La Gauche d’après doit être unie pour gagner les futures élections départementales, régionales puis présidentielles. C’est le message martelé par le Premier secrétaire du PS aux 2 500 élus et militants socialistes venus à Blois pour leur traditionnelle Université d’Été.
« Aucune aventure personnelle ne triomphera de l’élection présidentielle. Le projet commun social, écologique, démocratique, féministe et européen s’abreuvera à toutes les sources de la Gauche dans le dialogue et le respect mutuel. Ce programme de gouvernement sera établi avec les partis mais aussi les syndicats, les associations, ONG, les citoyens… l’ensemble des forces allant du Pacte de pouvoir de vivre au collectif Plus jamais ça », déclare Olivier Faure, le 29 août dernier lors du discours ponctuant les deux journées de l’Université du PS.
Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, ponctue par un discours largement applaudi l’Université d’été du PS à Blois, le 29 août 2020. © Jean-Luc Vezon
Ce discours de Blois, copieusement applaudi, restera peut-être l’acte I du rassemblement des forces de Gauche souhaitant gouverner et offrir une alternative au duel annoncé Macron-Le Pen. L’avenir le dira. Il reste que la présence massive des dirigeants d’EELV, leur leader Yannick Jadot en tête (1) et de représentants des alliés traditionnels (PRG, PC, Place publique, Génération.S) démontre que l’union fait son chemin dans les esprits.
Olivier Faure invite d’ailleurs ses amis à préparer d’ores et déjà les échéances régionales et à travailler ensemble sur un projet d’alternance. Dans un propos enflammé de 90 minutes, le député de Seine-et-Marne en décline les contours : justice écologique (« l’écologie sans la justice sociale se termine par les Gilets jaunes »), encadrement du progrès technologique, répartition des richesses, ou encore égalité hommes-femmes (« nous sommes socialistes donc féministes »).
Olivier Faure a conscience que « la crise place les socialistes devant leur responsabilité. Celle de rétablir l’État providence, d’agir pour l’environnement et la réduction des inégalités. Face à la paresse conservatrice, il faut changer de modèle. Notre pays se fragmente. La République n’a pas tenu ses promesses».
Co-présidente du comité d’organisation, Karine Gloanec Maurin s’est mobilisée pour faire de cette première Université d’été du PS à Blois une réussite. Du 28 au 30 août 2020. © Jean-Luc Vezon
« La République jusqu’au bout. La France n’a pas de couleur de peau ». Citant Jaurès, Olivier Faure incite les jeunes des quartiers à faire valoir leur droit de Français, à refuser le ghetto, car « il n’y a qu’une seule communauté de destin, la communauté nationale ». Étayé par sa propre histoire (sa mère est vietnamienne), le propos lui a valu une standing ovation. Il en a été de même quand le premier secrétaire a salué l’action de Najat Vallaud-Belkacem contre « le nationalisme vaccinal » et pour faire du futur vaccin contre le COVID-19 un bien public mondial accessible pour tous.
Les nombreuses victoires du bloc social et écologique aux Municipales sont naturellement un argument de poids en faveur du rassemblement pour le leader socialiste qui a salué plusieurs personnalités comme Johanna Roland, maire de Nantes, ou Olivia Fortin, élue à Marseille.
En politique expérimenté, il tape fort aussi sur le gouvernement et son président qualifié de « néo-libéral » : « le gouvernement met trois mois pour présenter son projet de relance mais quand il en présente les contours, ce n’est pas au Parlement mais devant le Medef ! Pour notre part, Valérie Rabot et Patrice Kanner, présidente et président des groupes socialistes à l’Assemblée et au Sénat ont sans tarder présenté un plan de rebond pour redonner confiance à nos concitoyens. »
Le printemps de la Gauche et de l’écologie
Au-delà des discours, cette première Université d’Été de Blois est, de l’avis de tous, une franche réussite. Frédérique Orain, premier fédéral efficace, discret, disponible et son équipe ont parfaitement rempli la feuille de route en proposant un programme de 60 débats et conférences animés par 200 intervenants parmi lesquels des figures médiatiques proches de la gauche comme Audrey Pulvar, Caroline Fourest, Thierry Ardisson ou Raphaël Glucksmann. À l’avant-garde de la réflexion collective, la fondation Jean-Jaurès dirigée par Gilles Finchelstein aiguillonne le débat d’idées.
Il y a aussi beaucoup de jeunes sur les bords de Loire (25 % de moins de 30 ans parmi les participants selon les organisateurs), signe d’un regain d’intérêt des jeunes générations pour les luttes sociales, environnementales, féministes et l’intégration.
« L’événement est parfaitement organisé, la Halle aux Grains constitue un cadre idéal pour les rencontres. Nous avons été très bien reçus à Blois. La ville de Marc Gricourt est une ville magnifique qui n’a rien à envier à La Rochelle où se tenaient historiquement les Universités du PS. En plus, il n’y a pas d’éléphants… ils sont à Beauval », plaisante un militant socialiste parisien heureux de la renaissance de son parti aux dernières élections municipales.
« Vous connaissez le chemin de Blois. Revenez-y. Mobilisons-nous, les victoires sont devant nous », lance la Loir-et-Chérienne Karine Gloanec Maurin, coprésidente du comité d’organisation avec Corinne Narassiguin, en introduction du discours de clôture. Un discours de fin d’été mais qui, pour Olivier Faure, doit marquer « le printemps de la Gauche et de l’écologie ».
Jean-Luc Vezon
(1) Eric Piolle, maire de Grenoble), Julien Bayou (secrétaire national d’EELV),Cécile Duflot ou Emmanuelle Cosse avaient fait le voyage à Blois. Charlier Fournier, candidat déclaré aux Régionales en région CVL était pour sa part absent.