“Birdman”, vol au dessus d’un nid de théâtreux

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“a thing is a thing not what is said of that thing” (Une chose est une chose, pas ce qui est dit de cette chose)

Dire que l’on n’a pas aimé n’est pas chose facile pour un film qui a, excusez du peu, reçu l’Oscar du Meilleur Film et l’Oscar du Meilleur Réalisateur cette année !…

“Birdman”  est  une sorte de farce qui se moque autant des célébrités hollywoodiennes à la tête vide, que des intellectuels théâtreux new-yorkais, mais, comme la caméra qui déambule dans les coulisses du théâtre, l’intrigue tourne vite un peu en rond, et le rythme toujours frénétique de la mise en scène (soutenu par un solo de batterie lancinant) ne s’épaissit jamais dans une véritable tension dramatique. Cette dérision débridée n’en fait pas le “Tartuffe” des comédiens américains, il aurait sans doute  fallu pour cela un peu plus de profondeur et de sincérité et un peu moins de roublardise…

Ainsi le film se veut une prouesse technique car filmé en un pseudo plan séquence, mais là où Hitchcock dans “la Corde” avait réalisé la même prouesse en s’imposant un scénario qui dure l’exacte durée du film, dans “Birdman” la prouesse reste un artifice insignifiant puisque par d’habiles fondus enchainés, on étire le temps de l’action sur plusieurs jours.

Et puis le cinéma, c’est comme les contes de fées, on attribue des pouvoirs plus ou moins magiques aux personnages pour établir des règles qui organisent l’histoire, elles ne servent pas simplement à épater ou divertir le spectateur au gré de la fantaisie du narrateur, comme les dons de télékinésie de notre héros, ou sa capacité à s’envoyer en l’air de temps à autre, alors qu’il ne peut même pas dépétrer sa robe de chambre, coincée bêtement dans une porte…

Reste la caricature du jeu de l’acteur de théâtre, suffisant et prétentieux, dérision de la célébrissime école new-yorkaise de l’Actor’Studio, inspirée du metteur en scène russe Stanislavski qui imposa dans les années trente une formation de l’acteur qui plaçait la sincérité et l’émotion au centre du jeu de l’acteur: ainsi dans “Birdman”, l’acteur bande honteusement pendant la scène d’amour: petit règlement de compte en dessous de la ceinture du cinéma porno !

Et tant pis pour les Oscars !

Gérard Poitou

“Birdman, or the unexpected virtue of ignorance”* 

Quatre Oscars: Meilleur Réalisateur, Meilleur Film, Meilleur Scénario, Meilleure Photographie

un film de Alejandro Gonzalez Inarritu    1 h 59 mn
avec Michael Keaton, Zach Galifianakis, Edward Norton

*Ajoutons que la VF proposée au Pathé d’Orléans est particulièrement dévastatrice !

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x22slgm_birdman-bande-annonce-trailer-1-vost-hd1080p_shortfilms[/dailymotion]

Commentaires

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  1. Ah mais moi Gérard, j’ai beaucoup, beaucoup aimé ce film, qui fonctionne à plein de niveaux différents et est une belle critique de la société américaine, voire de la société tout court!
    On en reparle….
    B

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