Les enfants souffrent aussi des violences conjugales

En cette Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, les collectivités locales se mobilisent. Ainsi, le département du Loiret a lancé en novembre une campagne sur les répercussions des violences intra-familiales sur les enfants.

par Sophie Deschamps

Le Loiret a de nombreux partenaires institutionnels et associatifs pour lutter contre les violences intra-familiales. Photo cd45

Face à une forte augmentation en 2021 partout en France et dans le Loiret des violences conjugales, le département du Loiret se mobilise pour lutter contre ce fléau qui a tué 102 femmes et 14 enfants l’an passé sans oublier les agressions. Car si les enfants sont malheureusement parfois directement concernés par ces violences intra-familiales, ils le sont aussi indirectement avec des impacts psychologiques mais aussi souvent économiques sur leur vie quotidienne, notamment quand leur mère doit quitter précipitamment le domicile conjugal. D’où une campagne de sensibilisation du Conseil Départemental du Loiret en novembre avec ce slogan : «Vous subissez des violences, vos enfants souffrent aussi ». 

Pour Marc Gaudet, président du Conseil Départemental du Loiret, les choses sont claires et nettes : « Il faut à tout prix éviter la banalisation de ces violences et certaines blagues graveleuses que l’on a pu entendre. Ces violences se produisent en ville et à la campagne, donc pas question de stigmatiser un territoire en particulier même si les difficultés peuvent être plus grandes à certains endroits car rappelons que les violences conjugales sont pratiquées dans tous les milieux » L’idée est donc d’en parler ce 25 novembre pour mieux agir et rappeler aussi que nous sommes toutes et et tous concerné(e)s.

Des outils variés pour sensibiliser aux violences

Les actions sont, elles, concrètes et multiples : distribution d’un ruban blanc à porter sur soi pour montrer que l’on est sensible à la cause des enfants. Ce sont aussi des monuments éclairés en orange pour les communes et les collectivités locales qui le souhaitent. L’orange est en effet la couleur choisie depuis 2014 pour symboliser universellement cette lutte, même si certaines associations féministes ont choisi le violet.

Le Loiret vient d’adapter le violentomètre aux enfants. Photo Sophie Deschamps

Autre outil de lutte contre les violences faites aux femmes, le violentomètre. Créé en 2019 en Amérique Latine, les services du Loiret viennent de l’adapter aux enfants, une première en France. Un outil précieux d’évaluation de la graduation de la violence quand on sait que deux enfants sur trois ne présentent pas de signes d’alerte notamment face à de fortes violences. Il convient aussi d’être attentifs aux signaux, et ils sont nombreux, qui doivent alerter : anxiété, stress, repli sur soi, agressivité, troubles alimentaires et du sommeil, difficultés scolaires ou bien encore maux de tête ou de ventre. Ce violentomètre va être distribué aux professionnels de l’enfance du Loiret : infirmières dans les collèges, dans les  PMI mais aussi aux animateurs des centres de loisirs. Il sera également reproduit sur 30 000 sacs à pain dans sept villes du Loiret.

Le 3919 en cas d’urgence

De plus, le Loiret consacre une page entière de son site aux violences conjugales en indiquant notamment les numéros d’urgence dont le 3919 violences femmes info, confidentiel et gratuit mais aussi le cycle de la violence conjugale qui oscille entre lune de miel, justification, tension et crise. Par ailleurs un dépliant rappelle aux victimes qu’elles ne sont pas seules. Il donne de précieuses adresses et numéros de téléphones pour être accompagné(e)s et aidé(e)s. Des conseils sont aussi dispensés pour prévenir un épisode de violence conjugale et/ou pour mieux réagir pendant. 

Toutefois, les associations demandent des dispositifs supplémentaires au département et à l’État pour prévenir et lutter plus efficacement contre les violences comme la création d’un Observatoire des violences dans le Loiret afin de pouvoir analyser plus finement les chiffres. Mais aussi un référent commun police/gendarmerie comme c’est déjà le cas à Nantes.

La règle des 5 D

Il est aussi très important que nous puissions toutes et tous agir lorsque nous sommes témoins de ces violences dans la rue, les transports ou dans l’appartement voisin du nôtre. Car il ne s’agit en aucun cas d’une affaire privée dont nous ne voulons pas nous mêler mais bien de non-assistance à personne en danger. Toutefois, il est difficile de réagir spontanément à un fait de violence qui peut déclencher une forme de sidération. Des formations existent pour mieux y faire face avec notamment l’apprentissage de la règle des 5 D : distraire, déléguer, documenter, diriger, dialoguer. Comme l’indique Sophie Pourin, coordinatrice du planning familial du Loiret « un regard extérieur peut parfois suffire à faire baisser la violence. Par ailleurs les violences ont souvent tendance à être sous-estimées par les victimes. Elles n’ont pas toujours conscience que ce qu’elles vivent est inacceptable.» 

Marche # Nous Toutes 20 novembre 2021 à Paris. Photo Sophie Deschamps

Quatre intervenant(e)s aident les policiers et les gendarmes

Il n’est pas toujours facile non plus pour une femme d’aller porter plainte après une agression surtout si elle est reçue par un homme policier ou gendarme. Cet accueil des femmes victimes est toutefois désormais intégré dans la formation des forces de l’ordre. De plus quatre intervenant(e)s sociaux et sociales (trois femmes et un homme) sont déployé(e)s dans les gendarmeries et commissariats du Loiret à l’instar de Céline Talbot qui a pris son poste en juin 2021 sur les compagnies de gendarmerie d’Orléans et de Pithiviers : « Nous sommes sollicité(e)s par les gendarmes qui interviennent à domicile mais aussi en brigade. Ils font aussi appel à nous quand ils décèlent de la vulnérabilité, de la précarité ou qu’ils soupçonnent des violences intra-familiales. Donc, je peux vous dire que nous étions très attendu(e)s. »

À lire aussi : Orléans très impliquée dans la lutte contre les violences conjugales

Le pont de Châteauneuf sur Loire éclairé en orange en novembre en solidarité avec les violences faites aux femmes et aux enfants. Photo cd45

Des événements dans la Métropole d’Orléans

À Orléans, une marche nocturne est prévue ce jeudi 25 novembre 2021 à 18h30 au départ de la place de la République. Une initiative d’Offensive féministe 45, relayée par Nous Toutes 45.

À Saint-Jean-de-la-Ruelle, la façade de la mairie est éclairée en orange toute la semaine et la pièce de théâtre « La cave » sera jouée le samedi 27 novembre 2021 à 18h à l’auditorium de la maison de la musique et de la danse « pour pousser le spectateur à s’interroger sur sa propre violence ».

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