Jargeau : un hommage rendu aux nomades internés durant l’occupation

Bien que l’Etat français ait mis 70 ans avant de leur rendre un premier hommage, c’est une trace indélébile dans l’histoire de France durant la Seconde Guerre mondiale. A l’initiative du CERCIL – Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv, une commémoration est prévue mardi 13 décembre à 15h30 à l’emplacement de l’ancien camp, aujourd’hui occupé par le collège Le Clos Ferbois à Jargeau. Seule une plaque inaugurée en décembre 1991 rappelle qu’entre 1941 et 1945, 1700 personnes y furent internées, dont 1200 Tsiganes. Un triste souvenir longtemps oublié dans la mémoire collective. La cérémonie se tiendra en présence d’un représentant des Voyageurs, d’élus, d’un représentant de l’Etat ainsi que des élèves du collège.

 Djelem, Djelem,

Hymne des Tziganes chanté par les élèves du Collège de Jargeau en 2014.


Plus tard dans la journée, une rencontre avec Jacques-Olivier David, coordinateur pédagogique au Mémorial de la Shoah sera organisée autour d’ateliers pour déconstruire les préjugés à partir d’archives et de parcours de familles tsiganes. 

Entrée libre, réservations par mail via cercil@memorialdelashoah.org 

Photographie prise lors de la visite du Dr J. de Morsier, délégué du Comité International de la Croix Rouge au camp de Jargeau le 1er juillet 1941. ©CERCIL

Plus d’infos autrement sur Magcentre: Jargeau: la France rend hommage, 70 ans après, aux tsiganes internés durant l’occupation

Grâce à un jeune historien et à la presse

Longtemps ce camp a été oublié par l’histoire. Comme Pithiviers et Beaune-la-Rolande sur lesquels des historiens avaient travaillé. Mais il fallu les révélations de la presse, cinquante ans après, pour que les camps de transit de Beaune-la-Rolande et Pithiviers dans le Loiret, gérés par l’administration française, préfecture et sous-préfecture, soient portés à la connaissance des Français. Même voile pudique jeté sur Jargeau jusqu’en 1988. A cette époque, un jeune historien, Pascal Vion fait son mémoire sur Jargeau et les Tsiganes, la presse régionale en publie des extraits et Jargeau refait surface. Le maire François Landré, courageux propose d’ériger une plaque dans le collège. Refus de son conseil municipal qui ne tient pas à ce qu’on ravive ces mauvais souvenirs. Pugnace, le maire obtiendra au final gain de cause.

Mais “rien n’est dit sur la participation de l’administration française” précise Hélène Mouchard Zay, la présidente du Cercil qui a sobrement mais efficacement raconté la tragédie de Jargeau. En 1995, Jacques Chirac avait enfin reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la déportation des juifs. François Hollande dans son discours de Drancy en 2012 a lui aussi souligné la “responsabilité de Vichy”. 

Devant des représentants de la communauté tzigane très émus, pour la première fois un ministre de la République s’est incliné dans ses fonctions sur une plaque à la mémoire des tziganes internés. A Jargeau des prostituées furent aussi internées. La cérémonie au cœur du collège de Jargeau fut empreinte d’émotions au moment où les enfants chantèrent l’hymne tzigane puis la Marseillaise. Le maire de Jargeau, Jean-Marc Gibey avait opportunément dans son allocution rappelé l’importance de cette reconnaissance par l’Etat français à l’heure “où des formations politiques prônent le repli sur soi et la haine de l’autre”.

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