2024, année charnière pour le rassemblement évangélique de Nevoy ?

L’espace d’une dizaine de jours, du 27 avril au 5 mai, Nevoy devient la 2ᵉ ville la plus peuplée du Loiret. Avec une affluence sans précédent, l’édition du printemps 2023 du rassemblement évangélique tzigane, qui se tient chaque année près de Gien, avait laissé un souvenir cuisant. L’édition 2024 est scrutée et fait l’objet de mesures exceptionnelles de la part de l’État.

Représentants de l’État, élus, gendarmes, CCI, ont présenté à Nevoy les mesures prises pour encadrer le rassemblement 2024 de l’association Vie et Lumière – photo Izabel Tognarelli


Par Izabel Tognarelli

En août 2023, nous avions quitté Jean-François Darmois, maire de Nevoy, le front soucieux, la mine assombrie par quantité de soucis. Alors que les pèlerins ont commencé à affluer dès le début de cette semaine, le maire de ce village d’un millier d’habitants paraissait beaucoup moins accablé. Dans l’intervalle, il a été reçu en compagnie de Francis Cammal, maire de Gien et d’une délégation, par le directeur de cabinet de Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur. Les élus en sont sortis avec le sentiment d’être entendus : « Ça fait un an qu’on ne lâche pas ; on a vécu quelque chose d’assez dur. On essaie de maîtriser ce rassemblement, je pense qu’on y arrive doucement », confiait le maire de Nevoy.

Battre en brèche la tentative de récupération politique

Sentiment visiblement partagé par Francis Cammal, maire de Gien, qui garde lui aussi le souvenir cuisant des débordements de l’édition du printemps 2023. Le chiffre de plus de 40 000 participants avait été avancé : « Même si d’aucuns considèrent que ces chiffres sont exagérés : je peux vous assurer que, pour y être allés très régulièrement avec Jean-François Darmois, le lieutenant-colonel Cherigui (à la tête de la compagnie de gendarmerie du Giennois, NDLR) et le sous-préfet Régis Castro, nous étions bien au-delà des 40 000 personnes », assure Francis Cammal. Il ajoute : « Il ne faut surtout pas que ce rassemblement soit l’occasion d’une récupération politique et de faire un fonds de commerce des difficultés que l’on rencontre sur ce territoire. Je mets au défi n’importe quel élu de n’importe quel parti de faire mieux que ce qui est fait jusqu’à présent ».

Autorité, santé, sécurité

De son côté, Sophie Brocas, préfète du Centre-Val de Loire et du Loiret, a assuré que les responsables de Vie et Lumière s’étaient engagés à respecter les capacités de leur terrain, soit 25 000 à 27 000 personnes. L’ouverture s’est faite le 20 avril, avec deux journées d’avance sur la date prévue, afin d’éviter l’afflux et les stationnements sauvages. L’association s’est aussi engagée à indemniser les dégradations subies par les collectivités et à financer le poste médical avancé mis en place par l’État. « L’hôpital de Gien garde tout son personnel pendant cette période, il sera même renforcé en médecins et en personnel infirmier », a-t-elle assuré. Dans le même registre lié à la santé, la centrale nucléaire de Dampierre a mis à disposition 60 000 comprimés d’iode.

Un poste de commandement opérationnel a été installé à la gendarmerie de Gien. Régis Castro, sous-préfet de Montargis, y tiendra une réunion quotidienne avec les services, en présence du procureur de la République de Montargis. La présence des gendarmes sera forte, y compris par le biais de véhicules avec lecture automatique des plaques : gare aux infractions ! Quant à l’OFB, elle veillera au respect de la faune, notamment au barrage de Dampierre.

Le point sensible reste la salubrité

Le SMICTOM du Giennois effectuera une collecte des déchets en continu tout le temps de ce rassemblement, jusqu’au 5 mai. Ce rassemblement génère 250 tonnes de déchets : les déversements sur la voie publique font l’objet d’amendes, comme pour tout citoyen. Et c’est là une des difficiles missions des 400 gendarmes (au lieu de 200 l’an passé), qui comptent aussi une escouade de six gendarmes à cheval, des équipes cynophiles et quatre motos tout terrain qui permettent de patrouiller dans les champs et les bois.

Le général Philippe Ott, qui commande le groupement de gendarmerie du Loiret et de la région Centre-Val de Loire, a assuré que la question de la salubrité était un problème crucial, au centre de toutes les attentions : « Tout cela est générateur de choses dont personne ne veut parler. Ce sont des sujets tellement annexes et pourtant c’est la dure réalité vécue par les gendarmes, le personnel soignant, mais aussi par les commerçants et les habitants pendant tout ce rassemblement. ». Un poste temporaire sera ouvert tous les jours en mairie, avec deux gendarmes présents pour accueillir le public, recueillir les plaintes et renseigner.

Sur le même principe, la CCI tiendra une permanence tous les jours, le matin, au centre administratif de Gien, à l’attention des commerçants en difficulté. 35 boutons d’alertes avec numéros préenregistrés – conçus sur le modèle des boutons d’appel développés pour les violences intrafamiliales – ont par ailleurs été distribués aux commerçants.

Pas de deuxième rassemblement en août à Nevoy

Mais la principale annonce reste celle d’un seul rassemblement cette année dans le Loiret. À cette période, l’État ne sera pas capable d’assurer la sécurité des rassemblements autres que les Jeux olympiques de Paris. Les autorités assurent que l’association Vie et Lumière l’a très bien compris. Pour dégonfler le grand rassemblement annuel qui réunit des pèlerins venus de toute la France et des pays limitrophes, le ministère de l’Intérieur essaie de promouvoir des rassemblements dans chaque région. « Il faut aussi essayer de pérenniser un seul rassemblement par an. Je sais que les services de l’État s’y emploient. Nevoy ne peut pas en supporter deux : ce n’est plus vivable pour nous », conclut Jean-François Darmois, maire de Nevoy.

Vendredi 26 avril au matin, on dénombrait 19 100 personnes et 4 500 caravanes – photo Izabel Tognarelli

Un chapiteau passé au crible de la commission de sécurité

Inauguré lors du rassemblement de Grostenquin, le nouveau chapiteau de l’association Vie et Lumière a fière allure. Avec ses mâts culminant à 17 mètres, il est visible de très loin à la ronde. Financé par les membres de l’association, il a été fabriqué en Italie, dans une entreprise habituée à fabriquer ces structures pour les grandes familles du cirque. Il mesure 120 mètres par 60, soit une superficie de 7 200 m². Chaque année, une commission de sécurité examine l’installation du chapiteau. Régis Castro, sous-préfet de Montargis est président de cette commission, qu’il conduit aux côtés de pompiers : « Nous vérifions toutes les conditions, tous les certificats de bonne installation et nous préconisons l’installation des chaises, par blocs de 50 chaises ».

La jauge a été fixée à 8 000 personnes. « Nous allons à présent examiner les conditions d’accès à ce chapiteau, vérifier qu’il a été correctement monté ». Cet examen aura lieu ce vendredi. Il s’agira de vérifier si le chapiteau, déjà monté à Grostenquin, est en conformité avec les règles de ce que l’on appelle « un établissement recevant du public ».

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