Akagera : Traverse, un cd et un concert

Groupe orléanais qui a pris le nom d’un parc national africain du Rwanda déjà chanté par Henri Texier et ses amis, Akagera mûrit et sort un deuxième cd, Traverse. Ils affinent leur son bien particulier avec des compos collectives et deux reprises. Un magnifique ouvrage qu’ils viennent présenter à l’Orléans Jazz Club samedi 6 avril.

Akagera au studio de l’Ermitage en 2019. Capture de film Studio Ermitage.



Par Bernard Cassat


Ils jouaient déjà ensemble quand ils étaient p’tits. Ils continuent encore maintenant, mais dans la cour des grands. Ils, c’est David Georgelet, infatigable voyageur dans les rythmes divers, souvent africains car il remonte aux sources. C’est Benoit Lavollée, le plus sage du trio, sauf parfois quand il frappe son vibraphone jusqu’à lui faire sortir sa substantifique moelle. Et c’est Stéphane Montigny. Quand il ne hurle pas avec les Groov’Bones ou ne parcourt pas l’Amérique du Sud avec des groupes post punk locaux, il fait pleurer son trombone au sein d’Akagera, ce groupe qu’ils ont tous trois formé il y a plusieurs années. Ils avaient sorti en octobre 2019 un premier ouvrage, Serpente, qu’ils avaient tourné et qui avait fait du bruit.

Deux reprises de grands maîtres

Et aujourd’hui, c’est Traverse. Un enregistrement de neuf compos du groupe, sauf Lonnie’s Lament, thème de Coltrane qu’ils ralentissent, le vibraphone installant à la fois la mesure et la mélodie, magnifique petite ritournelle que le trombone fait gonfler. Sauf également une reprise du Goodbye Pork Pie Hat de Monk, dont ils donnent une version qui prend petit à petit son ampleur, avec un vibraphone presqu’obsessionnel et un trombone qui cabotine avec les éléments de la composition. Mais ces deux reprises sont en plein dans le son du groupe, cet équilibre qu’ils ont trouvé entre mélodie et rythme, entre légèreté et puissance, entre les sons longs du trombone et les piqués du vibraphone, comme dans Traverse, ce morceau qui donne son titre à tout le cd. Un coquillage soufflé par Stéphane étire les premières mesures comme une corne de brume, le vibraphone matérialise le thème quand il prend la main. Et le jeu est lancé, la batterie donne de la profondeur. En quelques mesures, on est au cœur du son Akagera, surtout quand le trombone prend le relais du coquillage. Une balade qui serpente tranquillement dans le rythme. Mais dans Rococo, par exemple, c’est l’inverse. La rythmique démarre et le trombone s’élance sur ce repère pour développer sa partie, accélérant, ralentissant, provoquant le vibraphone qui s’amuse autour des notes. Un beau jeu à trois. Qui implique une grande précision, comme le vibraphone dans Tony par exemple, sautillant et hyper rapide, repris ensuite par le souffle et scandé par la batterie tout au long.

Un ami poète invité sur une plage ventée

Ils avaient déjà trouvé leur son avec leur premier opus. Mais là, ils le peaufinent, autour du morceau de Monk qui donne vraiment à ce cd une atmosphère d’ensemble, une couleur particulière. Une plage invite l’ami Arnaud Roy à dire-chanter son poème l’Air, qui glisse dans ses mots comme dans les instruments pour lui donner de l’allure. L’alternance de morceaux lents et profonds, comme la version de Coltrane, et de plages sautillantes et enlevées (Tony, Fauve) élargit la palette des sensations, et met en exergue les possibilités des trois instruments. Le vibraphone qui peut être enfantin avec un côté merveilleux, le trombone qui permet des pointes légères soulignant les autres instruments ou de longs souffles qui se meuvent au cœur de la mélodie, et la batterie de David, pleine d’inventions discrètes, de roulements entrainant le jeu. D’ailleurs, la répartition combo rythmique face à la mélodie n’existe plus vraiment. Tous les instruments sont tout à la fois, et ça fait partie de la réussite de ce groupe et de leur originalité. Leur grande proximité y fait aussi pour beaucoup. Et la qualité de chacun, cela va sans dire. Ils jouent vraiment dans la cour des grands et c’est un vrai plaisir.

Pour fêter la sortie de ce nouvel enregistrement, Akagera sera à Orléans Jazz Club samedi 6 avril.

Trois sets dans la soirée.

Pour réserver, c’est ici

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Commentaires

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  1. Bonjour,
    Suis curieux de découvrir ce groupe que je ne connais pas. Par ailleurs il me semble que le morceau « Good by pork pie hat » n’est pas de Monk mais de Charlie Mingus, un morceau hommage à Lester Young.

Les commentaires pour cet article sont clos.

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