L’Europe, sursaut ou déclin ?

À moins d’un mois des élections européennes, Magcentre revient sur l’importance de l’enjeu politique de ces élections de listes à un seul tour, vote dont les conséquences risquent d’être très lourdes pour notre devenir européen. Voter le 9 juin pour élire nos députés européens n’a sans doute jamais été aussi crucial !


Par Paul Bannier


En mai 1924, il y a cent ans, les élections législatives se jouaient en France sur la question de la sécurité internationale et de l’avenir de l’Europe, liés à la stabilisation de la jeune démocratie allemande. Depuis 1979, les élections au Parlement européen servent avant tout de défouloir contre le pouvoir en place, et le scrutin français du 9 juin 2024 ne devrait pas échapper à son sort de « référendum anti-Macron ». Pourtant, les enjeux, dans une Europe en guerre plombée par une Allemagne en récession et une Chine qui inonde les marchés, méritent une mobilisation massive des électeurs, singulièrement des jeunes dont l’avenir se joue ici et maintenant.

Le défouloir ou le tremplin ?

C’est à l’évidence le pari de la liste Bardella, cette supercherie sponsorisée par la propagande russe, qui offre aux pires absentéistes de vivre grassement des deniers de l’Europe, tout en dénonçant sa gabegie : chapeau, les artistes ! Les autres oppositions auraient tout intérêt à saisir cette opportunité du dernier scrutin avant 2027, de rebâtir un projet cohérent et une stratégie d’alliances. Les gauches, à nouveau disséminées sous l’effet délétère du coup d’éclat permanent de son leader maximo, contesté même parmi les siens, pourraient utiliser le tremplin d’un résultat encourageant de Raphaël Glucksmann pour embrayer dans la foulée sur un accord programmatique de tous les « réconciliables », d’Autain et Ruffin aux écologistes, seule voie pour espérer un retour d’un(e) candidat(e) de gauche au second tour présidentiel de 2027 et éviter un incertain RN/Renaissance. Quant à la droite républicaine, menacée de passer sous la barre d’invisibilité des 5%, elle devra choisir entre un accord de législature de raison avec la majorité relative macroniste, une dérive idéologique mortifère vers les thèses déclinistes ou l’illusion d’un retour à la bipolarisation d’avant 2017 et l’explosion du Pénélope-gate.

Le sursaut ou le déclin ?

L’autre dimension, première, du scrutin du 9 juin est de déterminer la majorité qui donnera les grandes directives à la législation continentale pour les 5 ans à venir. Ce mandat sera décisif tant sur la lutte contre le dérèglement climatique que sur la reconversion durable de l’industrie européenne, et sur l’ambition politique et militaire enfin assumée. Plus clairement que jamais, après des décennies de cogestion modérée entre sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens, le choix binaire pourrait opposer un repli national et un retour en arrière brutal sur les politiques environnementales, portés par les populistes, à un progressisme social, écologique et solidaire avec l’Ukraine.
Car derrière le décrochage économique patent entre l’Amérique de Biden et l’Europe engoncée dans l’austérité et les taux d’intérêt élevés, se profile la dérive des continents entre l’isolationnisme d’un retour décomplexé de Trump et une Europe seule, pour la première fois depuis 1941, pour assurer sa sécurité face à l’impérialisme poutinien. Avec, en prime dramatique, une impasse israélo-palestinienne qui mine nos sociétés et désespère la jeunesse, et devrait inciter à changer la donne en suivant immédiatement la voie tracée par Élie Barnavi, héritier de Rabin : la reconnaissance par l’Europe d’un État palestinien démocratique, débarrassé du Hamas, et la garantie de la sécurité des deux peuples par la société internationale.

Comme en novembre dans les « swinging states » américains, hésitations ou réserves doivent être balayées au regard de l’importance des enjeux : une abstention massive ne ferait le jeu que de ceux qui dédaignent de faire campagne, pour mieux ramasser frustrations et mécontentements. Le clan Le Pen à l’Élysée, l’Europe livrée aux populistes et aux xénophobes, l’Ukraine comme encouragement à Poutine à avancer ses troupes ?
Un cauchemar ne se dissipe que par le réveil.

Commentaires

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  1. Je ne voudrais pas être déplaisante mais je ne compte pas sur vous pour sortir du cauchemar avec un tel article.
    En effet, pour vous les gauches à nouveau disséminées serait soi-disant dû au coup d’éclat permanent de son leader maximo, propos que l’on retrouve ou entend dans les médias mainstream.
    Peut-être il vous faudrait reprendre le fil de l’histoire et si vous êtes honnête reconnaître que celui qui a fait 22% a essayé de construire cette union de la gauche avec des partis en perditions et pour cause le PS et EELV loin de la réalité notamment en ne reconnaissant pas que le capitalisme est antinomique avec l’écologie, le partage et l’avenir en commun.
    Le PS a toujours revendiqué être social-démocrate et a largement contribué à la montée du RN et des groupuscules fascistes en réformant le droit du travail et l’ensemble des droits des citoyennes et citoyens, et en cassant les services publics hôpitaux, éducation, etc.
    Glucksmann à été conseiller du président géorgien entre 2009 et 2013, pendant cette période les droits des citoyens et de la presse ont été bafoués avec une répression et une violence policière dénoncée par des ONG.
    Alors certaines et certains se disent de gauche, le Pen se dit sociale, la jeunesse elle a compris que de défendre la paix et s’élever contre l’autoritarisme d’un système ne profitant qu’à une minorité n’est plus viable et ça c’est l’honneur de la France.

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