De très haut niveau, les 28e Rendez-vous de l’Histoire de Blois se sont interrogés sur cette France universelle, riche de son histoire et de sa culture, mais qui se questionne dans un monde instable marqué par la montée des nationalismes.
Arnaud Montebourg était aux côtés de Marie-Noëlle Amiot, présidente de la CCI 41 et d’Olivier Lluansi pour parler d’une industrie française malade, remarquablement analysée dans le documentaire d’Ella Cerfontaine. Crédit JL Vezon.
Par Jean-Luc Vezon.
« De la France, il ne reste que le point d’interrogation. Notre pays se trouve aujourd’hui dans une situation qui impacte toute l’activité économique, sociale et culturelle. Il est grand temps de sortir de ce point d’interrogation », déclarait Christophe Degruelle, président d’Agglopolys, lors des discours d’ouverture en référence au thème de l’édition 2025 “La France ?“.
Dans l’effervescence de cette grande université populaire, les 60.000 participants avaient bien en tête l’inquiétante crise politique et sociale que traverse notre pays à deux doigts de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Des allées du Salon du livre d’histoire (le plus important du pays), à Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT qui a dénoncé le capitalisme libertarien, fondement de la politique trumpiste, en passant par Arnaud Montebourg, venu mettre en garde contre la désindustrialisation qui rapproche notre pays des pays sous-développés avec une balance commerciale lourdement déficitaire, le risque de basculement et de déclassement était prégnant.
« Une belle aventure collective »
Pourtant, notre pays reste cette « belle aventure collective » qui inspire tant de nations dans le monde et y amène 102 millions de touristes chaque année. Présidente de l’Organisation internationale de la Francophonie, la Rwandaise Louise Mushikiwabo a d’ailleurs rappelé que le français unit 90 états et gouvernements dans le monde et rassemble 321 millions de locuteurs.
Lors de la conférence de clôture, Yasmin Belkaid, directrice générale de l’Institut Pasteur a de son côté, dans une lumineuse intervention, rappelé la place centrale de la science, « miroir d’une nation » française longtemps en pointe. La scientifique a délivré un message de résistance face aux attaques qu’elle subit, en particulier aux États-Unis : « La science doit rester libre dans un contexte où l’indice de liberté du monde académique régresse ». Alarmiste, elle invite aussi notre pays à investir davantage dans la recherche, notamment le biomédical (1).
29e édition sur le thème des « Marchands »
Jean-Noël Jeanneney, président du Conseil scientifique des RDVH, a comme chaque année donné le thème de la future édition. Il s’agira « des Marchands ». Un sujet au cœur de la mondialisation et du capitalisme triomphant.
Au préalable, l’historien tourangeau et président de l’association organisatrice des RDVH (CEPH) Eric Alary avait remis le Prix Augustin Thierry – Ville de Blois à Johann Chapoutot, spécialiste du nazisme et des fascismes pour son ouvrage formidablement écrit « Les irresponsables : qui a porté Hitler au pouvoir ? » (Gallimard cf Magcentre). Un livre en résonance avec l’actualité, la banalisation de l’extrême droite et la montée des « forces obscures » un peu partout.
« L’ignorance fait la force », avait déclaré Francis Chevrier, directeur des RDVH citant Orwell (1984) lors de son discours d’ouverture, mettant en garde contre l’immense manipulation des masses que constituent les réseaux sociaux. Face aux chaos qui s’annoncent, les Rendez-vous de l’histoire sont déjà entrés en résistance.
(1) Notre pays est l’un de ceux qui investissent le moins dans la recherche au sein de l’OCDE et où les chercheurs sont les moins payés.
A l’heure du capitalisme triomphant, « Les Marchands » sera le thème de l’édition 2026. Screenshot RDVH chaîne Youtube.
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