À Orléans, un climat politique de plus en plus délétère

 
 
[Billet] La semaine politique s’achève par une agression perpétrée à l’encontre des occupants du théâtre d’Orléans. Événement qui arrive dans un climat tendu dû notamment aux positions inquiétantes du maire d’Orléans.
 
L’agression des occupantes, occupants et intermittents du théâtre d’Orléans dans la nuit du 8 au 9 mai, agression qui a provoqué l’envoi de trois personnes aux urgences, n’intervient pas dans un ciel serein et vient boucler une longue semaine d’actualités locales tendues.
 

L’arrestation du militant tatoué Photo dr

 
Ainsi, quelques heures avant cette agression, le samedi 8 mai après midi, des militants de la droite identitaire et des catholiques intégristes se retrouvaient place du Martroi pour célébrer, à leur manière, « Sainte Jeanne d’Arc ». Dans le rassemblement, animé à grand renfort de cors de chasse et de chants patriotiques, trônait un jeune adulte sans masque arborant un tatouage toile d’araignée s’achevant par une croix gammée. Rien de moins. Il est à noter qu’il ne s’agissait pas du tout d’une personne extérieure isolée qui serait arrivée là par provocation, mais bien d’un identitaire connu et reconnu qui a échangé dans la bonne humeur et à plusieurs reprises avec de nombreuses personnes présentes sous le soleil exactement.
Après avoir été alertés (et non de leur propre fait, comme faussement indiqué par certains médias), les policiers ont fini par l’interpeler après une longue valse hésitation. « Ils étaient gênés et ne savaient pas trop quoi faire », confie celui qui a le premier aperçu la croix gammée. Autre preuve d’une parfaite osmose entre le militant identitaire et la petite foule présente, quand les policiers l’ont emmené vers le fourgon, plusieurs aficionados de la Pucelle ont courageusement lancé, à l’adresse des policiers : « Arrêtez-moi, moi aussi j’ai une croix gammée tatouée! ». Hilarant. 
 

En fait, si tout ce petit monde se réunissait en marge des Fêtes Jeanne d’Arc, c’était aussi pour faire payer à Serge Grouard, le très droitier maire LR d’Orléans, la désorganisation de ces fêtes, millésime 2021.

Cause Covid, en lieu et place du séculaire défilé populaire, l’édile avait envisagé de refourguer un publi-reportage à l’antenne régionale de France 3 avant que son projet ne tombe dans la Loire suite aux révélations du Canard Enchaîné. Furieux et vengeur comme il sait l’être, Serge Grouard avait alors participé, avec Pascal Praud (CNews), à une véritable chasse à l’homme, livrant à la vindicte populaire le nom du directeur de l’antenne régionale qui avait courageusement mis un point final à ce fiasco. Résultat, ce dernier a reçu nombre de menaces de mort, sa direction envisageant sérieusement de demander l’octroi d’une protection policière. L’affaire n’aurait pas été parfaite si, invité sans trop de contradiction sur une radio locale, le maire n’avait tout simplement inverser les rôles en assurant que c’était lui la victime. Ce culot.   

Pour parfaire le tout, Serge Grouard, qui pointe plusieurs fois par mois dans les studios de médias aussi irréprochables que CNews (Zemmour and co) ou Sud Radio (Bercoff and co), a accepté de siéger aimablement aux cotés de « SAR le Prince Jean, Comte de Paris » (sic) accessoirement descendant des rois de France et prétendant au trône restauré. Et qui avait une place au premier rang à l’occasion de la cérémonie religieuse donnée en la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans par l’évêché, ce 8 mai au matin. Tandis que Jean-Pierre Sueur, sénateur socialiste du Loiret, était relégué en troisième rang avant  de retrouver, après protestation, sa place au premier rang.  

Après cette édition 2021 des Fêtes Jeanne d’Arc, Serge Grouard restera le maire qui, historiquement, aura été le premier à fracturer à ce point la concorde qui prévaut chaque année à l’occasion de ces célébrations. C’est un exploit qui force l’admiration et le respect.   

Et que penser de tous ces efforts déployés par Serge Grouard pour cocher toutes ces cases extrêmes-droitières, et voir cette même extrême-droite minauder, voire jouer la carte de l’ingratitude totale ? C’est à vous décourager d’avoir son rond de serviette sur le plateau de CNews.  

Mourad Guichard

Commentaires

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  1. Si on empile tous ces évènements et qu’on les relie entre eux selon un principe de causalité linéaire, on fait effectivement peser sur Serge Grouard une assez lourde responsabilité, celle d’avoir semé la division à un moment supposé être celui du rassemblement, et d’avoir suscité la mobilisation de l’extrême droite locale , ce que confirme encore l’agression nocturne survenue au théâtre. Je suis assez partisan de retenir le principe de causalité linéaire en matière politique, parce que les hommes et les femmes politiques savent très bien que les propos qu’ils tiennent produisent des effets.

  2. On ne peut pas dire qu’on ne savait pas à quoi s’attendre. On a soupé du Grouard pendant près de 15 ans. Alors, de mon point de vue, les Orléanais et Orléanaises qui ont glissé un bulletin de vote à son nom dans l’urne portent une lourde responsabilité, au moins autant que ceux qui ne se sont pas déplacés pour voter. On a vu ce que ça a donné ensuite à la Métropole.
    Il y avait d’autres choix, et chacun d’entre nous pouvait changer la donne.
    Je fais partie de celles et ceux qui n’ont pas voté Carré (pas plus que Grouard, tiens), mais on ne peut qu’observer que l’ambition semble bel et bien d’effacer le bilan, de défaire ce qui a été fait, “quoi qu’il en coûte” comme dirait l’autre.
    En discutant par-ci par-là, je les trouve bien indulgents, ces Orléanais, pas vraiment conscients des ambitions nationales de notre élu, davantage intéressés par des préoccupations archi-locales, qui du sort des oiseaux, qui du ravalement des façades.
    Pas sûr que ceux-ci mesurent sa droitisation décomplexée, ni même le peu d’intérêt qu’il porte à notre ville depuis sa réélection, plus occupé qu’il est à parcourir les plateaux télé (ce qu’il reprochait à Carré dans l’affaire des notes de frais d’ailleurs !) qu’à faire d’Orléans-ville jardin la ville du futur, tournée vers ses habitants et vers une économie plus verte.
    Quant au machin-chose qui a coûté 25000€ au contribuable, avant de crier à la censure, les censeurs auraient mieux fait de regarder ce piètre truc qu’on ne peut ni qualifier de documentaire, ni de film institutionnel tant il est médiocre et qu’il ne fait honneur ni à Jeanne, ni à notre belle Orléans.

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