Orléans: un moment de pur plaisir avec les Folies Françoises

Salle de l’Institut, samedi 19 juin, 19h. La salle se remplit doucement, les spectateurs prennent leurs
places réservées et distanciées, discrètement accompagnés par les administratrices des Folies Françoises.
Des coulisses, filtrent quelque notes du violon qui s’échauffe. Moment d’attente…

Puis c’est l’entrée des artistes.

Comme à son habitude le trio des Folies Françoises s’accorde longuement, dans une écoute profonde et
communicative qui place la salle dans un état de réceptivité totale. Tout est prêt, que la musique
commence.

Le trio des Folies Françoises s’accorde avant le concert. Photo Anne-Cécile Chapuis

Et celle-ci prend toute sa place dans la belle salle de l’Institut. Ses ors, ses courbes, ses miroirs semblent
avoir été créés pour accueillir cette musique du XVIIe siècle, offrant un écrin tant acoustique que visuel
aux sonorités pures du violon, violoncelle et clavecin.
Instant de retrouvailles entre le « noyau dur » des Folies Françoises, ces trois musiciens qui en sont à
l’origine en 2000, et le public, fidèle depuis 20 ans à cet ensemble d’exception.

Une musique à danser.

Sous le règne de Louis XIV, la danse était première. Le roi dansait, et les violonistes étaient des « maitres
à danser », d’où la forme « suite française » où l’on retrouve les enchaînements connus de prélude,
allemande, courante, sarabande, gigue.
Ici, c’est sous l’inspiration de Jean-Ferry Rebel (1666-1747) que nous sommes entraînés dans ces, « pas
de danse » qui font alterner mouvements rythmés ou adagio, et donnent la parole à chacun des
instruments.
Puis le clavecin sous les doigts agiles et experts de Béatrice Martin nous offre une passacaille de Lully où
l’alternance est également de rigueur, entre des passages où le clavecin sonne comme un orchestre et ceux
plus légers où l’on croit entendre des clochettes tintinnabuler…
C’est ensuite avec François Couperin (1668-1733) et le trio à nouveau réuni que se clôt la première partie.
Et l’on sent déjà poindre la transition avec ce qui va suivre, avec des rythmes soutenus par des grands
coups d’archet, un violon qui parfois se détache du trio, un clavecin qui relance, et une étonnante
« Musette »construite comme une chanson, souvenance d’un passé qui s’efface.

L’influence de l’Italie

Sous l’influence du Régent Philippe d’Orléans, la musique française tend l’oreille vers l’Italie, « l’écriture musicale se libère et le violoniste, alors maître à danser, devient virtuose » nous explique Patrick Cohen-Akénine, violoniste et directeur artistique des Folies Françaises.
Jean-Marie Leclair (1697-1764) en fait la transition, après son voyage en Italie dont il revient transformé.
Sa sonate du troisième livre offre en effet de grands effets virtuoses, sans pour autant occulter de beaux passages pleins d’émotion.
C’est ensuite une sonate de jean-Baptiste Barrière (1707-1747) qui fait la part belle au violoncelle à 5 cordes. Une chanterelle a été ajoutée aux quatre cordes traditionnelles, pour plus d’effets et d’envolées dont François Poly ne nous prive pas.
Le dernier morceau s’intitule « les sons harmoniques » de Jean-Joseph de Mondonville (1711-1772) C’est un morceau assez « subjuguant » dans lequel le compositeur explore les possibilités sonores du violon avec ces fameuses «harmoniques », là où le doigt effleure la corde à des endroits précis pour la faire sonner à l’octave. Patrick Cohen-Akénine les met en valeur, en les faisant contraster avec des petites notes en spiccato (détaché léger où l’archet fait comme des ricochets sur la corde) Du grand art.

Sourires après un moment de pure musique partagée. Photo Anne-Cécile Chapuis


La salle est conquise. Pas un bruit, une grande qualité d’écoute, un temps comme suspendu, avant que ne
déferlent les applaudissements, longs et chaleureux. Comme un merci à ce bel ensemble qui, en résidence à Orléans,
sait y soigner le public local, entre des prestations, individuelles ou collectives, qui les entraînent dans
tous les pays du monde.
Un bis nous est offert « pour la route » avec une pièce de Jean-Marie Leclair qui termine la soirée, comme elle a commencé, dans la tonalité de Ré majeur.
Un bien beau moment essentiel qu’on ne demande qu’à prolonger, et nous attendons avec impatience la reprise avec « un événement exceptionnel » annoncé pour le 16 septembre.

Le mystère est entier mais nous y serons !

Anne-Cécile Chapuis

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Les Folies Françoises

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