Alerte, les écoles d’Art en danger !

Alors que plusieurs écoles d’art sont menacées de fermeture pour cause de faillite financière, la ministre de la Culture a déclaré que l’État ne compenserait pas leur situation en cas de retrait des collectivités. Si aucune des écoles de la Région n’est directement menacée, une élue et un ancien élu d’Orléans alertent néanmoins sur la menace qui pèse sur ces établissements d’enseignement.

L’ESAD de Valenciennes menacée de fermeture en 2025


[Tribune]

L’enseignement supérieur de l’Art ne doit pas être, lui aussi, une variable d’ajustement budgétaire des politiques publiques.

Aujourd’hui 33 des 99 écoles territoriales d’enseignement artistique – les E.S.A.D – sont en situation de crise : Madame la ministre de la Culture, vouloir les fermer ne sera pas la solution !

Alors qu’il y a moins d’un an son ministère a confié à Monsieur Pierre Oudart – directeur général de l’Institut national supérieur d’enseignement artistique Marseille Méditerranée (INSEAMM) – un rapport sur les difficultés de ces établissements.

Alors que ce rapport, publié le 9 octobre sur le site du ministère, contient des préconisations judicieuses permettant de “définir une feuille de route commune aux différentes parties prenantes (État, collectivités, établissements) qui donne à l’échelon déconcentré des services de l’État un rôle stratégique”, Madame Dati, lors de son audition devant la commission Culture de l’Assemblée Nationale le 19 mars dernier, a exprimé son souhait de “faire des coupes franches” de ce qu’elle a qualifié de “jungle des écoles”.

Nous sommes inquiets par ces propos ministériels qui témoignent d’une méconnaissance totale des missions remplies par ces établissements.

Nous sommes inquiets car les conditions d’accès dans l’enseignement supérieur Culture sont déjà loin d’être assurées pour tous.

Nous sommes inquiets car les déclarations de la ministre succèdent à d’autres déclarations telles qu’une réforme des classes préparatoires publiques, ou une injonction à généraliser l’alternance dans l’enseignement supérieur Culture, voire une réforme de la validation des acquis de l’expérience et même une réforme des cursus et des diplômes.

Tout cela n’apporte en aucun cas des réponses sur le financement de ces écoles et la participation équitable et équilibrée de l’État et des diverses collectivités, indispensables au fonctionnement de ces écoles.

Il faut défendre l’accès à chacune d’entre elles, quels que soient leur taille, leurs effectifs ou leur situation géographique. Il en va du rayonnement de la Culture et de l’art dans notre pays.

Ghislaine Kounowski – Conseillère Municipale et Métropolitaine d’Orléans – P.S

Daniel Richard – Ancien conseiller municipal d’Orléans – P.S

Commentaires

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  1. Signe des temps il faut trouver de l’argent et étriller les manants … qui peut se permettre « les beaux arts à Paris » Ces écoles sont indispensables pour celles et ceux qui n’ont pas les moyens de se payer une école prestigieuse.

  2. Une précision sur les classes préparatoires, celles des écoles supérieures souvent municipales sont payantes. Depuis le début des années 2010, sous l’impulsion des deus inspecteurs généraux d’arts plastiques qui se sont succédés, des classes préparatoires (CPES-CAAP) ont été implantées dans des lycées publics, elles sont entièrement gratuites. Dans la région, une CPES-CAAP a été créée en 2015 au lycée Alain-Fournier à Bourges avec la collaboration de l’école Nationale Supérieure d’Art de la ville, la seule de la Région.

  3. C’est dommage de cibler et d’attaquer ainsi les classes préparatoires publiques, agrées par le ministère de la culture : si les conditions de leur existence (financement par les collectivités territoriales) ne permet pas une gratuité totale de leur formation (de la même manière que les écoles d’enseignement supérieur artistique territoriale d’ailleurs – qui dispensent les mêmes diplômes que les écoles supérieures nationales), elles proposent souvent des tarifs préférentiels pour les étudiants boursiers. Leurs tarifs sont généralement très peu onéreux en comparaison des écoles privées, et largement proportionnées à leur moyen d’action : mises à disposition d’ateliers, de matériaux, espaces de travail importants… bien supérieur à ceux des écoles privés. Très intégrées au réseau des écoles supérieures, leurs capacités à orienter et accompagner leurs étudiants dans les concours des écoles est largement reconnues, par l’ensemble des organismes les évaluants. Notons également que les classes prépas du ministère de la culture ne font pas une sélection sur un dossier scolaire, dont on sait qu’il manque parfois de pertinence pour témoigner des qualités et des profils de futurs étudiants en école d’art. Nous sommes tous heureux, je crois, qu’il existe une offre plurielle publique pour préparer aux écoles d’arts, et qui se distingue d’une offre privée onéreuse et pas forcément qualitative. Peut-être qu’il pourrait être pertinent que l’ensemble des acteurs qui défendent ces formations arrêtent de se faire concurrence?

  4. Co-rédacteur de cette tribune je me dois de préciser que nous avons fait simplement une très courte analyse de la situation. Les commentaires déjà postés la complètent fort bien.
    Je ne peux qu’inciter les lecteurs de notre tribune, qui souhaite en savoir plus, à lire le rapport Oudart -disponible sur le site culture.gouv.fr- dont les recommandations sont très instructives.

    Lien direct : https://www.culture.gouv.fr/content/download/336297/6026806?v=7

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