La révolution ChatGPT est en marche

Le chatbot en ligne de Microsoft est en passe de transformer profondément l’activité professionnelle de nombreux métiers. Une conférence d’Emmanuel Derrien, expert en marketing digital, le 4 mai dernier à Blois, a permis de mieux comprendre l’impact de l’Intelligence artificielle.

Par Jean-Luc Vezon

Création artistique réalisée par l’IA (Midjourney) pour le compte de Louis Cotta.


200 millions de personnes dans le monde ont déjà créé leur compte et utilisent le célèbre assistant gratuit dans sa version de base (ChatGPT 3.5) (1). Toutes les professions sont concernées : communicants, chefs de projets, informaticiens, juristes, enseignants, RH… Le principe : un agent conversationnel à IA (chatbot) en ligne permet aux utilisateurs de communiquer avec un assistant virtuel par le biais du traitement du langage naturel.

Ce dernier leur apporte alors des réponses aux questions, complète les phrases, traduit des textes, écrit des articles, génère des codes et est même capable de tenir des conversations. « Avec l’arrivée massive des systèmes d’IA dont ChatGPT, nous vivons une 5e révolution technique rendue possible par la puissance de calcul des algorithmes et l’abondance des datas », a précisé le consultant.

Ces fameuses données se développent de façon exponentielle et s’agrègent en couches de mémoires successives. « Imaginez empiler 800 km de livres, c’est la capacité de ChatGPT qui utilise les articles Wikipédia », a-t-il informé.

Pour donner une idée de sa puissance, l’IA ChatGPT a obtenu des diplômes en droit et médecine en mars 2023 en se classant parmi les 10 % des meilleures copies. Conçu par Microsoft, qui a investi 10 milliards de dollars dans le développement de la société OpenAI, ChatGPT a été lancé en novembre 2022 dans une version gratuite et non connectée à Internet.

Comme un cerveau humain

Accueillis par Marie-Noëlle Amiot, présidente de la CCI 41 et Franck Bataille, président de Loir-et-Cher Tech, les 200 participants ont, en tout cas, été bluffés par les démonstrations d’Emmanuel Derrien. Pour dialoguer avec ChapGPT, ce dernier utilise un prompt c’est-à-dire un certain nombre de mots-clefs qui doivent être contextualisés et permettre de préciser le rôle réel, les cibles ou les tâches attendus.

Dans les mois qui viennent, nous devrions assister à une guerre entre majors de l’IA a aussi annoncé E. Derrien. D’un côté OpenAI /Microsoft qui vient d’intégrer à ChatGPT son moteur de recherche Bing. De l’autre, Google qui développe Bard AI mais aussi d’autres sociétés qui ont créé des IA spécialisées comme Midjourney (générateur d’images).

A court terme, ce sont donc des pans entiers de l’économie vont être bouleversés par l’IA. « Avec ChatGPT 4 qui arrivera en fin d’année, nous allons vraiment changer d’époque. Les professionnels vont voir leur expertise augmenter grâce à la puissance de l’outil », anticipe E. Derrien qui n’hésite pas à parler « d’humain augmenté » pour qualifier cette révolution qui verra aussi de nombreux logiciels comme Office ou Adobe intégrer de l’IA.

Déjà des accrocs

A la tête d’une société informatique (Agytis), Franck Bataille concède utiliser ChatGPT quotidiennement « pour analyser et synthétiser les PDF ou développer des programmes informatiques ». « Avec sa capacité à fournir des réponses rapides, recommandations et tâches personnalisées, ChatGPT est un outil précieux pour toute personne en quête de solutions pratiques », nous précise le chef d’entreprise pour qui au final, « l’assistant permet de dégager plus de temps pour la relation client ». Mais Franck Bataille reste vigilant et veille à garder le contrôle en ne donnant pas à ChatGPT des données personnelles ou confidentielles.

Car le système pose surtout un certain nombre de questions : détournements à des fins malveillantes, fake news, plagiat et triche des étudiants sans parler des suppressions d’emplois dans certains secteurs comme la chaîne graphique.

« Le modèle peut être utilisé pour générer des faux textes et des informations trompeuses. Cela pose aussi des questions d’éthique et de droits », pointe de son côté Louis Cotta qui travaille dans le domaine de la communication. L’IA, c’est aussi une empreinte carbone en croissance puisque les GES émis par les systèmes informatiques et autres datas centers devraient rapidement représenter 10 % du volume total.

Alors l’IA, “nouveau siècle des Lumières” ou menace pour l’humanité ? C’est en tout cas ce que pense Geoffrey Hinton, « parrain » de l’intelligence artificielle chez Google. Ce dernier pense ainsi que les chatbots pourraient bientôt devenir plus intelligents que les humains. Dans les mois qui viennent, l’UE annonce en tout cas vouloir prendre des mesures pour encadrer l’usage des machines learning des IA. Affaire à suivre…

(1) Chat Generative Pre-trained Transformer.

Image générée par l’Intelligence artificielle très en vogue sur les réseaux sociaux.

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Commentaires

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  1. Romaric Godin engage une réflexion plus approfondie dans son article :https://www.pressegauche.org/L-intelligence-artificielle-ne-fera-pas-disparaitre-le-travail-mais-risque-de

    Sur la question du travail, il mentionne un fait souvent occulté dans les débats sur l’IA:”L’IA pourrait donc être à l’origine d’une nouvelle dégradation du travail bien davantage que de sa disparition. C’est l’évolution normale lors de changements technologiques majeurs : le travail s’intensifie plutôt que de disparaître. Au reste, l’aspect dégradé du travail créé sous l’IA est bien représenté par l’importance du « microtravail » indispensable au fonctionnement des systèmes LLM. Ce sont des tâches ingrates de clics sur des images, de retranscription de son, etc., payées à la tâche à des prix très faibles.
    Dans le cas de ChatGPT, des Kenyans ont été utilisés pour faire fonctionner le gadget le plus hype du moment. Payés entre 1,32 et 2 dollars par jour, ces travailleurs employés par le sous-traitant local Sama ont connu des conditions de travail apocalyptiques. Ils étaient chargés de repérer du contenu « toxique » sur le Web à un rythme soutenu.”

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