La Box expose le rock à Bourges

L’exposition « We Can Turn the World Around » est désormais ouverte à La Box, à Bourges. Elle associe le travail d’Alain Dister et celui des étudiants de l’ENSA. Un véritable regard qui part du célèbre “rock critic” de cette génération boomers, qui rejette la tutelle musicale de Michel Sardou et Marcel Amont, et se poursuit par une vision actuelle de « ce qui compte encore dans les cultures à la marge ».

Hippies chics à boucles d’oreilles, New York, 1966. © Association Alain Dister – Alain Dister Estate, Paris


Par Fabrice Simoes


Il y avait d’abord Rock&Folk. Il y avait Best, à la suite. Ah, les bonnes feuilles de choux de la culture rock que les gamins s’arrachaient dans le dernier quart du siècle dernier. Dedans, il y avait Philippe Paringaux et il y avait Michel Embarek. Dedans, il y avait Philippe Koechlin et il y avait Alain Dister. Des noms comme ça qui ne disent pas grand-chose à la génération rap. Des noms comme ça qui sont pourtant ceux de témoins privilégiés et attentifs d’une culture en pleine mutation qui demandait à s’épanouir à la fin des années 1960 et au début des seventies. Des noms comme ça…

C’est à l’un de ceux-là, et à ces moments de bouillonnement de société, que l’exposition We Can Turn the World Around est consacrée sur le site de La Box (7, rue Édouard-Branly à Bourges) de l’ENSA (École nationale supérieure d’art de Bourges). Depuis le 19 avril et jusqu’au 9 juin prochain, les photos d’Alain Dister et, en regard, « les réalisations des étudiant·e·s de l’ENSA Bourges sur leurs révoltes, leurs combats, ce qui compte encore dans les cultures à la marge, presque 60 ans après les premières images de Dister », sont associées. Ce « We Can Turn the World Around », une phrase tirée de « People have the Power » de Patti Smith, retrouve les balbutiements tout autant du Flower Power des sixties, du rock plus ou moins évolutif des seventies, mais aussi les préoccupations du moment. The Times They Are a-Changin’ pourrait encore chanter le gars Zimmerman…

Concert Hubert-Félix Thiéfaine, Rouen, mai 1983 ©Alain Dister (Nég 737-12A)

Documentaliste de l’Amérique du rock

Ce sera « un des temps forts du module du même nom, mené par Éric Aupol et les étudiant·e·s de l’ENSA Bourges en 2023-2024 », assure-t-on du côté de l’école berruyère. Cette exposition, menée à bien par Emilie Flory, commissaire de l’expo, a été réalisée en partenariat avec l’association Alain Dister et l’Alain Dister Estate. Elle retrace une partie de l’aventure des contre-cultures photographiées par un des fondateurs du magazine Rock&Folk, qui déploie une œuvre documentaire saisissante. Photographe et écrivain, Alain Dister a été le témoin privilégié de la culture rock, des années 60 à 2008. Du Summer of Love de San Francisco aux punks japonais des années 1990, on le trouve constamment sur les scènes émergentes. Dister est passé par les riffs de Jimi Hendrix, le trop-plein d’amour de Led Zeppelin, écrit un livre avant le Wall du Pink Floyd de Roger Waters, encensé, avec juste raison, les Mothers of Invention de Frank Zappa. C’est qu’il en a vu des monstres sacrés du Hall of Fame du Rock, cet Alain, reporter légendaire des premières heures de Rock&Folk. Des bouquins, avant de lâcher la rampe en 2008, il en a écrit de nombreux, une trentaine au moins, sur les musiques, les contre-cultures et leurs grandes figures. « Son travail photographique, entre documentaire et création, témoigne d’une approche singulière, à la fois tendre et objective, sur plusieurs générations de la Youth Culture. »

Alain Dister expliquait être fan de l’Amérique parce que c’était son « terrain de chasse favori. Sans doute aussi parce qu’il est plein des musiques que j’ai toujours aimées : le Blues, le Jazz, le Rock ». Non professionnel à ses débuts de photographe, il raconte pourtant, avec ses prises de vues, à travers son regard aussi neuf que cette musique en pleine évolution, les concerts, les rassemblements historiques, mais aussi les groupes backstage. Marqué par la Beat Generation, il a rencontré souvent ses principaux acteurs comme Ginsberg ou Corso. Pendant une cinquantaine d’années, en parcourant cette Amérique du Nord en tous sens, il aura capté au passage les routes, paysages, ambiances, bikers, motels, frontières, graffitis. Il en est même devenu lui-même une icône rock, « l’emblème du rock critic », et a exposé son travail de photographe dans des musées et galeries du monde entier.

Entre deux concerts du Printemps de Bourges, et même après le PdB, en plein foisonnement de projets artistiques pour Bourges Capitale Européenne 2028, voilà bien une exposition qu’il ne faut pas rater.

Pratique : Exposition jusqu’au 9 juin 2024. Entrée libre et gratuite. La Box est ouverte du mercredi au dimanche de 15h à 19h 

Visite de groupes sur réservation 06 07 62 63 38/02 48 69 79 95
la.box@ensa-bourges.fr ou via le formulaire : https://vu.fr/Visite-LaBox

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Bourges capitale européenne de la culture 2028 : une évolution, non, une révolution !

Commentaires

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  1. La tutelle musicale de Marcel Amont (ami de Georges Brassens) ??? Que ne faut-il pas lire… Il est vrai que malgré son patronyme franchouillard, il a tellement fait tort à l’hégémonie musicale anglo-américaine !

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