Duralex : l’icône du verre français en péril

Duralex, entreprise à l’origine du célèbre verre de cantine, vient de demander « l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire ». Impacté par la crise énergétique, le verrier loirétain cherche désespérément un repreneur. Un nouveau coup dur pour l’industrie régionale.



Par Mael Petit


« Duralex sed lex ! » La société de fabrication de l’emblématique verre de table est rattrapée par son passé. Une tuile dont se serait bien passé le gouvernement qui place la réindustrialisation au cœur de sa stratégie pour « renforcer l’indépendance du pays ». C’est une des grandes priorités du double quinquennat Macron pour « préparer la France de demain ». Mais une stratégie régulièrement freinée malgré la volonté de faire de ce secteur un des poumons de l’économie du pays. Et cette fois c’est Duralex, fleuron industriel de la région Centre-Val de Loire, qui trinque.

L’annonce de la demande d’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire par la fabrique loirétaine souligne les difficultés auxquelles est confronté le secteur industriel. Basé près d’Orléans, Duralex emploie actuellement 230 personnes dans son usine historique de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret). Les difficultés rencontrées ne datent pas d’hier pour le géant du verre, mais la chute s’est véritablement accélérée depuis la crise énergétique de 2022, qui a entraîné une flambée des prix du gaz et a forcé l’entreprise à fermer temporairement son site de production. Malgré un prêt de l’État de 15 millions d’euros et des efforts pour relancer la production après cinq mois d’arrêt, Duralex a continué à rencontrer des difficultés, notamment en raison de l’inflation, d’une baisse de la consommation et « d’une concurrence accrue », selon la société.

Une dette carbone de 840 000 euros

La situation a empiré avec une décision du tribunal administratif d’Orléans concernant les droits à polluer de l’ancien propriétaire de Duralex. Ce jugement, rendu mi-mars, a statué que la société New Duralex International (NDI), exploitante de la marque, était « redevable des quotas dus par l’ancien exploitant », soit une ardoise de plus de 840 000 euros. Cette décision a sérieusement compromis la santé financière de Duralex et sa capacité à maintenir ses activités de manière durable.

Du côté des salariés, un sentiment de désarroi prédomine comme l’explique François Dufranne, délégué syndical CGT, qui assure que « personne ne s’attendait » à ce rebondissement alors qu’il y a quelques semaines encore, « on nous faisait une présentation des objectifs, des produits qu’on allait développer… ». Après la liquidation judiciaire de 2020 et le sauvetage inespéré par la Maison française du verre qui avait mis sur la table 3,5 millions d’euros, les salariés, désabusés, ont comme l’impression de revivre le même cauchemar.

L’État à nouveau à la rescousse ?

Aujourd’hui, le verrier recherche activement un repreneur dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire. Du côté de Bercy, Roland Lescure, qui s’était rendu tout sourire il y a un an sur le site pour rallumer les fours, s’est empressé de réagir en assurant « mettre tout en œuvre pour essayer de faire émerger des solutions de reprise » tout en comptant « sur les acteurs du territoire pour se mobiliser à nos côtés dans cette recherche ».

Un appel à l’aide suivi d’un flot de réactions du côté des acteurs locaux, à commencer par la Métropole d’Orléans et son président Serge Grouard qui fait part de « sa consternation » pour un « fleuron industriel qui incarne le savoir-faire français ». Le président d’Orléans Métropole assure se tenir « aux côtés de l’entreprise et ses salariés afin de trouver toute solution permettant de pérenniser l’activité et les emplois ».

Même son d’inquiétude pour la Région Centre-Val de Loire qui assure « se mobiliser aux côtés de l’État et de l’ensemble des acteurs pour trouver un repreneur et préserver l’identité industrielle du territoire ». « La réindustrialisation c’est d’abord le développement des sites historiques, c’est d’abord le soutien aux productions made in France, c’est d’abord le maintien des emplois existants. Il n’y aura pas d’industrie verte s’il n’y a plus d’industrie. Nous ne décarbonerons pas les verriers si nous n’avons plus de verriers », alerte la Région.

Ce nouveau coup dur pour l’industrie régionale affiche les fragilités de la réindustrialisation dans un contexte inflationniste, doublé d’une crise énergétique qui fait encore des dégâts. En 2022 Duralex avait bénéficié de la politique du “quoi qu’il en coûte” pour sortir la tête de l’eau. Deux ans plus tard pas certain qu’on emprunte le même chemin.

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Commentaires

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  1. Depuis que Saint-Gobain a abandonné l’activité gobeletterie et vendu par conséquence ,le site Duralex de La Chapelle à des repreneurs tous aussi défaillants les uns que les autres, celui-ci va de mal-en-pis.
    Pyrex , le dernier en date devait sauver l’entreprise avec force coups de clairons et trompettes mais malheureusement après une embellie, une nouvelle liquidation judiciaire est en vue suite à une grosse amende occasionnée par le repreneur précédent.

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