Ils dynamisent la musique à Chartres # 7 : Jean-Jacques Ruhlmann

Magcentre est allé à la rencontre de ces personnes qui, bénévoles ou professionnelles, dans l’ombre ou sur le devant de la scène, mettent leur talent au service de la culture musicale. Pour la faire connaître, la développer et la diffuser à tous les publics. Aujourd’hui #5 : Jean-Jacques Ruhlmann

Par Bernard Cassat

Jean-Jacques Ruhlmann. Photo Christophe Esnault


Jean-Jacques Ruhlmann a d’abord suivi un cursus de musicologie à l’université pour obtenir un Capes de musique. Puis il a passé son Certificat d’aptitude (CA) jazz. Il a donc démissionné de l’Éducation nationale pour enseigner au conservatoire de Dreux, puis de Chartres. Il dit de ses formations « qu’elles ont été excellentes, autant en technique musicale qu’en histoire de la musique. J’ai ainsi abordé toutes les époques, tous les styles. Et le côté pédagogique a été important. J’ai pu réfléchir à l’enseignement que j’allais donner dans les différents établissements ». Ce qui ne l’a jamais empêché de jouer énormément, de rencontrer d’autres musiciens de jazz, de mener des projets de plus en plus ambitieux, avec différentes formations. Avec des jeunes musiciens de la région, comme lui, François Couturier notamment, avec qui il a partagé de nombreuses expériences musicales. Très vite, il s’est fait un nom dans le jazz européen, puis mondial. Il a réussi à allier son rôle d’enseignant et de jazz man sans se ménager.

Un pédagogue attentionné

L’enseignement lui plaisait. « La lecture, le déchiffrage, le rythme, j’essayais de leur donner les réflexes de musicien ». En créant des méthodes, des séries d’exercices. Il proposait aux élèves des techniques de travail. « Par exemple, je leur conseillais de travailler un air, n’importe quoi, en le transcrivant dans les 15 tonalités. Pour que cela devienne un réflexe, qui se fasse naturellement lorsqu’on en a besoin. Lorsque l’on conduit une voiture, on ne pense pas toujours à la conduite. On peut penser à plein d’autres choses. J’essayais ainsi que les difficultés musicales deviennent des réflexes, qu’en jouant, ils puissent se focaliser sur d’autres choses que la théorie ».

Avec Bertrand Hurault, Laurent Desmurs et Stéphane Decolly pour son dernier projet, un travail sur Wayne Shorter. Photo Jeanjacquesruhlmann.com


Il s’est toujours intéressé aux concerts de ses élèves. « J’allais les écouter. C’était un effort, souvent, après la fatigue d’une journée bien chargée. Mais je les ai toujours suivis ». Lorsque certains commençaient à prendre leur envol, il partageait parfois la scène avec eux. « Quelques concerts, et puis ils vivaient leur vie ». Et il a rencontré pas mal d’élèves
« qui avaient soif. Il y avait la technique, mais surtout, ce qui compte le plus, c’est la motivation. Et j’ai eu des élèves qui, vraiment, avaient soif… C’est cette rage, cette urgence qui est à la base de tout artiste ».

La liste en effet est impressionnante, sur plusieurs générations. Alors que lui-même est soufflant, saxo ou clarinette, plusieurs de ses élèves sont devenus des pianistes importants. Cédric Piromalli, par exemple, qui après de nombreux CD et plusieurs groupes, vient de sortir un enregistrement sur Monk. Plus jeune, Jean-Charles Acquaviva, avec qui il a travaillé la composition, mène une très belle carrière. Encore plus jeune, Gauthier Toux joue lui aussi dans la cour des grands depuis quelques années, après une formation complémentaire à Lausanne. Mais Jean-Jacques a aussi transmis à des soufflants. « Laurent Dehors est un excellent musicien clarinette/saxo. Et il initie des expériences musicales remarquables ». Baptiste Herbin, lui aussi, mène un beau chemin dans le jazz international.

Et Jean-Jacques a aussi poussé un jeune guitariste incroyablement doué, Antoine Boyer. « La première fois que je l’ai vu, il avait onze ans. Avec son père, lui-même guitariste, il m’a joué à l’oreille, instinctivement, tout Django. C’était impressionnant. Et sa famille l’a beaucoup soutenu ». Jean-Jacques lui a apporté de la théorie, mais Antoine, que l’on a entendu aux Samedi du Jazz à Orléans, a gardé « sa rage » d’enfant.

Le trio Palacio. Photo O’jazz


Et Jean-Jacques lui aussi, a gardé la sienne, cette puissante énergie qui l’a poussé à jouer, à monter des groupes, jusqu’à des big bands. Pour ses propres compos ou celles des autres. Et son palmarès est impressionnant, avec des enregistrements phares, Windows par exemple en 1990, ses concerts avec Akiba, un quartet qu’il a créé, ou avec le Zoom Top de Bertrand Renaudin. Il a roulé sa bosse avec de nombreux grands, Jacques Thollot, Pifarely, Viret, Régis Huby, Yves Rousseau. Il a écrit aussi, beaucoup, pour ses groupes mais aussi pour l’ONJ (une commande d’Antoine Hervé), et même pour des formations proches de la musique contemporaine (Saxtuor pour les Semaines Musicales Internationales d’Orléans). Et aussi des musiques de films. Ce boulimique, désormais en retraite de son rôle de pédagogue, continue à jouer. Tellement qu’il vient de refuser quelques concerts pour lever le pied, notamment avec son trio Palacio (Alain Grange au violoncelle et Olivier Cahours à la guitare).


Plus d’infos autrement sur Magcentre : Ils dynamisent la musique dans le Berry #4 : Loïc Pierre

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