Brandt : le ministre arrive en urgence, une Scop comme espoir de dernière minute

À quelques heures d’une audience décisive pour l’avenir de l’industriel Brandt, le ministre délégué chargé de l’Industrie a rappliqué en urgence sur le site de Saint-Jean-de-la-Ruelle. Il promet plusieurs millions d’euros de la part de l’État pour soutenir le montage d’une Scop portée par les salariés, désormais ultime espoir de sauver l’un des derniers fleurons français de l’électroménager.

Le ministre délégué à l’Industrie est séduit à l’idée d’une reprise en Scop de Brandt par ses salariés. Photo Magcentre


Par Mael Petit.


À force de tirer la sonnette d’alarme, les élus du Centre-Val de Loire ont fini par obtenir du mouvement sur le dossier Brandt, placé depuis octobre en redressement judiciaire. Ces derniers jours, ils appelaient même en chœur le Premier ministre à « se saisir du dossier » pour éviter que l’une des dernières maisons françaises de l’électroménager ne s’effondre en silence, faute d’offre sérieuse. Si Sébastien Lecornu est resté au chaud à Paris, c’est finalement le ministre délégué chargé de l’Industrie, Sébastien Martin, qui a débarqué en urgence ce lundi 1ᵉʳ décembre sur le site de Saint-Jean-de-la-Ruelle.

Son arrivée se fait à un moment où chacun compte les heures : 48 heures avant une audience décisive au tribunal des activités économiques de Nanterre. Le ministre, les élus locaux et porteurs de projet ont donc enchaîné les réunions toute la matinée pour affiner la stratégie de reprise.

Cinq millions d’euros pour tenter d’éviter le naufrage

Loin d’effectuer une visite de courtoisie, le ministre est descendu dans l’Orléanais avec dans sa besace la promesse de 5 millions d’euros pour le seul projet viable – au moins socialement – que lui ont présenté des salariés et les collectivités territoriales parties prenantes. Une reprise qui a des airs de déjà-vu puisque Brandt rebondirait en société coopérative et participative (Scop) comme son voisin Duralex. Un projet qui semble avoir convaincu le gouvernement mais qu’il faudra surtout rendre crédible en très peu de temps auprès des banques. « Nous avons quelques heures pour trouver une solution et convaincre que le projet est viable et solide », prévient Sébastien Martin. 

Si la Scop est devenue rapidement le seul scénario défendable pour les différents partenaires, c’est parce qu’elle constitue l’option la moins douloureuse sur le plan de la casse sociale. Mais le ministre annonce la couleur : ce scénario n’empêchera pas la perte d’emplois sur les différents sites. « Soit on pense qu’on va pouvoir garder tout le monde, mais il n’y a pas d’avenir. Soit on est prêt à accepter qu’il y ait un recentrage de la stratégie commerciale, peut-être sur des produits plus premium, et il y aura un peu plus de 300 salariés (sur les 750) qui pourront être sauvés. » Le projet de reprise s’appuie en outre sur l’offre déjà déposée par le groupe Revive, spécialisé dans la reprise et la transformation des entreprises en difficulté – notamment Tupperware – et propriétaire de la marque loirétaine de produits alimentaires végétaux HappyVore. Une offre qui doit donc être complétée par la dimension coopérative. « L’offre de Revive existe déjà et sera enrichie par la démarche de Scop », rappelle le ministre.

Région et Métropole pour une Duralex bis

À ses côtés, les élus locaux affichent un front uni qui rappelle bien évidemment l’épisode Duralex. La reprise du verrier français avait connu moult rebondissements avant que Région et Métropole reprennent les choses en main. François Bonneau, président de la Région, insiste sur l’importance de maintenir les deux sites, à Orléans et Vendôme : « Ils interagissent ensemble donc les deux doivent être conservés. L’approche de la Scop nous conforte : c’est une histoire industrielle qu’on veut préserver, du Made in France qu’on empêche de partir à l’étranger. » La Région participera donc au financement, tout comme la Métropole, même si aucun montant précis n’est encore avancé par les deux représentants des collectivités. Bien qu’une vingtaine de millions d’euros soit évoquée pour éviter le précipice.

Sur la défense de l’industrie française, les présidents de la métropole d’Orléans et de la Région sont main dans la main. Photo Magcentre

24 heures chrono

Du côté des salariés, l’urgence de la situation et le calendrier particulièrement resserré ne leur laissent pas vraiment le choix. « C’est la seule solution pour s’en sortir et sauver des emplois. Nous sommes au bord du gouffre », résume sans détour Cyril Aubert, secrétaire CFTC du comité central social et économique de Brandt. Il assure par ailleurs que l’idée d’une Scop suscite une forte mobilisation en interne. « On est tous dans le même bateau, on connaît nos forces. » Quant au rapprochement avec Revive, Cyril Aubert espère que « cet attelage singulier entre un jeune groupe et une boîte vieillissante » saura trouver des synergies. « On est convaincu que ça peut fonctionner », insiste-t-il. Le projet de Scop, associé à Revive et épaulé par l’État et les collectivités, devient désormais l’ultime chance de maintenir l’activité industrielle historique de l’électroménager dans la région.

Le verdict du tribunal de Nanterre tombera mercredi matin. D’ici l’audience, les différents partenaires du projet sont lancés dans une course contre-la-montre pour habiller au mieux la mariée pour tenter de convaincre des investisseurs privés. Une situation que connaît bien Serge Grouard, président de la métropole d’Orléans, depuis le dossier Duralex. En bon pragmatique qu’il est, l’élu orléanais ne s’emballe pas et rappelle l’incertitude qui plane : « On ne maîtrise pas les décisions du tribunal mais on a identifié ce qu’il reste à traiter d’ici mercredi matin, et d’ici le 15 décembre. » Le 15 décembre, date après laquelle Brandt ne pourra plus payer les salaires si rien n’est acté.


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