Ghislaine Kounowski (PS)« il faut réguler la liberté d’installation des médecins ! »

Pharmacienne intérimaire dans le sud d’Orléans cette conseillère municipale socialiste entend porter le fer chez les opposants à la libre installation des médecins. Pressentie pour porter les couleurs socialistes dans la 1ère circonscription du Loiret elle veut faire de cette question un enjeu capital pour une médecine égalitaire et le droit à la santé pour tous…

Propos recueillis par Jean Jacques Talpin

Mc Pourquoi voulez-vous vous emparer de ce débat sur la santé ?

Ghislaine Kounowski: Parce que l’on voit bien que c’est une des préoccupations majeures des Français. Depuis 10 ans l’accès à la santé est de plus en plus difficile et de plus en plus inégalitaire. Il faut se battre contre ces inégalités qui se creusent, contre la désertification médicale avec des maladies non traitées, des familles sans médecin. A Orléans nous subissons une double ou une triple peine : pas de mer, pas de montagne, pas de CHU pour retenir les étudiants et les médecins. Le droit à la santé est pourtant un droit primordial défini à la sortie de la guerre par le Conseil national de la résistance.

Mc L’annonce de la création d’un CHU et d’une faculté de médecine à Orléans est donc une grande nouvelle ?

GK Oui elle résulte de la mobilisation des médecins locaux appuyés par des élus de tous bords politiques et notamment par le conseil régional. La décision de Jean Castex est d’autant plus forte que ses services y étaient opposés. Mais il faut attendre les résultats de la mission d’inspection avant de crier véritablement victoire. Car il ne suffit pas d’avoir des étudiants en médecine de 1ère année, il en faut aussi en 2ème, en 3ème, en 4ème…

Mc L’avenir est donc assuré à long terme ?

GK Il faut au moins 7 à 8 ans pour former un médecin. Mais il faut aussi révolutionner la formation des généralistes afin qu’elle ne soit plus hospitalo-centrée et plus ouverte sur les territoires. D’autres décisions vont dans le bon sens comme la formation de 500 médecins par an au lieu de 300, le développement des infirmiers en pratique avancée (IPA).


Mc Pourtant vous maintenez votre cri d’alarme pour le court terme ?

GK Oui, il nous faut des réponses très rapides surtout s’il faut attendre 8 à 10 ans avant de voir ces nouveaux médecins. Bien sûr des dispositifs nouveaux ont été lancés : aide aux maisons médicales de santé, création de centres de santé municipaux, aides à l’installation qui peuvent atteindre 50 000 euros mais ce qui entraîne une concurrence entre territoires. Il y a aussi le salariat lancé notamment par la région Centre. Ce sont des réponses concrètes mais insuffisantes. Il faut donc trouver d’autres solutions.

MC Lesquelles ?

GK Il faut des solutions d’urgence : pourquoi ne pas appliquer aux médecins le système des pharmaciens qui ne peuvent s’installer librement et qui sont soumis à des quotas de population. Il faut donc réguler la liberté d’installation des médecins de façon transitoire, le temps que les nouveaux médecins formés à Orléans arrivent. On peut envisager 1 ou 2 années sur le terrain en fin de formation des étudiants ou des conventionnements différents en fonction des zones d’installation.

Mc C’est un système qui rencontre beaucoup d’oppositions !

GK C’est vrai, le conservatisme et le corporatisme des médecins sont très forts alors que les médecins sont partout, dans toutes les instances y compris chez les élus et au Parlement. Il y a une vraie résistance des médecins. Ils devraient pourtant faire preuve de solidarité, ne pas oublier qu’ils vivent avec de l’argent public et avec les cotisations de leurs patients.

Mc Y-a-t-il des solutions intermédiaires ?

GK Je ne suis pas une doctrinaire, il y a une situation. catastrophique et donc urgence. Mais y-a t-il d’autres solutions ? Je ne vois pas d’autre réponse qu’une remise en cause provisoire de la libre installation des médecins. Les pharmaciens ont accepté cette mise en cause de leur liberté et ils n’en sont pas morts ! Que les médecins qui sont opposés à cette idée se manifestent et avancent leurs contre-propositions. Je veux aller aux législatives pour porter ce débat au niveau national. Mettons les médecins face à face pour trouver un bon accord pour 6 à 8 ans. Mais s’il le faut je suis prête à monter une action devant le siège de l’Ordre national des médecins…

Mc L’antenne de la faculté de Zagreb à Orléans va-t-elle solutionner le problème ?

GK Non car, si elle ouvre, cette antenne formera des médecins dans 8 ans. Elle aurait été légitime si elle avait apporté une solution immédiate. Mais dans 8 ans elle sera totalement concurrente de la nouvelle Faculté d’Orléans. Cela dit encore faut-il y voir clair : on ne connaît rien de cette antenne : ni le coût, ni la qualité des formations, ni les enseignants. On n’a obtenu aucune précision lors des derniers conseils municipaux, on ne nous répond pas, c’est étrange…

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