Une SCOP pour Duralex ? « Une gestion démocratique serait la mieux armée pour être concurrentielle »

Parmi les solutions de reprise qui émergent dans le dossier Duralex, le projet de SCOP semble avoir les faveurs des collectivités. Vincent Javicoli, directeur de l’Union régionale des SCOP au plus près du montage du dossier, pense que la création d’une coopérative assurerait la pérennité de l’iconique verrier français. 

La CGT mobilisée devant le tribunal d’Orléans le 5 juin dernier. Photo Magcentre


Par Mael Petit



Un délai de trois semaines a été accordé aux potentiels repreneurs de Duralex. Période qu’il faudra mettre à profit pour convaincre de la solidité du projet. « Un soulagement » notamment pour les salariés qui s’organisent depuis avril pour ne pas voir disparaitre le géant de la verrerie française. Plus de la moitié d’entre eux portent même l’idée d’une SCOP (société coopérative et participative) dont ils seraient associés majoritaires. Dans leur entreprise de la dernière chance, ils sont accompagnés par l’association de l’union régionale des SCOP et son directeur Vincent Javicoli, convaincu de la viabilité du projet.


Quel est le rôle de l’Union régionale des SCOP auprès de Duralex dans ce projet ?

Vincent Javicoli : Notre rôle est d’accompagner les SCOP existantes adhérentes dans leur développement, notamment sur les questions de gouvernance. Nous accompagnons également les projets de création, de reprise ou de transmission d’entreprises en SCOP. Pour Duralex, certains salariés qui étaient renseignés sur ce modèle nous ont contacté pour qu’on les aide à monter une offre de reprise en coopératif.

Où en est le montage du dossier pour Duralex ?

Vincent Javicoli : Cela avance chaque jour. Sur la structuration de la SCOP, 140 des 227 salariés se disent intéressés par ce projet. Une de nos priorités depuis la décision positive du tribunal d’accorder un délai supplémentaire est d’enrôler un maximum de salariés dans le projet même si certains peuvent émettre quelques réserves. Aujourd’hui, nous avons presque 140 salariés engagés mais il faudrait en viser au moins 170. Côté financement, il y a des pistes sérieuses, avec un soutien important notamment de tout un écosystème.

« Trouver entre 15 et 20 millions »

Les déboires de Duralex résultent de la crise énergétique mais aussi d’une forte concurrence internationale. Quelles garanties peut offrir ce projet de SCOP ?

Vincent Javicoli : Le coût de l’énergie n’est pas le seul problème. Les reprises successives de Duralex par différents groupes ont laissé des traces. Je pense que c’est difficile de comprendre la situation stratégique et la ligne concurrentielle de Duralex en faisant fi du passé et notamment de quatre reprises successives en une quinzaine d’années.

Sortir « des fantasmes » sur la SCOP


Sur la viabilité de Duralex, nous avons une approche qui peut être critiquable, mais il y a un vrai modèle économique potentiel. Tout comme on peut s’interroger sur le fait que ça soit racheté par un fonds d’investissement ou un grand groupe qui le gère comme un actif financier, qui n’investit pas de la meilleure manière pour le développement de l’entreprise… À l’inverse, est-ce que ce n’est pas la SCOP, où tous les produits sont vraiment réinvestis, qui serait la mieux armée pour être concurrentielle demain ? En-tout-cas, une entreprise pilotée par ceux qui y travaillent, ça reste le plus juste.

La création d’une coopérative pour Duralex mettrait en lumière le modèle de l’économie sociale et solidaire en tant que solution crédible pour ces cas de figure…

Vincent Javicoli : En effet ce serait un signal fort pour le secteur si ça devait se concrétiser. En région Centre-Val de Loire, il y a en tout 85 SCOP et SCIC. En France, ce modèle de coopérative a doublé en dix ans, passant de 2 500 à 4 000. Mais malgré tout, il y a toujours ces fantasmes, ces barrières à l’entrée qui font que les gens ne connaissent pas, soit les mésestiment, soit pensent que c’est uniquement pour des projets en difficulté comme Duralex.

Par exemple, Cetim, une industrie près de Tours ou encore La Pantoufle Du Berry, se sont transformées en SCOP et existent toujours. La plus grande SCOP de France, Acome, est une entreprise de câblage avec 1 200 salariés associés qui exporte partout dans le monde. Donc ça montre bien que la question de la taille n’est pas un frein en tant que telle. Il n’y a aucun souci pour se faire financer. Effectivement l’épisode Duralex braque les projecteurs sur ce modèle qui, on l’espère, va se démocratiser à l’avenir.


Plus d’infos autrement sur Magcentre : Duralex : l’icône du verre français en péril

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