« A la ville de Crémone » baisse le rideau à Orléans

Après plus de 70 ans d’existence, le célèbre magasin de musique de la rue de Bourgogne cesse son activité : un lieu unique et bien connu des musiciens locaux, animé depuis 1980 par Catherine Héau, petite fille du créateur de la boutique, laisse place à une galerie d’art.

Par Anne-Cécile Chapuis

Catherine Héau et son mari, entourés de leurs amis. Photo AC Chapuis

« On ne va pas te laisser partir comme ça » était le discours des quelque 50 personnes venues dire au revoir à la Ville de Crémone. Avec un pincement d’émotion, un relent de souvenirs les plus divers, une nostalgie sur un lieu inédit, c’est avant tout la personne de Catherine Héau qu’ils étaient venus saluer. Et remercier.

Bien plus qu’une boutique

A La Ville de Crémone, chacun y avait sa place. Catherine Héau tenait encore à le souligner : « J’accueille tous ceux qui ont envie de faire de la musique, quels que soient leur niveau, leur profil, leur âge ou leur motivation » Une expérience de plus de quarante ans dans le quartier du vieil Orléans lui confère un monument de souvenirs les plus variés. Et cette personne pleine d’humour et d’humanité sait les évoquer, en véritable témoin de la société d’aujourd’hui. Les enfants y avaient aussi grande place avec le volet location d’instruments. Elle fut ainsi en contact avec les instrumentistes les plus fidèles, suivant leur carrière, écoutant leurs demandes que cette violoniste, ayant longtemps joué à l’orchestre Symphonique d’Orléans, pouvait aisément comprendre. Chez Catherine, c’était assurément un lieu de rencontre où on pouvait s’arrêter, même sans raison, simplement pour le plaisir. On était sûr d’y être bien accueilli et d’y faire des rencontres musicales.

Un joli moment de musique avec Lys Nordet et Gilles Lefebvre. Photo AC Chapuis

Un réseau riche et chaleureux

Ce samedi 4 mars, les proches étaient conviés pour la « dernière séance ». Et ils sont venus. Dans la petite boutique étroite et encore emplie d’instruments, on pouvait croiser de nombreuses personnalités. Parmi elles, entre autres, Claude-Henri Joubert, ancien directeur du conservatoire d’Orléans, Philippe Gabez, chef de l’orchestre Opus 45, Gilles Lefèbvre, violon solo de l’orchestre d’Orléans, plusieurs instrumentistes de l’OSO, le luthier et auteur Laurent Zakowski, le comédien/metteur en scène Jean-Paul Farré, ainsi que Serge Grouard, maire d’Orléans. Rappelons que Catherine Héau a été conseillère municipale lors du premier mandat de Serge Grouard. Ce dernier lui a remis la médaille de la ville bien méritée.

Serge Grouard remet la médaille de la ville à Catherine Héau. photo AC Chapuis

 

Une soirée pleine de convivialité, de musique et d’émotion

La musique était là, bien sûr. Lys Nordet, soprano et Gilles Lefèbvre, violoniste, ont interprété avec brio des grands succès du XIXe siècle, vite repris en chœur par tous. Francis Chanteloup, le cousin et aussi petit-fils du fondateur de la boutique, a su évoquer, en poème, l’âme de la Ville de Crémone. La soirée s’est poursuivie en musique, une façon de se consoler de la disparition d’un lieu qu’on croyait éternel et qui va manquer à Orléans.

La partition se referme mais la musique résonne, et pour longtemps encore. Catherine Héau saura rebondir, en appui sur sa famille, ses amis, ses passions.

Assurément, Aimé Chanteloup aurait été fier de sa petite fille !

Pour en savoir plus : Boutiques de musique : A la ville de Crémone

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Les métiers de la musique en grande interrogation

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