La psychiatrie publique en danger

En mars dernier, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot, conseillait dans sa lettre au ministre de la Santé d’alors, Olivier Veran, de prendre le pôle psychiatrie du Centre hospitalier de Chinon comme référence en matière de soins psychiatriques contraints. La CGLPL signalait au ministre « les conditions de prise en charge des patients particulièrement respectueuses de leur liberté d’aller et venir et de leur dignité » dans cet établissement psychiatrique d’Indre-et-Loire. Son message n’a pas été entendu.

par Jean-Paul Briand

William Blake (1757-1827)

Dans cette même missive, Dominique Simonnot s’alarmait de la volonté de la direction de l’Hôpital de Chinon (qui est la même que celle du CHU de Tours) de vouloir supprimer de nombreux postes de soignants et ainsi « par ce projet de déqualification et de réduction des effectifs soignants, porté par la direction sans concertation ni co-construction avec les soignants et les médecins, c’est une offre de soins exemplaire à bien des égards qui ne peut que se dégrader ».

Malheureusement, dans son dernier rapport d’activité, publié ce début juin, la CGLPL dénonce à nouveau la profonde crise que subit la psychiatrie publique française avec un manque de soignants, des exigences contradictoires à la fois sanitaires, sécuritaires et médico-légales.

Le texte de loi du 22 janvier 2022, trois fois censuré par le Conseil constitutionnel, modifiant le régime de l’isolement et de la contention des maladies psychiatriques, n’a donc pas eu les effets escomptés. Cette nouvelle loi permet pourtant de solliciter un juge afin de mettre fin aux mesures restrictives de liberté en milieu psychiatrique qui seraient excessives et non justifiées médicalement. Sans moyens humains complémentaires, non expliquée, mal connue, difficilement acceptée par les professionnels de santé, la loi est un échec. Le nombre de malades psychiatriques mis en isolement ou subissant une contention n’a pas diminué.

Laissée pour compte, sinistrée, sciemment affaiblie malgré les promesses, comme l’ensemble de la protection sociale, la psychiatrie publique est en danger…

A lire: [Psychiatrie] Édito : La psychiatrie publique française est malade

Commentaires

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  1. La psychiatrie publique en danger … les urgences publiques en danger… la gériatrie publique en danger… les maternités publiques en danger etc…
    Mais pourquoi ce qualificatif “publique “? tout simplement parce que le soins, la santé sont une mine d’or pour les fonds financiers à condition que ces secteurs soient privatisés.Et grâce à notre nouveau président (pour la deuxième fois) et sa “Mission Flash” (avec Tom Cruise en héros ultralibéral?) ça va être vite réglé : plus de soin si vous n’avez pas l’argent pour payer les consultations (privées) ou la mutuelle ( avec actionnariat).

  2. Quand sortirons nous de l’état de coma, dans lequel nous sommes plongés depuis de très nombreuses années, sous l’emprise de fantasmes de gestion bureaucratique ? Comme les autres disciplines médicales, la psychiatrie publique va droit dans le mur, les services publics vont droit dans le mur. L’Etat Providence doit disparaître au nom de l’intangible laïcité. Chacun pour soi, que le plus riche et le plus fort gagnent!

  3. Nous en sortirons en cessant de donner pouvoir au capitalisme qui a remplacer la croyance en dieu par la croyance en l’argent…. mauvais maître, disait déjà un auteur célèbre…

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