Orléans: pour Jean-Philippe Grand, « il est temps de ranger les couteaux ! »

 

Jean-Philippe Grand, va se battre pour l’eau et la mobilité. Photo MagCentre

Le porte-parole des écologistes à la mairie et à la Métropole, conscient des difficultés budgétaires, approuve les premières orientations définies prises par le président Christophe Chaillou, notamment l’abandon du téléphérique ou la remise en cause du parc de bus électriques.

Il attend désormais des décisions fortes sur la mobilité, les pistes cyclables et pour le retour de la gestion de l’eau potable dans le domaine public. Il plaide également pour une gouvernance plus transparente, à l’inverse de la gestion d’Olivier Carré tout en s’interrogeant sur le jeu de Michel Martin.

Interview

La gouvernance de la Métropole s’est mise en route. Êtes-vous totalement en phase avec la nouvelle majorité ?

Jean-Philippe Grand : Notre groupe (« Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes ») rassemble des écologistes, des socialistes, d’anciens socialistes et des sans étiquette. Nous sommes pleinement dans la majorité qui a porté Christophe Chaillou à la présidence.

Il y a pourtant des dissensions !

J-P.G. : Jusqu’à présent la métropole a toujours fonctionné dans le consensus. Ce n’est plus totalement le cas notamment avec le groupe conduit par Matthieu Schlésinger le maire d’Olivet. Mais ce n’est pas une difficulté. Je crois que nous pouvons tous parvenir à un consensus sur les grands projets et les grandes décisions à prendre. Il est temps de ranger les couteaux et de travailler ensemble.

Des grands projets il n’y en aura plus !

J-P.G. : C’est vrai, le mandat va d’abord être consacré à l’achèvement des projets actuels, comme CO’Met car nous n’avons plus aucune marge de manœuvre financière. Nous n’avons plus les moyens d’en lancer de nouveaux, du moins de cette envergure. On a découvert des cadavres dans les placards, notamment des avenants à CO’Met qui, comme je l’avais dénoncé dans la campagne municipale, vont faire gonfler la facture de 100 à 140 millions d’euros. C’est la preuve des dysfonctionnements de la gouvernance passée : ces avenants ont été validés par l’ancien maire sans aucun contrôle démocratique. Jamais les élus n’ont été consultés sur ces avenants. Avec ce système on peut faire ce qu’on veut, sans aucun contrôle, sans vote sur les dépenses d’une collectivité. C’est vrai aussi sur le téléphérique, sur le Mobe.

« On peut s’interroger sur le jeu de Michel Martin »

Michel Matin, financier de la ville et de la Métropole a-t-il joué son rôle ?

J-P.G. : Il avait lancé quelques signaux sur les finances. Mais en se désolidarisant d’Olivier Carré il aurait donc dû démissionner de son poste d’adjoint chargé des finances. Était-il au courant des avenants signés par le maire ? Ce serait étonnant qu’il ne le soit pas. On peut s’interroger sur le jeu qu’il a joué.

Vous êtes d’accord avec l’abandon du téléphérique ?

J-P.G. : C’était une erreur et je l’ai combattue. On nous disait que ce téléphérique avait le même coût qu’une passerelle mais on oublie les 800 000 euros de fonctionnement annuel. Cela dit c’est un véritable gâchis avec 5 millions d’études réalisées et déjà payées et près de 2 millions qu’il faudra verser aux entreprises.

Cela remet-il en cause Interives ?

J-P.G. : Je ne crois pas qu’Interives soit dépendant entièrement de ce téléphérique. Cela dit il faut trouver une solution pour desservir la ZAC, peut être un encorbellement sur le pont proche ou alors des navettes électriques, autonomes, peut-être plus tard, pour desservir ce nouveau quartier. La priorité c’est de redéfinir les accès à la gare et d’en déplacer l’entrée vers l’Ouest, vers Interives. Alors on pourra repenser la desserte de ce quartier.

D’accord avec l’abandon de la cité musicale ?

J-P.G. : Le Conservatoire peut très bien rester en centre-ville, les Orléanais y sont sans doute attachés. La priorité c‘est de créer un nouvel équipement, « Astrolabe 2 » pour les musiques actuelles et de régler la question de la patinoire qui est une véritable passoire thermique. Cela peut se faire sur la friche du pont de l’Europe ou ailleurs.

Quel sera votre grand combat à la Métropole ?

J-P.G. : Celui de l’eau. Nous voulons abandonner la gestion privée au service d’une régie publique. Je suis convaincu que c’est la bonne solution, plus économique, plus écologique pour réduire le taux de fuite et plus sociale avec une baisse des tarifs. Les concessions doivent être renouvelées en 2023-2024 : il faut engager le processus dès maintenant. Ce sera un des éléments clefs des assises de la transition écologiques qui doivent se tenir début 2021.

D’autres priorités ?

J-P.G. : La mobilité d’abord. On voit que quelques pistes cyclables ont été pérennisées comme la traversée du pont George V, mais c’est loin d’être suffisant. Il faut être beaucoup plus ambitieux et volontariste. Nous allons jouer notre rôle pour une mobilité plus simple et plus douce. Ce sera un gros dossier du mandat.

Oui mais le réseau de bus 100% électrique n’est plus en odeur de sainteté

J-P.G. : C’était peut-être une bonne idée mais bien trop coûteuse. Cela dit il faut revoir entièrement le réseau de bus et son organisation. On maintient bien sûr les bus électriques livrés ou déjà commandés mais il faut revoir l’ensemble avec un réseau de transport à la demande (comme Abraysie à Saint Jean de Braye) grâce à des navettes électriques qui effectueront un rabattement vers les grandes lignes structurantes. Cela donnera un meilleur service, moins cher et plus efficient.

« Serge Grouard devra tenir ses engagements »

A Orléans êtes-vous en phase avec Serge Grouard ?

J-P.G. : Il a pris des engagements environnementaux forts durant la campagne électorale. Nous saurons lui rappeler qu’il doit appliquer son programme notamment sur les grands projets qu’il voulait « revisiter » comme l’aménagement des Groues.

Vous serez présent aux régionales de mars prochain ?

J-P.G. : Présent mais pas candidat. J’ai fait deux mandats à la Région. Selon mes engagements il n’y aura pas de troisième mandat. Les écologistes peuvent gagner en arrivant en tête de la gauche au premier tour comme cela s’est passé à Orléans aux municipales. Mais dès le soir du scrutin il faudra réaffirmer notre souci de rassemblement avec toute la gauche. Seul le rassemblement des écologistes et de la gauche peut permettre de gagner comme cela a été le cas à deux reprises.

Propos recueillis par Jean-Jacques Talpin

Commentaires

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  1. M. Grand prône le consensus, mais une métropole n’est pas un SIVOM, les enjeux financiers et politiques n’ont rien à voir avec les intercommunalités précédentes.
    L’alliance Chaillou-Grouard-Montillot c’est la négation du vote des électeurs qu’ils soient écologistes, de gauche ou de droite.

  2. je ne reconnais plus l’ambitieux candidat à la mairie d’une des principales villes de France …

  3. Jean-Philippe Grand devient l’allié objectif de Serge Grouard, dans son entreprise de déconstruction de la Métropole. Jamais, il ne sera maire d’Orléans.

    • De toutes façons, il n’aurait jamais été maire d’Orléans (prendre la peine d’analyser l’électorat orléanais) !
      J.P. Grand n’est pas aveugle, ni idiot et l’exemples des nouveaux maires des grandes villes ne l’a pas rassuré. Et puis avouons le, les candidats avec lesquels il s’était associé n’ont pas d’envergure, donc pas d’espoir “avec ceux là”, mais je ne veux vexer personne en écrivant cela !
      Maintenant, dans son for intérieur il est écologiste, pas extrémiste !
      Au lieu de se poser la question “que lui a promis Serge Grouard”, réfléchissons : quels échanges avec Yannick Jadot ?

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