Magcentre est allé à la rencontre de ces personnes qui, bénévoles ou professionnelles, dans l’ombre ou sur le devant de la scène, mettent leur talent au service de la culture musicale. Pour la faire connaitre, la développer et la diffuser à tous les publics. Aujourd’hui #4 : Loïc Pierre, maître-chanteur
Par Pierre Belsoeur
Il est né en Allemagne en 1959, mais a commencé sa carrière de chef de chœur en 1989 lorsque l’Éducation Nationale a expédié ce tout frais titulaire du CAPES en poste dans un collège de Vierzon. Le prof de musique a dépassé le simple cadre de l’enseignement en formant un chœur de collégiens. Mixte tout d’abord, mais que les garçons désertèrent très vite, la mue était passée par là.
Pianiste et improvisateur, Loïc Pierre entraîna ses élèves vers des jeux vocaux chers à Meredith Monk et réintroduisit des voix d’hommes en 1998 dans ce qui devenait l’ensemble semi-professionnel Mikrokosmos. « On passait alors à quarante choristes, commente le chef de chœur, à vingt-quatre on manque de grain, là c’est comme si on se trouvait à la tête d’un orchestre symphonique ». Des choristes âgés de 18 à 30 ans.
« La vocation du chœur c’est de former des futurs professionnels, ou des gens qui feront tout autre chose mais avec un très haut niveau de chant choral ».
Loïc Pierre, directeur artistique du Festival de la Voix et fondateur de Mikrokosmos. – Photo Pierre Belsoeur
Un répertoire contemporain
Non seulement Loïc Pierre fait travailler son ensemble sur des onomatopées, des souffles, mais il introduit une architecture particulière. Ses chanteurs ne sont pas un mur de haut-parleurs face au public. Ils le cernent, s’insinuent au milieu de lui pour lui offrir de nouvelles harmonies. « C’est un risque, admet-il, tous les lieux ne se prêtent pas à ce que nous essayons de faire. Ce chœur est aussi un laboratoire, on cherche et on ne trouve pas toujours. Il faut admettre que ça puisse ne pas marcher. Et là encore c’est plus facile avec de jeunes artistes ».
Une édition sans Mikrokosmos
Cette esthétique du chant choral, on la retrouve totalement dans « La Nuit Dévoilée », le spectacle le plus célèbre de Mikrokosmos, créé en 2013 à l’abbaye de Noirlac joué une centaine de fois pendant dix ans dans le monde entier que Loïc Pierre vient de ranger dans les cartons. « Après “la Nuit”, nous repartons avec “Le Jour m’étonne” ».
Mais pas à Châteauroux. Dans la programmation pensée par Loïc voici 18 mois, il n’incluait pas cette fois sa formation. « Actuellement la programmation 2024 est bouclée, celle de 2025 est déjà bien entamée, car il faut retenir certains groupes des années à l’avance. Lorsque le chœur de Lituanie et ses cinquante-cinq chanteurs est passé au Festival de la Voix, il était en tournée et repartait le lendemain pour les Etats-Unis. Il faut coordonner leur programme, nos dates … et notre budget ».
La grande fierté de Loïc Pierre c’est la stabilité de ce festival. « L’embryon a vu le jour à Noirlac, puis on s’est déplacé à Blois et Anne-Marie Delloye-Thoumyre, maire adjoint à la Culture de Châteauroux à cette époque, fit des pieds et des mains pour nous attirer ici. En plus de faire venir des grandes formations pendant ces trois jours de chant choral, nous offrons à des formations amateurs des conditions d’expression professionnelles, mais aussi la possibilité de travailler en atelier avec des pros. Et cela nous le devons à la présence du Cepravoi (centre de pratiques vocales et instrumentales en région Centre-Val de Loire) qui organise les ateliers et bien sûr à l’association locale qui assure la logistique, l’intendance et l’accueil du public et des artistes ».
C’est pour cela que ça dure depuis 18 ans.
Plus d’infos autrement sur Magcentre : Ils dynamisent la musique dans le Montargois # 3 : Label Tremp