Sur les traces laissées par l’Occupation allemande dans Orléans

Le Cercil – Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv ne prend pas de vacances cet été. Parmi les animations proposées, une visite hors les murs Orléans sous l’Occupation permet de découvrir en centre-ville les lieux de persécutions, de résistance et de bombardements. Passionnant et instructif.

Par Sophie Deschamps

Dimitri, guide du Cercil devant la préfecture d’Orléans durant la visite “Orléans sous l’occupation”. Photo SD


Pour regarder sa ville d’un œil neuf rien ne vaut de l’arpenter sur un sujet précis. C’est le cas de la visite guidée Orléans sous l’Occupation proposée cet été par le Cercil. Ainsi ce 27 juillet 2023, une quinzaine d’Orléanais.e.s ont suivi les précieuses explications de Dimitri, guide au Cercil, à travers les rues du centre-ville. Un parcours entre hier et aujourd’hui puisque ce guide transportait dans un caddie des clichés d’époque agrandis.

Curieusement, la visite commence au Campo Santo avec une première surprise. En effet l’ancienne synagogue d’Orléans, construite vers 1870, se situait sous l’une des arches de l’ancien cimetière (côté rue Émile Davoust). Un lieu de culte attaqué et partiellement détruit par des Français antisémites dès 1940. 

Deuxième halte devant l’Hôtel Groslot. Car les nazis n’hésitent pas dès leur arrivée dans la cité johannique en 1940 à occuper les bâtiments les plus emblématiques comme l’Hôtel de Ville qui abrite alors la Kreiskommandantur. Une photo prise clandestinement montre le bâtiment privé du drapeau français et sous bonne garde d’un soldat allemand.

Quant à la préfecture, elle assurera notamment la gestion des camps d’internement du Loiret de Pithiviers, Beaune-la-Rolande et Jargeau.

La mémoire de Max Jacob et de Jean Zay évoquée

C’est aussi l’occasion pour notre guide d’évoquer la mémoire de deux grandes figures victimes des nazis et de Vichy. Ainsi Max Jacob, juif converti au catholicisme en 1910. Il est arrêté le 24 février 1944 à Saint-Benoît-sur-Loire dans le Loiret. Promis à la déportation il meurt d’épuisement à Drancy le 5 mars 1944, à 68 ans.

Ou encore l’Orléanais, Jean Zay. Député du Loiret à 27 ans en 1932 et emblématique ministre du Front populaire, il est la première victime politique de Vichy. Emprisonné dès le 7 janvier 1941 à Riom après un procès inique, il sera lâchement assassiné par la Milice le 20 juin 1944. Il repose au Panthéon depuis 2015. Le parcours permettra d’ailleurs de passer devant les bureaux de Jean Zay avocat, 1 rue Croix de Malte.

Les traces des bombardements 

Nouvel arrêt ensuite devant l’immeuble situé 8, rue de la République. Malheureusement aucune plaque n’est là pour indiquer au public que ce bâtiment bombardé en 1944 abritait l’un des services de la Kommandantur. 

Immeuble reconstruit après-guerre 8, rue de la République. A cet emplacement se tenaient des services de la Kommandantur. Photo SD


Les incendies consécutifs aux bombardements des Alliés feront de nombreux dégâts dans l’hypercentre d’Orléans, notamment place du Martroi comme le montre la photo ci-dessous. Seuls sont restés debout l’Hôtel des Postes aujourd’hui disparu, la tour Saint-Paul et la façade du bâtiment qui abrite La Chancellerie.

Place du Martroi en ruines durant l’Occupation. Visite guidée Cercil. Photo SD


Mémoire de Juifs et résistants déportés dans la même rue

En redescendant vers la Loire, une halte s’impose rue de l’Empereur. En effet, au 37 de cette rue se trouve la maison d’une famille juive Les Kaiman, tous déportés et assassinés à Auschwitz à l’exception d’un enfant, Claude. Quelques mètres plus loin, au numéro 33 une plaque rend hommage à un imprimeur résistant : « Ici demeurait Cyprien Depardieu (1889-1942) mort pour la France à Birkenau-Auschwitz »

Enfin Les Justes ne sont pas oublié.e.s. Ainsi une plaque apposée en 2016 au 7, rue du Poirier révèle que l’immeuble (qui accueille aujourd’hui des logements HLM) abritait durant la guerre un orphelinat protestant. Sa directrice Coralie Beluse (1888-1963) y cacha trois petites filles juives à partir de 1943, les sauvant ainsi de la mort.

La visite s’achève devant la préfecture de Région et du Loiret, rue de Bourgogne. Avec des clichés montrant la venue officielle à Orléans de Pétain puis de Gaulle « C’étaient parfois les mêmes personnes dans la foule pour les deux visites », conclue mi-figue mi-raisin l’un des participants à cette balade historique riche d’enseignements.

Infos pratiques

Cette visite guidée Orléans sous l’Occupation sera à nouveau proposée par le Cercil les jeudis 10 et 31 août de 10h à 11h30. Réservation obligatoire au 02 38 42 03 91.
Rendez-vous au musée, 4 euros.

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Roger Secrétain, une figure centrale de l’histoire orléanaise

Commentaires

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  1. En 2012, l’Office de tourisme organisait un circuit dans les rues d’Orléans, avec guide, s’arrêtant devant les lieux emblématiques de l’occupation nazie à Orléans.
    Sans doute un circuit proche de celui du Cercil.
    Quelques photos prises en 2012 :
    https://photos.app.goo.gl/tG2PVdY7wtbUykad6

  2. Bonjour Bernard Thinat,
    je me permets un petit correctif. D’après les photos, la visite était assurée par l’une des médiatrices du CERCIL, Christophine.

  3. Bravo et merci pour cet article bonne et utile initiative du Cercil et de son jeune guide.
    En complément de l’article, il serait souhaitable d’en publier un sur les orléanais « absents pendant ce temps là » car prisonniers de guerre en Allemagne ou en cours d’évasion pour tenter de rejoindre leurs familles restées à Orléans ou réfugiés et hébergés ailleurs. Aujourd’hui ils sont sans doute presque tous disparus . Mais il ne faudrait pas les oublier non plus ; ils ont défendu la France eux aussi. Pour les jeunes d’Orléans, ils ne sont plus que des grands parents ou arrières grands parents dont ils ne savent pas grand chose . Ce serait l’occasion pour qu’ils restent aussi dans le souvenir

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