Bourges : Et si on faisait le Mur ?

Une vingt-quatrième œuvre de street art colore actuellement la place André-Malraux. La performance visible du collectif Urb’Annale, le Mur de Bourges, côtoie les bas-reliefs de la vieille maison de la Culture classée aux Monuments historiques. Ou quand l’art éphémère rejoint le préservation du patrimoine architectural et historique.

En plein Printemps de Bourges 2017, Kashink était l’hôte du Mur. Photo FS

Qu’on se le dise, au pied du mur, aucun maçon. Et si certains pensent que c’est aussi au pied du maçon que l’on voit le mieux le mur, ils se trompent parfois. Là, des bombes de peinture sont encore dans les cartons. Une échelle modulable est appuyé sur une partie du mur déjà sec. Sous le regard des passants désormais habitués à voir les couleurs changer sur la vieille bâtisse, la fresque, la vingt-quatrième de ce type, Music trip est presque terminée. Près de la plaque de marbre qui rappelle l’inauguration du bâtiment par André Malraux le 18 avril 1964, son inscription à l’inventaire des monuments historiques le 12 août 1994 et que c’est Marcel Pinon (1900-1969), architecte DPLG qui s’est cogné les plans, la Parisienne Lady M met un dernier coup de pression de MTN 94 turquoise sur sa création. Inaugurée par André Malraux, à une époque où le street-art n’était même pas entré en phase de gestation, la maison de la culture en a connu des expos, des concerts, des débats, des pièces de théâtre pendant des décennies. Désormais c’est son entrée murée qui fait office elle-même d’œuvre d’art.

Depuis sa création par le collectif Urb’Annale en 2017, le M.U.R (Modulable Urbain Réactif) de Bourges utilise cette surface sur la façade du bâtiment maintenant classé monument historique. Tous les deux mois, le collectif berruyer propose une performance sur ce support de 42m². Le caractère éphémère du Mur berruyer, comme celui de beaucoup de graphes de rues peut troubler tout autant qu’intéresser. Voir une œuvre disparaître pour laisser place à une autre est cependant moins traumatisant que de la détruire pour laisser place au vide comme cela peut se faire ça et là.

La street artiste française Kaldea (Nakajima) a fait ses débuts en peinture sur toile avant de se lancer dans les œuvres de grandes dimensions. Crédits Le Mur

Une année 2021 consacrée aux femmes

C’est à partir d’un simple questionnement qu’Urb’Annale a quitté l’univers plus ou moins subversif du tag pour l’officiel graff. A l’issue de la biennale d’art de Bourges, les “comment” se sont empilés. « Comment promouvoir l’art contemporain chaque année ? Comment créer des rencontres entre artistes et citoyens, ouvrir nos quartiers, notre ville à des artistes et découvrir ce qu’ils peuvent proposer dans nos lieux de vie ? Comment ouvrir plus largement nos quartiers à l’art pictural par des performances en plein air : murs pérennes, bâtiments désaffectés et en attente de déconstruction ? » Le résultat c’est que depuis plusieurs années maintenant le collectif est engagé à rendre l’action possible dans l’organisation d’évènements d’art urbain, dans la création de rencontres et de performances artistiques dans la ville.

L’entrée fermée de la vieille maison de la culture est utilisée comme support pour les créateurs invités par le Mur de Bourges. Crédits Le Mur

L’entrée dans le M.U.R n’a donc rien d’une collision mais constitue bel et bien une absorption des gènes artistiques des uns et des autres. Ici comme ailleurs, les panneaux 4×3 façon rue Oberkampf à Paris ont cédé la place à des conventions avec les mairies. A Bourges, Urb’Annale a lancé le Mur de Bourges avec l’autorisation de la municipalité du maire de la dernière mandature, Pascal Blanc. L’accord a été reconduit avec la nouvelle municipalité de Yann Galut.

C’est l’artiste peintre et sculpteur Jean Faucheur qui a lancé la série, en Avril 2017, et donné, dans un heureux hasard, son numéro 18 au Mur de Bourges. On compte par ailleurs 25 Murs en France, et il existe une déclinaison au niveau européen. Première action officielle avec l’un des artistes fondateurs dans la démarche collective des M.U.R . Tous les deux mois, le M.U.R de Bourges retrouve un nouvel artiste devant son espace de 3,5 m x12 m. Pour 2021, après Kaldéa Nakajima c’est Lady M qui est venue fixer ses couleurs sur la MCB 1, et ce sont d’autres femmes qui devraient se succéder tout au long de l’année ou presque.

Lire aussi : Quand tombent l’art urbain et les graffs

La création d’un parcours ludique d’art urbain dans les quartiers du Val d’Auron à Bourges, les curioSITES du VAL, complète l’action du collectif. Là, on peint les marches de s immeubles. Là, on réalise une fresque pérenne sur un mur de la boulangerie du quartier. Là, on travaille l’art graphique avec les écoles. Là, au dessus d’un banc public, on créé une bulle pour la Saint Valentin afin de déclarer sa flamme ou montrer ses états d’âme.

Autant de démarches qui ont pour but de partager la poésie de la rue avec tout à chacun, partout, et sous toutes les formes artistiques. Une popularisation de l’art décidément bien urbaine, n’est-il pas ?

Fabrice Simoes

Une bulle sur un mur qui… Crédits Le Mur

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