Dès qu’il fredonne au débotté l’un de ses titres, on ne peut que prêter l’oreille à ce qui nous atteint. C’est de la lave douce qui vous foudroie d’authenticité. Auteur compositeur interprète, Manu Lorcat se noue d’amitié avec Pierre Billon, parolier et compositeur entre autres pour Michel Sardou et Johnny Hallyday. Ami de Rhoda Scott, qu’il suivit dans une de ses tournées américaines, Manu Lorcat aime à voyager, et tourne de nombreuses années en Martinique. Traces à succès de son parcours, deux disques ne tardent pas à voir le jour, l’un, éponyme, et l’autre intitulé “Terre d’asile”.
Aujourd’hui de retour en métropole, il se consacre à la création de son nouvel album, « Décollement de routine ».
Pour ce nouvel opus, cet artiste s’est entouré de paroliers tels que Jules Amel, Céline Clerfeuille, Pierre Billon et Bruno Gillet, fidèles compagnons de route, personnalités éloquentes et attentives rencontrées sur les chemins buissonniers de l’amitié et de l’émotion à partager.
A signaler que l’on retrouvera sur ce nouveau CD, quelques musiques d’Erick Simon et la voix de chanteuse australienne, Christy Wallace.
C’est à Saint-Jean-le-Blanc (45), au studio Nyiama de Térence Briand, ingénieur du son de haute volée internationale, créateur et chercheur à qui l’on doit entre autres certains enregistrements de Matthieu Boogaerts, Marcel Kanche, Bertrand Belin, Liz Van Deuq, Collection d’Arnell Andrea, Nano, Nicolas Jules, Kent, Initial SG ou encore Jacques Trupin, que Manu Lorcat enregistrera, là a mi-octobre, cet opus dont la sortie est prévue pour la fin 2017.
Pour la belle histoire, le guitariste Régis Savigny est le réalisateur et l’arrangeur de ce disque où l’on retrouvera, à ses côtés, des musiciens qui travaillent entre autres pour Charlélie Couture, Arthur H, ou encore Miossec. Nul doute que son coup de patte de velours fasse merveille.
Un répertoire brulant d’authenticité
Interprété avec une voix sortie des entrailles d’un rock généreux et mordant, un souffle mourant dans une intensité haletante, voici “Tu me disais”, instant de vie où l’on attend toujours de trouver “le chemin des portes de l’amour et d’espoir des lendemains”. Voici encore le réjouissant « Faute de mieux » titre teinté de fatalisme où l’on court après l’amour “comme une issue de secours”. Plus loin, place à « On fait comme on peut » où se posent les valises “sur les quais du destin”.
Ailleurs, on rencontrera cette « Memphis Belle » qui, en bout de piste a reçu du pilote de long-courrier ses“SOS et cris de détresse”. Très prenant est aussi ce “Tout au bout de l’autor” où “l’essence coule sur les remords”, ceux qu’évoque un chanteur amoureux parlant aussi d’une “terre si petite quand elle tourne sans elle.”
Enfin, d’autres jolies phrases de ce roadmoovie se gravent avec force en mémoire. « Y a des larmes qui ne sèchent qu’au vent, des rides qui ressemblent à du sang » chante alors Manu Lorcat dans un titre fleurant bon le sable du désert et la tôle de ces garages alambiqués à la Calvin Russel.
Point d’orgue de cette mélancolie vigoureuse à la voix forgée d’authenticité est “Géant aux pieds d’argile”, chanson où l’interprète avance que sous “les paillettes de l’artiste” demeure constamment “un bonheur qui rend triste”, titre d’ailleurs dédié à Johnny Hallyday.
Un nouvel envol empli d’émotion
A la terrasse d’un café d’Orléans , Manu Lorcat revient volontiers sur cette nouvelle aventure: “Travailler avec Terence Briand et Régis Savigny est le fruit d’une belle rencontre humaine et musicale où chacun savait de quoi nous avions à parler ensemble . Pour chaque chanson, j’aime la rigueur de l’écriture, la magie des mots et le sens de la phrase. Tout se fait parfois seul ou de manière collégiale. L’arrangeur nous ouvre sur la chorégraphie des instruments, il doit rester dans la ligne de conduite, garder l’essence du titre et faire en sorte que la musique amplifie l’émotion humaine et commune du départ.”
Pourquoi autant de prenante mélancolie dans ce nouvel opus ? « C’est pour les gens qui essaient d’être désespérément heureux », balaie d’un sourire Céline Gorget , comédienne fondatrice de la compagnie Poizon d’Avril qui a déjà monté avec Manu Lorcat différents spectacles où se mêlent avec bonheur danse théâtre humour et musique, à savoir “La vieille canaille”, “Les cinglés”, “Caravan Park”.
Aujourd’hui, avec “Décollement de routine”, Manu Lorcat va s’assurer, à la force du talent et du cœur, “une bonne poignée “ de nouveaux morceaux à offrir et à partager passionnément sur scène.
Un dernier propos accompagnant ce grand déménageur de vie ? Le voici: « Dans Décollement de routine, chacun peut picorer un petit truc et s’y retrouver. C’est ça, la variété ».
Jean-Dominique Burtin
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