Le sublime Orléans Concours International déploie ses ailes et ses claviers

C’est parti pour les épreuves du Concours international de piano à Orléans ! Après une première étape à Chicago, les candidats sont attendus toute cette semaine salle de l’Institut pour une série d’auditions. Une 16ᵉ édition à l’accent plus que jamais international.



Par Jean-Dominique Burtin,
Photos : Valérie Thévenot


C’est un trentième anniversaire. Plus que jamais fêté sans frontières. Onze candidats ont déjà été scrupuleusement écoutés à Chicago du 16 au 17 mars, dix autres seront écoutés du 11 au 12 mai à Shanghai par le jury, à savoir, ses deux prestigieux lauréats d’hier, Maroussia Gentet et Wihem Latchoumia. De fait, pour cette 16ᵉ édition d’Orléans Concours International, toujours consacrée à la musique pour piano de 1900 à nos jours, les organisateurs ont reçu 78 candidatures et sélectionné en ligne 45 candidats. Autant artistes d’aujourd’hui à la vision de la musique et au talent sublimes.

À l’écoute des virtuoses de 19 à 36 ans

À présent, à l’Institut d’Orléans, nouvelle étape des épreuves éliminatoires, le jury ainsi que les mélomanes, vont écouter jusqu’au 27 avril vingt-quatre candidats venus des quatre coins du monde. Si les jurés vont garder secrète leur sélection, cette dernière, composée de douze candidats, apparaîtra du 26 au 28 octobre prochains à la salle de l’Institut puis au Théâtre d’Orléans où, proclamée, à l’issue de la finale pour trois derniers candidats jouant notamment, avec l’Ensemble Inter contemporain, se mesureront. Cerise sur le gâteau d’une manifestation hors normes et qui s’inscrit plus que jamais dans le cercle des concours mondiaux. Cette finale de novembre sera suivie d’un concert des lauréats et permettra d’entendre au Théâtre des Bouffes du Nord, à Paris, la création par les trois finalistes de la création « Je suis orage », œuvre de Bastien David, pièce pour trois pianistes et ensemble, à savoir l’Ensemble Inter contemporain, commande du concours.

Les deux jurés Maroussia et Wilhem entourent Isabella Vasilotta à leur arrivée. Photo Valérie Thévenot


Bien qu’inhabituelle pour les Orléanais dans sa formule, cette seizième édition permet d’écouter des virtuoses à couper le souffle, comme hier, en ouverture, à l’Institut, celle de Yeji Jung, jeune pianiste de Corée du Sud interprétant Kurtag, Messiaen, Rebecca Saunders, Prokofiev, Unsuk Chin mais aussi, de Jean-Sébastien Bach, un Caprice en si bémol majeur. Car le concours, lors de ces récitals éliminatoires, OCI a eu la belle idée d’inviter les candidats à interpréter dans leur récital une œuvre de leur cœur, hors période de 1900 à nos jours.

Ouverture du concours avec Yeji Jung (Corée du Sud). Photo Valérie Thévenot

À l’écoute d’un monde musical sans frontières

À Orléans, vont donc se succéder cette semaine depuis hier vingt-quatre candidats (un pianiste polonais s’étant désisté), autant d’artistes jouant leur art et une part de leur vie, nouveaux passagers d’une épreuve des plus rares qui est aussi un souriant festival. Pour témoigner de tout cela, dans les coulisses, les salons de l’Institut le Studio2R italien, de Trieste, véritable laboratoire d’images et de sons spécialisé, a pris place et permet de suivre en direct et en replay sur la chaîne YouTube les récitals orléanais et l’ensemble de cette belle aventure du concours. Ici officient Riccardo Radivo (réalisateur, pianiste et vidéaste) ainsi qu’Andrea Mideo Zorat (ingénieur du son). Palpable est leur souriante et cependant disponible concentration.

Les techniciens italiens image et son. Photo Valérie Thévenot


Grâce à eux, pas une mèche de notes nous échappe. Mais il est aussi un autre acteur de ce concours que l’on ne saurait passer sous silence (même si certains silences, véritables respirations, sont chargées d’émotion). Il s’agit de Pierre Fenouillat, le veilleur, celui qui depuis 2016, veille sur la bonne marche des deux pianos du conservatoire, des Steinway, des modèles de concert destinés à avoir le volume nécessaire pour projeter le son dans les grandes salles.

Le concurrent sud-coréen Dongkyu Leo Kim. Photo Valérie Thévenot


L’un, plus traditionnel ne réclame pas de préparation, mais un autre, plus âgé, datant de 1960 et préparé, va ainsi s’offrir à la présence, dans son corps, à des accessoires, à des objets imposés par les compositeurs, vis, clous, gommettes, etc.

Un accordeur à l’expertise vivante

Sortie de la totalité du clavier par l’accordeur. Photo Valérie Thévenot


Pierre Fenouillat, responsable du piano de l’auditorium de Bordeaux où se produisent aujourd’hui les plus grands. En quelque sorte un interprète qui met son propre son de l’instrument à l’écoute et au service des interprètes. « Il s’agit ici d’un concours très rare car nous nous nous y trouvons au service d’une musique extrême par les nuances, celles du parti-pris des compositeurs et celles des intentions des candidats pour les servir. Ici, de pianissimo à fortissimo, nous sommes sollicités et je n’ai de cesse de découvrir les désirs. »

Comment vivent les pianos sous ces assauts à répétition ? « Ils se désaccordent. Les cordes sont tellement sollicitées qu’elles peuvent se détendre et qu’il me faut alors retrouver l’unisson de l’instrument ».

Pierre Fenouillat est-il pianiste ? Réponse dans un sourire : « J’essaie… Mais le piano lui-même reste mon métier auquel je consacre de très nombreuses heures par jour. Je ne veux pas non plus qu’il soit toute ma vie. Alors je pratique aussi la guitare, la basse, la batterie. Bien entendu je suis un pianiste modeste. Ce qui est nécessaire. »

Quelle est la qualité pour être accordeur ? « Peut-être faut-il non avoir seulement une oreille absolue mais une oreille musicale, celle qui permet de trouver le vivant, la sensibilité musicale que désire l’interprète. »

Quel est le grand risque lors du concours ? « Il s’agit de la casse d’une pièce mécanique mais aussi de la rupture d’une corde filée de basse avec une âme en acier entourée d’un fil de cuivre. Ces cordes sont tournées et, alors là, il faut les commander… »

Comment se comportent les artistes avec l’accordeur ? Avec Arcadi Volodos, cela peut simplement demander trois heures d’échange, à peaufiner la matière même de l’instrument pour que cela lui permette d’exprimer ce qu’il a dans la tête. Pour d’autres, tout est immédiat et ils s’adaptent. Ensuite, chaque accordeur cherche à donner le son qu’il a dans la tête. À Orléans je suis ravi d’être là, l’équipe est superbe, un véritable sourire même s’il fait froid dehors ».

Tout le programme du concours :  oci-piano.com

Hommage à Françoise Thinat, fondatrice

Isabella Vasilotta, directrice artistique : «  En 1994, il y a trente ans, Françoise Thinat réalisait d’offrir son rêve d’offrir à Orléans une grande manifestation pianistique internationale consacrée à la musique nouvelle et au répertoire du début du XXe siècle. En 2024, pour raccourcir les distances avec nos candidats et pour exporter notre répertoire et savoir faire, la seizième édition se déroule en collaboration avec deux prestigieuses institutions à l’autre bout du monde, le Roosevelt University à Chicago College of Pergorming Acts  et le Shanghai Conservatory of music Comme toujours, le concours qui fête cette année son trentième anniversaire vous propose les grands pianistes d’aujourd’hui et de demain à la découverte de nouveaux sons ».

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