Meilleur ouvrier de France : Jean-Paul Imbault, vrai mensonge et faux “quiproquo”

Depuis la révélation par Magcentre du faux titre de Meilleur ouvrier de France (MOF) mis en avant par l’horticulteur et homme politique orléanais Jean-Paul Imbault depuis un demi-siècle, la classe politique, mais aussi de nombreux professionnels ont fait part de leur stupéfaction. 

Jean-Paul Imbault, 13e adjoint au maire d’Orléans, lors du conseil municipal du 20 mai 2020. Photo Mourad Guichard

La révélation du faux titre de Meilleur ouvrier de France (MOF) exhibé depuis plus d’un demi-siècle par Jean-Paul Imbault, a fait et continue de faire des vagues dans le milieu orléanais. C’est le parti communiste local qui a dégainé le premier un communiqué appelant, ce mercredi, à sa démission : « Pendant plus de 50 ans, M. Imbault a bâti sa carrière politique sur un mensonge (…) La section PCF d’Orléans condamne ces mensonges et demande donc à Jean-Paul Imbault de démissionner de tous ses mandats politiques ».

Ce même jour, ce fut au tour du Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes (RCGE) d’Orléans de réagir. Le groupe d’opposition municipale a rappelé que « l’usurpation du titre de Meilleur ouvrier de France est un délit pénal grave selon l’article 433-17 du code pénal. Elle est surtout une insulte à tous les candidats et lauréats qui ont obtenu ce titre par leur seul travail et talent. Elle est déshonorante et pose la question de la probité nécessaire à l’exercice de responsabilités publiques ».

« Ça fait mal d’entendre ça, que toute sa carrière repose sur un mensonge »,

Laurent Calmanovici, président des MOF du Loiret.

« Il serait bienvenue de présenter des excuses aux véritables MOF », a redit Annick Guillaume-Ipcar, présidente régionale de l’institution, tandis que Laurent Calmanovici, son homologue loirétain, par ailleurs membre de jury, a fait part de sa stupéfaction : « Ça fait mal d’entendre ça, que toute sa carrière repose sur un mensonge. Du coup, pourquoi devrions-nous passer un concours qui nécessite 1.500 heures de travail alors que d’autres se l’attribuent à tort ? ».

De son côté, le Modem Loiret a fait part de sa « tristesse » et de sa « déception ». « Nous portons un regard particulier sur la valeur travail et sur l’apprentissage », a insisté Jean-Pierre Delpuech, le responsable départemental du mouvement. « Ce monsieur Imbault a porté des conseils pratiques et légers, mais présentait de fait une qualification usurpée. On est d’ailleurs en droit de se demander s’il cache d’autres mensonges. Ce monsieur devrait retourner au jardin et laisser sa place ».

L’acteur politique, tout comme de nombreux MOF, réclame a minima des explications, voire des excuses, notamment de la station France Bleu Orléans qui l’héberge depuis plusieurs années. Contactée par Magcentre, l’antenne locale a réaffirmé son attachement à l’élu Les Républicains au travers d’un communiqué lunaire et lacunaire : « Jean-Paul Imbault dispense ses conseils depuis 15 ans à France Bleu Orléans. L’affection et la fidélité de nos auditeurs sont là pour attester, si besoin était, de l’extraordinaire connaissance qu’a notre jardinier du monde végétal. Nul doute que pour eux et pour nous, il est le meilleur jardinier qui soit… avec ou sans médailles » (sic). Les véritables titulaires du MOF apprécieront de nouveau ce passe-droit.

Un “quiproquo”… ou pas

Pour sa part, Serge Grouard, maire d’Orléans, parle d’un possible « quiproquo », lors du conseil municipal du 20 mai. Une théorie boiteuse. En effet, contacté par Magcentre, Raphaël Le Rallier, directeur des Editions Sutton (Indre-et-Loire) qui a publié en mars 2021 un nouvel ouvrage du mystificateur et « étonné » de nos révélations, précise que « les maquettes des livres sont envoyées aux auteurs pour avoir le BAT (bon à tirer) » donc, in fine, c’est l’auteur qui valide en toute connaissance de cause. Il ajoute avoir « repris les informations trouvées dans la presse et non démenties par l’intéressé ».

C’est sur un terrain judiciaire que devrait se poursuivre le feuilleton Imbault. En effet, depuis 1935, le MOF n’est plus un titre, mais bel et bien un diplôme d’État relevant de l’Éducation nationale. Celle-ci est donc tout à fait habilité à engager des poursuites et serait, selon nos informations, en train d’étudier cette piste. 

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Mourad Guichard et Elodie Cerqueira

Commentaires

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  1. Faudrait quand même pas qu’on attende qu’il aie 80 ans, pour qu’on s’occupe de son cas, car arrivé à un certain âge, la justice a du mal à se faire ferme avec les auteurs d’infractions… Toutes proportions gardées, souvenez vous, , Mr Balkany “fut un bon maire”, comme Mr Papon “un bon préfet, et même un bon ministre…”
    Les cheveux blancs, quand il vous en reste, n’excusent pas la malhonnêteté intellectuelle : un “quiproquo”, comme dit Mr Grouard qui est un honnête homme plutôt ferme, ça dure pas toute une vie…
    Pourquoi un honnête homme protégerait-il un menteur ?
    Quel intérêt ?
    Un enseignement vieux de 2000 ans ne dit-il pas “séparer le bon grain de l’ivraie”, ce qui est vraiment un minimum d’éthique pour un jardinier…

  2. Vu son âge, une démission et un retrait de la vie politique me semble suffisants comme sanction de ses mensonges.

  3. ça fait mauvais effet, tout cela ! L’usurpation de titres dans d’autres situations, par exemple la médecine, ça peut coûter cher. Bon, M. Imbault ne soigne pas des malades mais des salades et autres légumes et fruits, mais quand même.

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