Orléans Métropole : une petite dette qui monte, qui monte…

L’agglomération a voté son budget primitif de 544 millions d’euros marqué par une évolution lente mais régulière de l’endettement. Les crédits les plus importants iront aux transports, dont le manque de qualité et de fiabilité est dénoncé par nombre d’élus. Mais pas question d’aller vers la gratuité des bus et trams.

Par Jean-Jacques Talpin

Le budget a été adopté malgré 31 abstentions. Capture

Alors qu’en 2021 la situation financière critique de la Métropole avait conduit à la démission du président socialiste Christophe Chaillou, victime d’un putsch Grouard-Schlésinger, l’édition 2022 du vote du budget est revenue dans les normes avec une majorité heureuse de poursuivre les investissements malgré les contraintes financières et sans augmenter les taux de fiscalité face à une opposition divisée entre absentions et refus. Avec 544 millions ce budget préserve de grands projets déjà lancés ou d’autres en gestation : rénovation et agrandissement de la Maison des Apprentis (5 millions), accueil des grandes écoles (5,9 M€), parc de Loire (4,6 M€), études pour les Mails d’Orléans (4,4 M€), rénovation urbaine (4,8M€), transports (11,2 M€), etc. 

Naturellement choisir des projets c’est aussi faire des mécontents. Au premier rang desquels Christophe Chaillou qui dénonce « le manque de concertation » dans ces choix d’investissements (notamment pour les infrastructures) et surtout le manque de crédibilité des financements affectés aux projets. « Il faut actualiser les grands projets, explique le maire de Saint-Jean-de-la-Ruelle, les crédits pour les Mails et Place d’Arc ne suffiront pas, il faut revoir le phasage, le projet université-Madeleine dérape. Il faut réexaminer certains projets ».

« Nous allions droit dans le mur »

D’autres élus dénoncent le manque de volonté politique pour la transition écologique. Ludovic Bourreau conteste le petit million d’euros destiné aux pistes cyclables alors que 5 millions devraient y être affectés : « on est en sous-investissements pour le vélo sans être à la hauteur des enjeux ». Même position pour l’écologiste Jean-Philippe Grand pour qui la Métropole « n’est pas au rendez-vous de la transition écologique et énergétique ». « Il y a avait des arbitrages à faire, rétorque le président Grouard, nous avions des contraintes lourdes. Le choix de la facilité aurait été d’augmenter la fiscalité. Nous maintenons la stabilité des taux, c’est un choix fondamental mais plus compliqué à tenir ». La contrepartie est un endettement plus important comme alertent certains élus. La dette passera ainsi de 631 millions en 2021, à 670 en 2022 et près de 700 en 2023. « En 2021, précise Serge Grouard, les projections financières nous menaient à un milliard d’endettement en fin de mandat, nous allions droit dans le mur, nous avons ramené l’objectif à 800 millions, avec l’ambition de faire encore mieux. Même si la dette ne va pas se réduire nous visons à estomper ou faire disparaître la tendance ingérable de la hausse ». Tous ces projets feront l’objet en 2023 d’une « clause de revoyure » avec précision des financements prévus et modification ou ajouts de nouveaux de projets afin sans doute, de satisfaire de nouvelles demandes des communes.

Opposition Tripet-Roy sur les transports urbains. Capture

Gratuité des transports : c’est non !

Mais il est un secteur qui est loin de faire l’unanimité : celui des transports urbains gérés par le délégataire Kéolis. La communiste Dominique Tripet compte chaque jour les retards ou annulations de départ de bus : près de 150 jeudi, consécutifs à des problèmes techniques ou à l’absence de conducteurs. « On ne peut pas continuer ainsi, dénonce-t-elle, il faut le gel des tarifs, aller vers une tarification sociale au quotient familial avant d’adopter la gratuité des transport ». Des critiques reprises par Mathieu Gallois (PCF), Christophe Chaillou et surtout par le socialiste Baptiste Chapuis. Dénonçant la « position dogmatique » de Romain Roy, vice-président aux transports opposé à la gratuité, M. Chapuis propose une « expérimentation ». « Pourquoi ne pas tester, demande-t-il, la gratuité pendant 3 à 6 mois le week-end afin de mesurer l’impact sur les finances, le trafic, les commerces ». Une demande restée sans suite. 

Évidemment Romain Roy ne pouvait demeurer sans réponse aux critiques d’un secteur dont il a la charge : « le réseau orléanais se porte plutôt bien, plaide-t-il, c’est le premier budget de l’agglomération. Nous avons recruté 70 conducteurs, ouvert une école de formation. Mais c’est vrai qu’on a connu des difficultés avec le Covid tout en retrouvant le trafic d’avant crise. En une journée nous avons connu 134 retards ou annulations mais c’est à mettre en relation avec les 3 500 courses réalisées ». Pas question d’aller vers la gratuité des transports (qui coûterait entre 20 et 25 millions d’euros) mais oui à une tarification sociale en 2024 grâce à une nouvelle billettique mise en place l’an prochain. Pour marquer la bonne santé du réseau, Romain Roy cite les 13 millions prévus l’an prochain pour moderniser la flotte avec l’achat de bus hybrides et le lancement des études pour une troisième ligne de tram au nord d’Orléans. 

Ce sera donc mieux demain…

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Orléans Métropole : le torchon brûle

Commentaires

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  1. Récemment, une émission de France Culture était consacrée à la gratuité des transports à Dunkerque, voir l’article dans Le Monde.fr “Dans la communauté d’agglomération de Dunkerque, le transport en bus est gratuit depuis un an et les conséquences sont assez spectaculaires. Entre le 1er septembre 2018 et le 31 août 2019, la fréquentation a bondi de 65 % en semaine et 125 % le week-end, soit une moyenne de 85 %.”
    Que Monsieur Roy s’informe, ça ne coute rien, c’est gratuit…une casquette verte ne garantie pas les idées de celui qui la porte…

  2. Pour compléter les propos de Papyd, j’aimerias bien connaître le coût annuel de ces contrôles :
    * coût salarial des contrôleurs et des agents de police minicipaux qui assistent les contrôleurs
    * coût de l’édition des billets, des distributeurs de billet, des badgeuses dans les moyens de transport et de leur entretien
    * le pourcentage d’amendes émises et payées, quand on met des amendes à des personnes insolvables, il n’y a pas de miracle, les amendes ne sont payés
    * le coût du suivi de ces impayés et même de celles qui sont acquittées
    * le coût de l’entretien des parkings réservés et surveillés ou non
    * etc… etc…

    Pour finir, celà mettrait fin aussi à la colère des passagers qui doivent attendre la fin du contrôle avant le reprise du trajet

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