À Orléans, la gauche peine à s’unir à l’approche des élections municipales. Entre stratégies mal comprises et querelles d’ego à l’épiderme fragile, la division menace une nouvelle fois de condamner l’alternance face au règne de Serge Grouard, au grand désespoir d’un électorat de gauche déjà lassé par ce théâtre tragicoégocentrique.
La mairie d’Orléans. Photo Sophie Deschamps
TRIBUNE – Par Patrick Communal.
Je lisais ici et là que l’incapacité des listes de gauche et écologiste à réaliser l’union au premier tour résultait d’un conflit entre égos de leurs leaders, Jean-Philippe Grand et Baptiste Chapuis. Je n’y croyais pas vraiment, imaginant que la liste écolo avait fait un choix stratégique consistant à privilégier, au-delà de sa propre clientèle électorale, les voix de l’électorat modéré, plutôt centriste, souhaitant mettre un terme à plus de vingt années de domination de Serge Grouard sur la scène locale.
Une répulsion épidermique
Ce choix peut se concevoir compte tenu du déplacement de la fenêtre d’Overton qui tend à nous convaincre que la taxe Zucman, même en mode yaourt allégé, serait une mesure d’extrême gauche mettant en péril notre économie. Les personnes ordinaires, comme vous et moi, qui confondent, sous l’emprise conjointe de la presse Bolloré et des réseaux sociaux, leurs intérêts propres et celui de Bernard Arnault, peuvent ainsi être effrayées par une social-démocratie orléanaise pourtant plutôt molle du genou. J’ai pris quelques verres avec des personnes plus impliquées que moi dans les tractations qui se déroulent en coulisse pour tenter d’en savoir plus et il semble se confirmer que Jean-Philippe Grand aurait une répulsion épidermique vis-à-vis de Baptiste Chapuis. Un truc qui ressemble à ces allergies qui vous flanquent de l’urticaire.
La haine entre amis
Ces choses-là sont courantes en politique et si la haine entre « amis » devient trop forte, elle finit par dominer les impératifs stratégiques au point d’alimenter la machine à perdre. Nous y sommes déjà, et faute de liste unitaire, beaucoup d’électeurs de gauche et écologistes ont dès à présent fait le choix de l’abstention ou du vote inutile, profondément écœurés par ce qui s’apparente à des caprices de gosses de riches de la part de politiciens qui feront la démonstration de leur médiocrité en privilégiant le confort de leurs épidermes à l’espérance du changement. En attendant qu’ils aillent l’un et l’autre se faire foutre dans l’opposition municipale, on pourrait peut-être trouver localement une Lucie Castets qui badigeonnerait la peau fragile des leaders d’un peu de pommade adoucissante avant d’affronter à la tête de troupes enfin réunies le maire sortant ou celui ou celle qu’il désignerait pour lui succéder. Serge Grouard aura peut-être fini par s’ennuyer place de l’Étape, surtout dans une perspective où à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Bien entendu, Lucie peut s’appeler Lucien, ce n’est pas affaire de genre, l’essentiel est d’offrir à la population d’Orléans un combat dont l’issue n’est pas écrite à l’avance.
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