’un site industriel, financé sur la valorisation immobilière rendue constructible, d’un espace dont ce n’était pas la destination.

    Il est surtout là, le problème de fond à se poser. Qui aurait dû financer la réhabilitation du site ?

    Après les querelles internes, les partisans du “on veut rester tranquille entre nous” à contrario des autres qui souhaitent faire évoluer le décors local, pour de bonnes et moins bonnes raisons, …

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