Vol du reliquaire du cœur d’Anne de Bretagne : quelle sécurité pour les musées ?

Issue heureuse pour le reliquaire du cœur d’Anne de Bretagne retrouvé seulement 8 jours après le spectaculaire vol dans le musée Thomas-Dobrée à Nantes. En mars 2014, cette pièce d’orfèvrerie unique au monde avait pourtant fait le voyage de Nantes jusqu’au château royal de Blois pour y être admirée pendant trois semaines au sein d’une exposition sur les Funérailles d’Anne de Bretagne. Élisabeth Latrémolière, conservatrice en chef du château, lève un peu (mais pas trop) le voile sur les conditions de sécurité des œuvres dans les musées.

(c) F.S archives 2014.

Magcentre.fr : Quelle réaction tout d’abord à cette rocambolesque histoire du reliquaire volé puis rapidement retrouvé ? 

Élisabeth Latrémolière : Nous sommes ravis qu’il ait été retrouvé intact surtout ! Cette pièce est tellement unique, on a eu très peur ! On avait eu un vol au château de Blois, d’une peinture sur bois, elle a ensuite été détruite, c’est ce qu’on craint le plus dans ces moments-là. Une pièce d’orfèvrerie royale comme celle-là (1514, Ndlr), il n’y en a pas d’autre.

Magcentre.fr : On a quand même le sentiment d’une relative facilité de ce vol… 

É.L : Je ne dirai rien sur des confrères vous comprendrez bien… Ce que je peux vous dire c’est qu’en tant que Musée de France, nous sommes nous ici soumis à des systèmes de protection et anti-intrusions qui sont définis par des normes imposées par les Musées de France. Après, dans le cas de musées qui appartiennent à des collectivités, chacun choisit son système de détection et de protection. Il existe des conseillers qui peuvent d’ailleurs aider dans ce choix.

Magcentre.fr : Sans dévoiler tous les « secrets », quels sont-elles, ces protections ? 

É.L : On peut avoir des détections sur le bâtiment lui-même, sur les vitrines, et sur l’œuvre elle-même, avec un système de puce électronique qui permet de tracer l’œuvre rapidement en cas de disparition. Mais vous savez, ce qu’on craint en premier lieu ce sont les risques climatiques, ensuite les dégradations qui peuvent être faites en journée. C’est la mission première d’un conservateur, de s’assurer de la protection des œuvres dans la journée, quand tout est ouvert et qu’il y a du public. C’est à nous de décider du niveau de protection, qui augmente en cas d’exposition avec des œuvres prêtées.

Magcentre.fr : On imagine que ces conditions ont dû être draconiennes pour le transport du reliquaire d’Anne de Bretagne en mars 2014 lorsqu’il est venu de Nantes à Blois ! 

É.L : Le transport peut être accompagné par des équipes armées, à la manière des transports de fonds effectivement. Au château royal de Blois, on a une équipe de sécurité présente 24h/24, plus une surveillance extérieure, des cadres d’astreintes avec nos numéros de téléphone privés connus pour permettre de pouvoir en permanence pouvoir contacter quelqu’un. Mais je le répète pour nous le risque le plus important c’est en journée.

Magcentre.fr : Aucun système n’est pour autant infaillible… 

É.L : Non, on le voit. Le vol d’œuvres d’art est quelque chose de très spécial, dans le cas du reliquaire, on voit qu’on n’avait sans doute pas affaire à une bande bien organisée avec un réseau, sans ça on ne l’aurait pas retrouvé si rapidement. La protection est très bien organisée en France, avec l’Office central de lutte contre le trafic de bien culturels. Mais au préalable on adapte le niveau de protection selon les types d’objets conservés dans les musées.

Propos recueillis par F.Sabourin

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    23°C
  • mardi
    • matin 18°C
    • après midi 29°C
Copyright © MagCentre 2012-2025