La nouvelle carte législative de la région affiche toutes les couleurs : du rouge (avec un élu communiste), du vert (Charles Fournier à Tours), du bleu foncé avec l’extrême droite ou plus clair avec deux Républicains. La majorité présidentielle est toujours la force dominante malgré un déclin certain. Seuls les socialistes sont absents.
Par Jean-Jacques Talpin et Jean-Luc Bouland
Certes, avec trois sièges (presque 4) ce n’est pas un tsunami électoral ! N’empêche : le résultat obtenu ce dimanche par le Rassemblement national étonne… et inquiète. Bien sûr le succès de Thomas Ménagé dans la 4ème du Loiret était pressenti : mais pas son score élevé de 60,2 %. De même dans le Loiret, les pronostics allaient rarement vers une victoire de Mathilde Paris, l’ambitieuse secrétaire départementale du RN opposée il est vrai à une candidate Modem inconnue et peu expérimentée. Le battage médiatique du camp mélenchoniste a complètement occulté la poussée de l’extrême droite comme on l’avait déjà constaté dimanche 12 juin au 1er tour. Mais on estimait que les digues n’allaient pas rompre dans la 3ème du Loiret et même dans la 4e où les candidats Antony Brosse d’Ensemble et Valentin Manent du RN obtiennent un résultat quasi identique avec seulement 11 voix d’avance pour la majorité présidentielle. Avec un tel écart nul doute que le scrutin devrait être annulé par la justice administrative avec de probables nouvelles élections dans quelques mois. Cela pourrait être aussi le cas à Montargis si Jean-Michel Blanquer conteste devant la justice son élimination au premier tour.
Ensemble première force politique
Cette percée de l’extrême droite représente donc un véritable choc dans la région mais surtout dans le Loiret, terre d’équilibre certes marquée à droite, mais qui n’a jamais dérivé vers les extrêmes. Il est vrai que le monde politique traditionnel, notamment de droite, s’est bien peu mobilisé pour faire barrage.
Le RN perce donc essentiellement dans les zones rurales. C’est vrai encore en Loir-et-Cher où Roger Chudeau, un ancien proche de François Fillon, l’emporte de 51,1% face à l’inconnue mais favorite Emmanuelle Chaplaut de Renaissance-LREM. Cette Sologne profonde défendue par le macroniste Jeanny Lorgeoux était aussi celle de Guillaume Peltier le voyageur du monde politique éliminé dimanche dernier
A l’exception de Philippe Chalumeau logiquement battu par Charles Fournier à Tours (et Nadia Essayan du Modem battue dimanche dernier) , la majorité présidentielle a dans l’ensemble sauvé les meubles avec les réélections de ses têtes d’affiches : Philippe Vigier, Marc Fesneau – c’est sa suppléante Mathilde Desjonquères qui siègera-, mais aussi Guillaume Kasbarian et Luc Lamirault en Eure-et-Loir, François Jolivet dans l’Indre, Loïc Kervran et François Cormier-Bouligeon dans le Cher, Richard Ramos et Stéphanie Rist dans le Loiret, Daniel Labaronne, Fabienne Colboc, Henri Alfandari, Sabine Thillaye en Touraine. Et même la réélection de la sortante Caroline Janvier (55%) dans la 2ème du Loiret que l’on disait menacée par Emmanuel Duplessy (NUPES/Génération-s). Aujourd’hui comme hier, Ensemble (Renaissance, Agir, Modem) restera la force politique dominante de la région
Décevant pour la gauche
En 2017, le scrutin s’était traduit par un grand blanc pour la gauche avec aucun élu. Cette fois l’honneur est presque sauf avec un résultat décevant mais avec l’élection de Charles Fournier (NUPES/EELV) dans une circonscription largement acquise à la gauche et de Nicolas Sansu (NUPES/PCF) à Vierzon où le front républicain (notamment appelé par Nadia Essayan la sortante Modem battue au 1er tour) a fonctionné à plein. Cette élection entraînera d’ailleurs de fait le vote début juillet d’un nouveau maire à Vierzon. En revanche le parti socialiste sera le grand absent de la carte politique régionale. Sa seule chance réelle, celle de Laurent Baumel (ancien député PS) en Indre-et-Loire a été anéantie par la solidité de Fabienne Colboc d’Ensemble. L’autre chance socialiste résidait dans la 1ère du Loiret où Ghislaine Kounowski malgré une campagne très active n’a pu contrer la députée sortante Renaissance Stéphanie Rist réélue avec plus de 57% des voix.
La droite fait de la figuration
Comme annoncé, la droite LR-UDI, déjà défaite au premier tour, consolide son délabrement avec seulement deux élus : Olivier Marleix en Eure-et-Loir et Nicolas Forissier dans l’Indre. Bien ancrés dans leurs territoires, ces deux candidats l’ont emporté sans trop de difficultés et s’apprêtent à jouer un rôle central au Parlement. Dès dimanche soir, Nicolas Forissier a affirmé « refuser la guérilla à l’Assemblée Nationale » en « privilégiant l’intérêt national ». Malgré ces deux élus la droite enregistre un véritable camouflet : elle qui préside les six conseils départementaux disparaît totalement du Loiret, de Loir et Cher, d’Indre-et-Loire et du Cher.
Le monde politique va désormais se mettre au travail pour analyser les résultats et préparer l’avenir. Pour les battus, l’horizon peut se dégager rapidement car avec cette « chambre introuvable » une dissolution fait partie des possibles !