Le blues en Sologne récompensé

La maison du Blues, à Châtres-sur-Cher, s‘est vue remettre un Keeping the Blues Alive Award par la Blues Foundation. Depuis 1981, ce n’est que la dixième fois que des représentants du blues version hexagonale reçoivent cette récompense. Pour Jacques et Anne-Marie Garcia, les initiateurs du projet, les mots ne sont peut-être jamais les mêmes mais cela va bien au-delà de la musique qu’ils aiment.

Toute l’histoire du blues, et ses différents styles, s’affichent sur les murs du musée de Châtres-sur-Cher. Photo FS


Par Fabrice Simoes

Même si on chantait Old man river à tue-tête durant des décennies, le Cher, la rivière, ne pourra jamais rivaliser avec le Mississippi. Même si on empilait les pédalos de la base de loisirs locale, ils ne pourront jamais rivaliser avec les roues à aubes d’un Steamboat de La Nouvelle-Orléans. Même si on trouve encore des écrevisses dans le canal de Berry elles ne pourront jamais rivaliser avec celles du bayou. Et comme on n’a jamais cultivé le coton dans les plaines de Sologne, il n’existe aucune raison valable pour que le village de Châtres-sur-Cher devienne un bastion inextricable du blues européen. Et pourtant…

C’est à l’occasion de la venue, pour quatre concerts à guichets fermés, du bluesman Bobby Rush, parrain et président d’honneur du Musée européen du Blues, qu’Anne-Marie et Jacques Garcia ont présenté leur Keeping the Blues Alive Award. A la mi-janvier dernier, le couple, créateurs du musée et de la fondation du blues, se sont rendus à Memphis pour recevoir cette récompense. Ce trophée remis par la Blues Foundation vient récompenser l’engagement et l’énorme travail du couple. De tous les bénévoles qui les entourent aussi. « En arrivant à Châtres-sur-Cher, nous ne connaissions personne et nous avons trouvé des gens super qui sont devenus des bénévoles extraordinaires », expliquait Anne-Marie Garcia dans son discours de remerciement.

Bobby Rush, 90 balais, est venu marquer le coup en compagnie de Mizz Lowe. Photo FS


Par amitié pour les fondateurs du musée solognot ouvert en 2017, Bobby Rush, ses 90 balais, son harmonica et ses guitares, sa choriste et chanteuse Mizz Lowe, avaient accepté de venir en France juste avec l’envie de découvrir le Musée et ses dernières transformations réalisées au printemps 2023. Il a profité de l’occasion pour présenter son dernier album “All my love for you” à l’occasion de quatre soirées événements, toutes à guichets fermés, dans la salle de concert de la maison du blues. Pour ce nouvel opus, il vient de se voir attribuer un Grammy Awards dans la catégorie Meilleur album de Blues Traditionnel.

« Le blues, c’est ma vie… »

Le Blues est aux Etats Unis d’Amérique ce que peut être le Fado au Portugal, une musique d’identification culturelle. Cependant, comme tout humain est aussi capable de gratter sur une douze cordes portugaise que sur une Fender, on peut aimer le fromage, manger du saucisson ou porter un béret, acheter des baguettes et adhérer quand même. Pour Black Jack Garcia (Jacques) c’est le cas. Et d’embarquer son épouse dans l’aventure parce que, dans son jukebox intérieur, “I Can’t Quit You Baby” passe en boucle. On ne sait pas si c’est la version Led Zeppelin plutôt que celle d’Otis Rush qui est privilégiée. « Le blues, c’est ma vie, et c’est devenu aussi la vie d’Anne-Marie à partir de 1988 », ne manque-t-il pas de rappeler.

Depuis sa création, pratiquement chaque week-end, avec une programmation internationale, la maison du blues accueille des concerts qui sont autant de moments privilégiés que de rendez-vous immanquables pour les aficionados. Châtres-sur-Cher passage obligé de la planète blues, ce n’était pas gagné d’avance mais ça marche… Surtout, l’endroit est atypique, sans aucun salarié. La structure fonctionne exclusivement avec une équipe entièrement bénévole.

  

Quant au musée, le couple explique avoir créé « ce lieu en France pour que soit protégé, sauvegardé et diffusé le blues, notamment auprès des jeunes générations » à travers des opérations envers les scolaires et les étudiants. Les choix scénographiques plaisent aux visiteurs. Le blues, construit sur les bases de la fin de l’esclavage, des luttes pour les droits civiques, de l’égalité et de la lutte contre le racisme, est mis en lumière à travers chaque pièce exposée. Les salles sont évolutives. De nouvelles trouvailles sont ainsi régulièrement ajoutées dans les différentes vitrines. « Chaque pièce exposée dans le musée est en lien avec une histoire, une rencontre », souligne Anne-Marie.

A Châtres-sur-Cher, on n’attend pas un éventuel “Cross road blues” avant de suivre son chemin. Le musée n’est pas figé dans ses salles dédiées. Il diffuse déjà dans l’air solognot…

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Commentaires

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  1. Merci de cet article, ça donne vraiment envie d’y aller même si on a le blues!

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