De Tracks en traces, Orphéo Gagliardini cartographie une mémoire sensible au FRAC

Le FRAC Centre-Val de Loire accueille deux expositions issues de projets étudiants, RÉACTIVER LES LIEUX et TRACKS. Parmi les jeunes exposés, Orphéo Gagliardini, diplômé de l’ESAD Orléans, livre une œuvre intime et transversale entre mémoire familiale, territoire et design numérique.



Par Jean-Marc Dumas.


Début avril, la nouvelle directrice du FRAC, Christelle Kirchstetter, ouvrait au public deux expositions issues du travail d’étudiantes et d’étudiants. D’un côté, les travaux de la HEAD Genève, présentés via le programme On Tour du Centre Culturel Suisse ; de l’autre, ceux de l’ESAD Orléans, explorant les questions de la représentation de l’identité individuelle et collective, en imaginant de nouvelles perceptions du vivant.

Le « transmedia » et le « faire » constituent deux thèmes structurants de l’enseignement à l’ESAD. La charte pédagogique pose d’ailleurs la question suivante : « Lorsqu’écrire, concevoir, éditer, publier et lire numériquement s’imposent comme une nouvelle norme de l’édition, que deviennent les pratiques où le « faire » renvoie à la singularité d’un auteur, à sa signature, à sa position dans un continuum historique de transmission de savoirs et savoir-faire ? »

Parmi les œuvres de Tracks, le film Poilão d’Orphéo Gagliardini, étudiant diplômé de l’établissement, donne un élément de réponse. Ce film d’une cinquantaine de minutes mêle dessins de jeunesse en 2D, jeux vidéo, reconstitutions 3D et morceaux de souvenirs. Le projet illustre parfaitement une des problématiques fondatrices de l’enseignement à l’ESAD : comment, à l’ère du numérique, la création reste-t-elle marquée par l’empreinte d’un auteur ?

Fragments de mémoire recomposés

Avec Poilão – nom d’une petite île déserte de l’archipel des Bijagos en Guinée-Bissau – Orphéo Gagliardini revient sur sa propre trajectoire, avec une enfance marquée par les identités croisées. Fils d’une mère bissau-guinéenne, élevé en Vendée, il questionne ses origines, son histoire familiale et ce qu’on lui a transmis. Le film assemble des séquences filmées à plusieurs moments de sa vie, aussi bien en France qu’au pays maternel, où les images et objets sont autant de fragments de mémoire agrégés.

À travers un regard lucide, il évoque les moments clés de cette période : les voyages au sud du Sénégal pour y rencontrer sa grand-mère maternelle à la frontière avec la Guinée-Bissau, ou encore les interrogations sur son identité au cours d’une adolescence ponctuée par les injonctions de ses camarades de classe : « Tu es blanc ou tu es noir ? Il faut choisir ! »

Dans son récit, Orphéo Gagliardini aime à collectionner des images et des objets qui font « terrhistoire », histoire avec un petit h et territoire en référence à la terre, les racines, ses traces… Il en fait ainsi une œuvre visible sous la forme d’une cartographie hybride, à la croisée du design et du documentaire. Une œuvre transmedia à découvrir, à interroger pour en savoir plus jusqu’au 17 août au Frac Centre-Val de Loire.

Frac Centre-Val de Loire boulevard Rocheplatte 45000 Orléans


Plus d’infos autrement :

Anarchitecture : Gianni Pettena, architecte à la pensée avant-gardiste au FRAC

Commentaires

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  1. Ne devriez vous pas écrire “la co-directrice du FRAC” puisque le licenciement de A Damani a été annulé ?

  2. Après voir lu cet article détaillé, il est certain que je le rendrai à cette expo.
    Et merci pour le renseignement ci dessus concernant la direction du Frac.

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