Organisé dans le cadre du mois de l’Économie sociale et solidaire, le 4ᵉ Forum pour une transition écologique, sociale et solidaire s’est récemment déroulé au Lab’O à Orléans. Une journée pour parler de la façon dont les donneurs d’ordre peuvent réaliser leurs achats. En n’hésitant pas à faire appel aux entreprises de l’ESS.
À Orléans, série de « Speed-dating » de présentation de solutions aux acheteurs par les offreurs du secteur de l’ESS. ©Magcentre
Par Eric Botton.
Faire des achats écologiquement et socialement responsables un levier de transition, c’était le thème du 4e forum organisé le 12 novembre dernier par la Chambre régionale de l’Économie sociale et solidaire (Cress) devant un parterre d’invités, dont de grands acheteurs publics comme l’État ou la Région, avec la présence des entreprises de l’ESS, qui leur offrent aujourd’hui des solutions alternatives à celles proposées par les prestataires habituels.
Si tous les acteurs régionaux présents lors de cette journée soulignent le paradoxe entre les solutions originales que propose le secteur de l’ESS et les baisses de budget qui s’annoncent pourtant pour ce secteur, Fabrice Combet, responsable du développement économique à ESS France, rappelle les enjeux, avec un volume d’achats publics « qui représente aujourd’hui 13% du PIB, et l’obligation depuis 2021 pour les acheteurs de réaliser des achats socialement et écologiquement responsables », à travers des marchés à clauses, orientés vers différents acteurs, dont ceux de l’ESS.
Mieux identifier les entreprises de l’ESS
Témoin inspirant de la journée, Olivier Debargue, directeur des achats des JO Paris 2024, souligne que « le monde de l’ESS reste difficile à approcher pour les acheteurs », car très atomisé (2 millions d’entreprises, dont l’activité représente néanmoins 10% de notre PIB), et encore victime d’une vision un peu réductrice sur les seules activités liées à l’insertion ou au handicap. Alors même que l’ESS couvre des champs bien plus divers, notamment tout ce qui touche à la transition écologique. De fait, en région Centre-Val de Loire, et même si les chiffres sont plutôt en hausse depuis 1 an, seuls 2,1% des 7 275 marchés publics passés en 2024 ont été attribués à l’ESS.
C’est d’ailleurs pour contrebalancer cette situation que Paris 2024 avait élaboré une stratégie particulière, dont le premier axe fut de référencer sur une plateforme dédiée, en amont de la passation des marchés, 6 000 entreprises de l’ESS, en leur procurant ainsi l’anticipation nécessaire pour se préparer et se former à la réponse à des cahiers de charges particulièrement exigeants. Au final, 500 furent attributaires de marchés, pour plus de 100 millions d’euros achats directs (beaucoup d’autres étant aussi sollicités en sous-traitance).
Sensibiliser les acheteurs
Aujourd’hui, il s’agit de mettre les acteurs de l’ESS au cœur des stratégies d’achat des acheteurs publics et privés. La formation des acheteurs, mais aussi des entreprises de l’ESS qui souhaitent se positionner sur des marchés, constitue évidemment un axe majeur de cette politique. D’autant que la Région annonce qu’elle souhaite accroître la part qu’elle leur attribue. Un guide de réponse à la commande publique a ainsi été rédigé, et un forum Fournisseurs sera organisé en février 2026. Quant à la 5e édition de la semaine des ASER (les achats socialement et écologiquement responsables), elle aura lieu du 8 au 12 juin 2026. Au-delà, les grands acheteurs (supérieur à 50 millions d’euros de marchés), sont tenus d’établir leur Spaser (Schéma de promotion des ASER), pour décrire leur organisation et les mesures qu’ils comptent mettre en œuvre à ce sujet. C’est déjà le cas de la Région, qui a voté son deuxième Spaser à l’unanimité fin 2022, intégrant les priorités sur l’emploi et la formation professionnelle, le transport décarboné, ou encore la transition énergétique. De son côté, l’État construit actuellement son Spaser interministériel, véritable document cadre et feuille de route pour l’ensemble de ses achats.
Et même Mag’Centre était là avec son stand et ses solutions dans le domaine qui est le sien. ©Magcentre
Mieux se connaître
Reste qu’acheteurs publics ou privés et entreprises de l’ESS souffrent encore d’un déficit d’interconnaissance, qu’il conviendra de combler au fil du temps. Pour engager ce mouvement dès à présent, l’après-midi du forum était d’ailleurs consacrée à un grand « speed-dating » entre offreurs de solutions régionaux (les entreprises de l’ESS présentes), et acheteurs divers qui sont leurs donneurs d’ordre. Une bonne vingtaine d’offreurs ont pu ainsi présenter à tour de rôle leur structure et leurs services, à travers des pitchs de 30 secondes, avant d’accueillir sur leurs stands les acheteurs intéressés.
Plus d’infos autrement :
L’Économie sociale et solidaire à la recherche d’une seconde jeunesse