Législatives : l’urgentiste Patrick Pelloux secoue la torpeur de la campagne

Le médecin urgentiste est venu soutenir Ghislaine Kounowski la candidate socialiste (NUPES) dans la 1ère circonscription du Loiret. Une occasion pour dénoncer le délabrement du système de santé et pour appeler à une prise de conscience sur la « casse du service public ».

Par Jean-Jacques Talpin

Patrick Pelloux et Ghislaine Kounowski Photo Magcentre

Comme se réjouissait un militant socialiste aguerri depuis des décennies aux combats électoraux « cela aura été le plus grand meeting de la campagne dans le Loiret ». Et effectivement avec quelques 300 personnes la réunion publique organisée lundi soir à La Source aura à elle seule représentée un « petit évènement ». Car rarement une campagne électorale aura été aussi calme, sans reliefs, sans saveurs. Un évènement d’abord par le nombre de militants qui montre que les socialistes sont encore capables de mobiliser leur famille certes un peu rabougrie.

Mais il est vrai que l’invité était à lui seul une tête d’affiche attirante : médiatique, le médecin-syndicaliste urgentiste Patrick Pelloux est aussi à l’aise devant une petite assemblée, que sur les plateaux de télévision ou encore sur une estrade syndicale comme il l’a fait lundi après-midi aux urgences du CHRO où il est venu apporter son soutien aux personnels en grève depuis deux mois. La réunion était donc médicale et bien sûr électorale. La candidate Ghislaine Kounowski, suppléée par Olivier Jouin, est pharmacienne et connaît donc parfaitement le système de santé dont elle sait les travers et les faiblesses. Parfois iconoclaste chez ses camarades elle continue même à revendiquer une « régulation provisoire de la liberté d’installation des médecins pour répondre à l’urgence de la désertification médicale ». Une proposition qui a la capacité d’hérisser le poil de nombreux médecins, y compris de gauche.

« Privatiser le service de santé »

La candidate en profite également pour aligner sa concurrente, la médecin-députée LREM Stéphanie Rist qui « n’a jamais été pour la création d’un CHU à Orléans » et « n’a pas été efficace pour éviter la crise des urgences et pour lutter contre la désertification médicale ».

« Homme de gauche », Patrick Pelloux est certes venu soutenir la candidate socialiste mais avant tout dresser un diagnostic sans complaisance -mais non sans humour- de « l’effondrement progressif du système de santé ». Et pour cela il remonte loin, au Conseil national de la Résistance, à Robert Debré créateur des CHU et aux différents gouvernements (mais en étant relativement discret sur les ministres socialistes de la santé…) qui depuis Alain Juppé « ont voulu casser sciemment le service public de la santé pour mieux le privatiser ». S‘il tape sur le personnel politique (« je n’ai aucune confiance en Brigitte Bourguignon, nouvelle ministre de la santé qui hier supervisait les Ephad… »), il ne recule pas sur la dénonciation de « syndicats fantoches » qui font perdurer le système ou sur les « professeurs mandarins des CHU » qui veulent préserver leur pré carré et agissent au sein de « lobbys et de réseaux superpuissants »…

Une salle pleine pour Patrick Pelloux photo Magcentre

Il rappelle d’ailleurs que seul Jean Castex l’ancien Premier ministre était favorable à la création d’un CHU à Orléans contre l’avis d’Olivier Véran et de Stéphanie Rist. Il lance d’ailleurs un appel à la vigilance chez tous ceux qui attendent ce CHU à Orléans : « méfiez-vous… tout peut évoluer ».

« L’effondrement des urgences »

En marxiste qu’il n’est pas, Patrick Pelloux n’a pas peur d’évoquer une « lutte des classes » entre les CHU du « haut du panier » et les autres hôpitaux. Mais opposition aussi entre les médecins libéraux qui gagnent 1 500 euros pour une séance de garde quand lui l’urgentiste public n’en touche que 250. L’hôpital public manque d’argent, de personnel. Le premier symptôme est celui de « l’effondrement des urgences » dont plus de 200 services sont désormais fermés la nuit, dont les personnels fuient. Mais c’est vrai aussi en psychiatrie et plus encore, « pauvres parmi les pauvres », en pédopsychiatrie ou encore dans les maternités avec un « taux de mortalité post partum qui est égal à celui de l’Afrique ». Face à cela Patrick Pelloux ne voit guère de propositions émerger. Pas du gouvernement en tous cas qui veut imposer une « e-santé avec l’intelligence artificielle et la téléconsultation ».

Une évolution que lui l’humaniste formé à la vieille école de la médecine qui palpe, qui écoute et qui ausculte ne peut pas accepter.

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