De la thune, du fric, du blé, de l’oseille, du flouze, de l’argent ? C’est effectivement une question essentielle par les temps qui courent, mais je pensais ici au sens politique.
Par Gérard Hocmard
On s’est sans doute trompé sur celui que l’on prêtait à Emmanuel Macron et qui lui aurait permis de remporter les élections, présidentielle et législatives, en jouant sur le désir de changement des électeurs et en dispersant façon puzzle ses oppositions de droite et de gauche. Ce que l’on avait pris pour du sens politique n’était peut-être que du sens tactique ou de l’opportunisme.
©Pascal Montagne. Infos Tours.
Les vacances de Noël à Saint-Tropez, il y avait quand même mieux à trouver qu’un lieu aussi connoté « glamour » et « bling-bling » trois semaines après l’apparition d’un vaste mouvement social et deux après l’émeute du 8 décembre. Ce n’est pas comme si le Président n’avait pas de lieu – officiel comme La Lanterne, personnel comme certaine villa du Touquet – pour se reposer en toute discrétion.
Mais surtout, il y a eu cette occasion manquée de « casser le moule », et par là même de faire passer un message fort au pays, qu’a été la livraison de la galette des rois à l’Élysée par les représentants de la boulangerie.
Un minimum d’empathie, voire simplement de compréhension des revendications majeures des gilets jaunes, celle de pouvoir vivre, et dignement, de son travail, celle de ne pas être laissé de côté par l’évolution de la société, aurait permis à Emmanuel Macron de trouver les mots qu’il fallait pour s’adresser au monde du travail, à défaut d’espérer pouvoir atteindre les casseurs manipulés par ceux, à droite et à gauche, qui espèrent tirer les marrons du feu.
Au lieu de quoi, à supposer que les boulangers portent des bretelles, ils se les sont fait remonter et se sont vu gratifier d’un sermon sur l’effort, dont la logique interne rappelait fâcheusement l’affirmation qu’il suffisait de traverser la rue pour trouver du travail et qui s’avérait, au bout du compte, insultant.
Tout cela augure mal de la suite des événements. On ne voit pas comment, lettre personnelle et grand débat ou pas, la crise pourra être résolue. Un député de la III République avait un jour solennellement averti le gouvernement : « le char de l’État navigue sur un volcan ». Nous aimerions être sûrs que le conducteur du char actuel tienne bien la route et ait suffisamment de bon sens pour ne pas suivre son GPS s’il lui dit d’emprunter une route barrée.
Gérard Hocmard.