C’est, en présentiel, sur les sites de l’Antre-peaux, du Château d’Eau, ou de la Maison de la Culture, et en virtuel, que les rencontres multimédias et multijoueurs, véritables fabriques d’images et de corps, se dérouleront durant une quinzaine de jours dans la capitale du Berry. Expositions, concerts, conférences, rencontres, projections de films, sont au programme 2022.
Par Fabrice Simoes
Des œuvres de Paula Kaori Nishijima feront partie de l’exposition Kin(d) Relations ©Antre-peaux
En 2020, à la fin de l’automne, à l’issue de périodes pandémiques fortement impactantes pour le monde de la culture, les Rencontres Monde-s Multiple-s devaient succéder aux Rencontres Bandits-Mages, festival de création vidéo né en 1991. Un libellé « Monde-s Multiple-s » qui était emprunté à Don Foresta, artiste chercheur et théoricien de l’art, auteur du livre Mondes Multiples écrit en 1986-87 et publié l’année de création de Bandits-Mages. Le livre développe ses théories sur la relation entre l’art et la science, l’art et les nouvelles technologies, le rôle de l’artiste comme chercheur. Las, un deuxième confinement avait rendu compliqué l’organisation initialement prévue. Un recours : Internet pour compenser, un peu, la frustration de l’absence de contact physique et la mise à distance de beaucoup d’artistes et de partenaires. Depuis deux ans, la mise en place s’est affinée. Le virtuel est toujours là. Cependant, la tendance a été inversée. C’était annoncé. Désormais le présentiel a repris de la couleur et est revenu à un niveau important de 91 % de la programmation, selon les organisateurs. En 2022, la rencontre Monde-s Multiple-s est d’abord construite à partir d’une sélection d‘œuvres issues des résidences d’artistes déployées en Europe grâce à un programme tentaculaire : « EMAP » (European Media Art Platform). Elle s’enrichit d’un ensemble de relations nouées avec d’autres artistes, auteur·rice·s et créations collectives.
Ecouter la voix de l’imaginaire
L’édito de présentation de l’événement remet la manifestation dans son contexte à choix multiples. « Proposer une rencontre Monde-s Multiple-s, pour faire ce pas de côté, demande à savoir développer un sens du tissage, du lien entre des éléments, pas forcément disparates mais arrivés par la force des choses. Ces éléments sont explorés par des sensibilités mobilisées pour faire voir et entendre. Ce sont les sensibilités d’auteur·rice·s, de chercheur·euses. Il s’agit alors de se positionner, d’écouter les voix de l’imaginaire, de croiser des champs multiples : artistiques, scientifiques, sociétaux, sociaux. Des champs de langage. Des champs de vie aussi ».
Liliana Zeic est elle aussi issue de l’EMAP (Européen Média Art Plateform) ©Antre-peaux
De nouveaux sens surgissent à partir des nombreux projets menés durant la quinzaine. Ils jouent, de l’écriture aux technologies virtuelles en passant par les systèmes électroniques et argentiques, de l’intersection entre des techniques et des technologies anciennes et contemporaines. Ils jouent tout autant de la recherche scientifique à travers la philosophie, la sociologie ou la biologie mais aussi de la recherche en art. Des espaces où le pouvoir de l’imaginaire s’exerce pleinement, et assume de rebattre les cartes de la création tout en donnant à penser avec les sciences. Selon l’Antre-peaux, l’espace-temps de Monde-s Multiple-s est « propice à la spéculation pour penser un futur désirable et un environnement multi-espèces habitable. Il est en soi politique car collectif. Il est ouvert à des dialogues incongrus qui impliquent un sens critique. Il fait appel à la curiosité et à une sensibilité de l’étrange, du monstrueux, du merveilleux, des marges, de la science-fiction, de la radicalité ».
C’est l’exposition Kin(d) Relations qui introduira la rencontre Internationale de cette année. Ce sera la première d’une suite d’événements qui se dérouleront jusqu’au 20 novembre. Pour cette édition, se succéderont concerts, projections, programmation en ligne, performances, expositions, ateliers, rencontres. Autant de manifestations qui viendront faire le pendant artistique du climat actuel délétère où se mêlent crises sanitaires, écologiques, et géopolitiques. Un imaginaire pour s’évader.
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