Au temple de Fluxus, de Dada et du Surréalisme, l’exposition « Le peuple qui vient » a été inaugurée le 16 mars dernier à Blois. L’artiste, Benoit Huot, provoque, avec les 30 œuvres installées, l’étonnement et la jubilation.
© la Fondation du Doute
Par Jean Marc Dumas
Les animaux empaillés richement habillés y suivent du regard les visiteurs. Ici les morts vous côtoient dans la lumière de leur parement. Les grimaces alternent avec la noblesse des postures. Les maîtres des lieux, Ben, John Cage, Georges Muciunas, Robert Filliou, Yoko Ono, la cinquantaine de pensionnaires exposés à la Fondation du Doute, vont probablement regarder ces nouveaux venus avec délectation.
Marc Gricourt, maire de Blois et vice-président du Conseil régional a débuté l’inauguration devant une bonne centaine de visiteurs. L’exercice, bon enfant, a commencé par des discours, comme il se doit. Le maire, a félicité Gilles Rion, pour son action depuis son arrivée comme directeur de la Fondation du Doute.
Fabienne Quinet / Marc Gricourt / Gilles Rion / Benoit Huot / © magcentre
Gilles Rion a raconté son immersion dans la structure et sa rencontre avec l’artiste : « Apparu sur le devant de la scène au début des années 2010, l’artiste Benoit Huot est l’auteur d’une œuvre singulière, étrange et inclassable, à contre-courant des tendances, des chapelles et des catégories dans lesquelles notre modernité ne cesse de se réfugier, le monde de l’art en tête. »
Benoit Huot, à son tour au micro, nous invite à la rencontre de ses personnages. CHIEN, SPHYNX, ATOUM et CERF DE SAINT HUBERT parmi les trente sculptures, nous interpellent doublement. D’une part les animaux taxidermisés nous relient à la mort et à l’immuabilité. D’autre part leur fière stature savamment ornée entraine notre imagination vers une possible euphorie céleste.
Cerf de Saint Hubert © Benoit Huot, Gray, 2024 – Photo : Yves Petit
La mort est ici contredite par les regards, les yeux « vivants » des animaux et par les habillages luxueux de passementeries extraordinaires. Les cordons, franges, liserés, rubans, glands, pompons, torses guipés, méchés, guimpes, brandebourgs et galons torsadés forment pour chacun un vêtement d’apparat ouvrant les portes de grandes cérémonies.
L’animal empaillé est quelquefois posé au salon à côté de la vieille télé. Il est exposé comme trophée chez le chasseur. Le collectionneur lui dédit une pièce. Les muséums l’exposent de façon pédagogique.
Le voilà introduit, en tant qu’œuvre artistique, à la Fondation du Doute. N’est ce pas justement cette marginalité qui fait qu’il a toute sa place ici ?