[Orléans] Comment partager les fruits d’une bonne gestion ?

Malgré la crise sanitaire et économique, la ville a fait mieux que tenir le choc en dégageant un haut niveau d’investissement et d’épargne. Le conseil municipal s’est penché lundi soir sur le sort à donner à ces excédents : investir notamment dans la culture comme le réclame la gauche, attendre et préparer de grands projets comme le préconise la majorité municipale.

Mairie d’Orléans. Photo Mourad Guichard

O miracle ! Lors de la dernière campagne municipale l’équipe de Serge Grouard n’avait pas manqué de fustiger le maire Olivier Carré accusé de dilapider les rares euros présents dans la caisse, de flirter avec la faillite. Bref Orléans était une ville très mal gérée, au bord de la banqueroute !

Surprise lundi soir lors du conseil municipal quand les élus ont découvert qu’Orléans était une ville bien (très bien ?) gérée financièrement. L’examen du compte administratif 2020 aligne en effet des ratios plus que positifs : un niveau d’investissements de 43,8 millions autofinancés à 80%, une épargne disponible de 21 millions d’euros, une dette de 86 millions d’euros pouvant être remboursée en trois ans (alors que la limite est de 12 ans).

La ville est donc dans une bonne santé, financière du moins, et cela sans avoir augmenté les taux d’imposition depuis 1996. Certes la crise sanitaire a couté cinq millions d’euros en pertes de recettes mais dans le même temps la ville économisait trois millions en non évènements. Une occasion pour l’opposition par la voix d’Emmanuel Duplessy de regretter que ces « économies » n’aient pas été réinvesties dans la culture ou les écoles.

Le « mauvais choix » des Vinaigreries

Même partition pour Ghislaine Kounowski qui dénonce l’immobilisme culturel de la ville : « Les Vinaigreries sont arrêtées, la cité de la musique est arrêtée, le nouvel Astrolabe aussi, une ville dynamique est une ville qui investit pour être attractive ». 

« L’argent vous brule-t-il le doigts », s’interroge en écho Charles-Éric Lemaignen alors que Michel Martin dénonce les « mauvais » projets qu’étaient les Vinaigreries et la salle des musiques actuelles.  Ludovic Bourreau (membre du groupe Ensemble pour Orléans) dénonce lui aussi l’abandon des Vinaigreries et des arts plastiques. « L’écosystème des arts plastiques est dévasté à Orléans, insiste-t-il, il n’y a plus de galerie, les Vinaigreries répondaient à cette demande. Il faut une galerie d’art municipale ». Une nouvelle fois Serge Grouard répond que « les Vinaigreries n’étaient pas un concept pertinent. Les artistes n’ont pas besoin d’ateliers, ils en ont déjà, ce qu’ils veulent c’est des clients ! » Le maire ne ferme toutefois pas la porte à une idée de galerie municipale d’art.

Scandale à l’Aselqo ?

Serge Grouard ne pouvait pas être sur une autre longueur d’onde. « La bonne santé de la ville n’est pas contestée », insiste le maire, mais pas question de gonfler « comme l’État » une dette non maitrisée. Pas question non plus d’accepter les accusations d’immobilisme : « Pour l’avenir, il faut investir mais avancer avec prudence. L’astrolabe on y travaille, le Conservatoire aussi, on travaille sur le projet des Halles Châtelet et de la reprise des mails. » Dans ce panorama l’Astrolabe fait désordre.

Un rapport a montré que l’Aselqo l’association, qui gère des activités sociales, éducatives et de loisirs, avait bien besoin de leçons de gestion. Un rapport a notamment montré que l’équipe de direction s’administrait de grassouillettes primes allant jusqu’à 25 000 euros. « Ce sont des sommes choquantes, a dénoncé Florent Montillot premier vice-président de l’association, le directeur a été mis à pied avant son licenciement. » Alors qu’un audit est en cours Serge Grouard affirme aussi sa colère : « Si des gens se gavent cela ne va pas durer. Je veux que l’on fasse le point sur toutes les structures qui gravitent autour de la ville. » Question : comment la direction de l’Aselqo a-t-elle pu se « gaver » alors que quatre élus de la ville siègent au bureau de l’association ?

Allez voir ailleurs qu’aux Groues !

Dans la pratique du conseil municipal, les vœux émanent quasi exclusivement de l’opposition pour dénoncer tel ou tel projet. Cette fois c’est la majorité municipale qui a émis et voté un vœu demandant que le projet de centre de sortie des détenus, prévu aux Groues, soit transféré près du centre pénitentiaire à Saran. L’État veut en effet implanter ce centre (et peut être plus) dans l’écoquartier à la place d’une « ferme solaire » que la ville veut installer.

Dominique Tripet (PCF) reconnait que les Groues ne sont pas un bon site tout en s’inquiétant du renvoi de ce centre vers Saran, sans consultation de cette ville. Jean-Philippe Grand de son côté doute de la pertinence d’une « ferme solaire » alors qu’il faudrait au contraire développer le photovoltaïque sur les bâtiments publics.

Un débat apaisé cependant. Il est vrai que Serge Grouard désormais à la tête d’une armée de battus aux récentes élections (Jean-Paul Imbault, Olivier Geffroy, Nathalie Kerrien, Bénédicte Barruel, Florence Carré) doit tenir compte d’un nouveau rapport de forces au profit de la gauche avec la présence de deux conseillers départementaux d’opposition (Dominique Tripet et Baptiste Chapuis) au sein du conseil.

Jean Jacques Talpin

Commentaires

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  1. “Question : comment la direction de l’Aselqo a-t-elle pu se « gaver » alors que quatre élus de la ville siègent au bureau de l’association ?” : je vous remercie de poser la question.

    Y aura-t-il quelqu’un pour répondre ?

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