A LSDH une grève dans l’usine « modèle » du Loiret

Depuis le 23 mai, une grève affecte le fonctionnement de la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel qui n’avait jamais connu un tel mouvement. Son PDG Emmanuel Vasseneix est souvent pris comme référence du patron « progressiste » ou
« humaniste », voire « paternaliste ».
 La grève montre aussi les divisions entre CFDT et CGT.

Par Jean-Jacques Talpin


Ce mercredi 31 mai, les
 portes de LSDH devaient être grandes ouvertes pour accueillir la population.
 Mais elles sont restées hermétiquement closes et remplacées par « des portes ouvertes du piquet de grève » avec attractions, pique-nique et barbecue regroupés derrière la banderole « on n’est pas des vaches à lait ». Un vrai symbole, voire un choc pour certains, tant cette entreprise est atypique dans le monde patronal.

cl Magcentre

En quelques dizaines d’années LSDH est devenu un puissant groupe agroalimentaire rayonnant sur huit sites en France depuis son siège de Saint-Denis-de-l’Hôtel (Loiret) avec également une unité (Les Crudettes) à Châteauneuf-sur-Loire et une laiterie à Varennes-sur-Fouzon dans l’Indre pour un total de 965 millions d’euros de chiffre d’affaires. Créée en 1909 l’entreprise familiale aujourd’hui dirigée par Emmanuel Vasseneix n’avait jamais connu de mouvement de grève. Il est vrai qu’Emmanuel comme son père André ont toujours cherché à jouer la carte du dialogue social, de la participation des salariés et de l’innovation. Souvent encensé par la presse nationale, Emmanuel Vasseneix est souvent considéré comme un patron « humaniste » ou du moins « progressiste » même si ses détracteurs qualifient sa gestion de « paternaliste ». Certains l’ont même bonifié du surnom de « Steve Jobs du lait » bien que LSDH ait largement diversifié ses activités vers les jus de fruits, les salades et plus récemment les herbes aromatiques. Une jolie carte de visite pour Emmanuel Vasseneix toujours mis en avant par la majorité de gauche du conseil régional qui l’a d’ailleurs élu à la co-présidence de Dev’Up, son agence de développement économique.

Opposition CFDT/CGT

Cette belle machine s’est enrayée il y a une semaine le 23 mai sur le site de Saint-Denis qui compte 650 salariés. Déclenchée à l’appel de la CGT cette grève mobiliserait un petit quart du personnel avec des revendications sonnantes et trébuchantes : hausse générale du salaire de 300 euros, augmentations individuelles de 2% pour les salariés et de 3% pour les cadres, accord d’entreprise protégeant le personnel de la baisse de la participation et de l’intéressement. Mais la CGT n’est pas représentée au sein des instances représentatives. La seule CFDT a donc signé avec la direction un accord mettant fin aux négociations annuelles obligatoires (NAO). Emmanuel Vasseneix estime d’ailleurs que « la CGT n’a pas de légitimité puisqu’elle n’est pas élue au comité social et économique ». Avant de signer cet accord le 22 mai, la CFDT a réalisé un questionnaire où 366 des 650 salariés estimaient à 8% le montant d’une « bonne augmentation ». La CFDT estime donc avoir signé un bon accord représentant des augmentations supérieures à 8% soit environ 150 euros brut par mois. La direction de son côté annonce des augmentations salariales générales et individuelles comprises entre 5,5% et 9% s’ajoutant aux 4,5% accordés en juillet 2022 et à une prime de partage de la valeur (prime Macron) de 500 euros net.

Riche Emmanuel Vasseneix

« Des miettes » pour la CGT pour qui le compte n’y est pas, en insistant notamment sur une baisse des montants de l’intéressement (divisé par deux) et de la participation consécutive à l’inflation et à l’envolée des prix de l’énergie. La CGT met aussi en avant la détérioration des conditions de travail, des manques de personnel ou l’absence de reconnaissance. La porte de sortie du conflit pourrait se trouver dans des négociations directes entre CGT et direction. Une délégation a d’ailleurs été reçue dans la journée pour tenter de décanter la situation. « D’après les premiers retours, on n’en ressort pratiquement rien, déplore Pascal Sudre, délégué CGT 45. La crise couvait depuis quelque temps et l’accord sur les NAO, dont les salariés ne sont pas satisfaits, a mis le feu aux poudres ».

La tension était d’ailleurs montée d’un cran avec un dépôt de plainte du représentant CGT Abdelak Ahamaidi, victime d’une agression physique de la part d’un non-gréviste sous les yeux d’Emmanuel Vasseneix. Pas sûr que la pression retombe ce jeudi puisqu’on annonce la venue du leader du NPA Philippe Poutou qui viendra apporter son soutien aux grévistes. Et cela en rajoutant une couche en rappelant qu’Emmanuel Vasseneix est aujourd’hui classé au 447e rang des fortunes françaises avec une fortune personnelle estimée à 250 millions d’euros…

Nuit de tensions à la laiterie

Mardi soir, « une coupure électrique » a plongé le parking dans le noir et stoppé pendant plusieurs minutes l’activité de l’usine. Des individus capuchés « se sont approchés du poste de garde munis de pneus pour à minima bloquer l’accès des camions », rapporte la direction de l’usine. La gendarmerie est alors intervenue pour constater les faits et recueillir les témoignages des personnes présentes sur place. L’entreprise regrette « la tournure prise par les évènements qui dépasse le cadre de l’entreprise et des revendications exprimées ». 

Du côté des représentants syndicaux, on se défend d’avoir un lien avec cette
« microcoupure qui a eu lieu sur tout le territoire comme il y en a régulièrement » tout en réfutant la tentative de blocage. « Nous ne sommes pas au courant pour ces pneus. Il n’y a eu aucune tentative de blocage de notre part », assure un représentant syndical CGT présent cette nuit-là.

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Commentaires

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  1. Un syndicat qui n’est même pas élu aux instances representatives se permet déclencher une grève ! La CGT n’aime pas les entreprises qui réussissent. Elle veut mettre la France à l’arrêt. En même temps, elle veut toucher de la Participation aux bénéfices ! Quelle cohérence ? Et la fortune de la famille Vasseneix, c’est aussi la valorisation de toutes ces usines et entrepises qui donnent du travail à des centaines de salariés. Heureusement qu’il y a des entrepreneurs qui investissent !
    (Précision : je n’ai aucun lien avec la famille Vasseneix mais de ma petite lucarne je me rejouis de leur réussite)

  2. Bravo Tanghy ! difficile de faire mieux comme commentaire reflet de ce que les capitalistes ( des individus qui profitent de l’accroissement de leur richesse par l’exploitation d’autres humains et des richesses de la nature) diffusent comme propagande : ils se sont fait par eux-mêmes ( en oubliant de préciser que eux -mêmes veut dire c’est entre eux , entre capitalistes et enfants de) et “grâce ” à eux les pauvres sont moins pauvres mais toujours suffisamment pauvres et endettés pour les dominer.
    Mr Vasseneix devrait au moins vous féliciter pour votre collaboration désintéressée , voir même vous inviter à déguster un verre de lait .

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