Quand le design et le numérique nous reconnectent au vivant

L’ESAD d’Orléans vient de lancer la France Design Week, événement annuel international fédérant le monde du design français. On y retrouve une exposition de rentrée où des étudiants présentent leurs créations, tantôt polysensorielles ou tangibles, parfois dans des espaces virtuels et augmentés, où se mêlent en toile de fond enjeux numériques et écologiques.

Par Mael Petit, photos Valérie Thévenot


La France Design Week de retour, c’est l’occasion pour l’École Supérieure d’Art et de Design d’Orléans de refaire parler d’elle à travers six projets de diplôme de DNA imaginés et conçus par des troisièmes années.
 Cette semaine mêlant art et design se veut fédératrice, a pour objectif de promouvoir le secteur tout en rassemblant professionnels et grand public autour d’échanges sur les créations et expertises des designers. La thématique cette année “Vivant, vivants” fait naturellement écho aux enjeux écologiques qui animent notre société confrontée au changement climatique et à la dégradation de la biodiversité. Ils étaient d’ailleurs nombreux, les étudiants, à investir la galerie située au 14 rue Dupanloup pour découvrir le travail de leurs compagnons de l’ESAD. Des enjeux écologiques mais aussi numériques dont cette génération se saisit avec préoccupation, presque investit d’une mission de sensibilisation. Pas étonnant donc de les voir aussi nombreux autour des projets, l’oreille attentive aux explications des diplômés d’une passionnante prolixité quant aux détails distillés sur la démarche artistique et leur processus de création.

« Luminescence » de Thomas Decreus – Photo Valérie Thévenot

Le monde virtuel pour sensibiliser sur le monde vivant

Ainsi les différents travaux présentés cherchent à nous reconnecter au vivant, tous d’une manière bien singulière, parfois en usant de la technologie. C’est le cas avec Thomas Decreus qui nous plonge dans son univers « Luminescence », un monde en réalité virtuelle où la végétation a repris ses droits dans un désert que l’eau est venue revitaliser. C’est aussi le parallèle entre l’entomologie et le langage informatique réalisé par Max Kerboal. Max, qui s’intéresse aux insectes (bugs en anglais, un terme qui désigne aussi des problèmes techniques en informatique), a mené des recherches sur le langage inter-espèces mais aussi sur les mycorhizes, preuves d’une association symbiotique entre une plante et un champignon. Véritable analogie avec notre réseau de communication informatique, ses travaux interactifs questionnent sur le lien que nous entretenons avec le vivant. 

Exposée elle aussi, Céline Rabineau présente ses parcours dans le centre-ville de la préfecture loirétaine à la recherche de plantes sauvages dans les milieux urbains. Sorte de pérégrinations numériques orléanaises à la recherche d’un vivant tentant par tous les moyens de percer l’artificialisation des sols à outrance de l’homme. L’idée lui est venue lors de ses trajets du quotidien en se rendant à l’école. La tête dans les pavés, Céline tique sur « ces plantes qu’on ne remarque jamais. Ce projet est un message d’alerte car si les plantes tentent constamment de se faire une place dans les milieux urbains, c’est bien pour une bonne raison ». Muni d’une tablette, le public peut alors se balader dans la ville par le biais de la réalité augmentée. On y découvre une nouvelle Orléans, aux rues parsemées de plantes sauvages en modèle 3D qui ont été ajoutées, « le but étant de montrer où la végétation aurait pu être présente, voire où elle l’était par le passé ». 

D’autres étudiants ont décidé de prendre le contre-pied du numérique et de la réalité virtuelle. Outre la chimère macabre et poétique en tissu torturé d’Eva Leblanc, véritable plaidoyer coup de poing sur la protection des animaux d’élevage,
l’ « émersion polysensorielle » de Rose Lormelle nous convie à une « simple » promenade en forêt grâce à la reconstitution d’un écosystème fait de terre, de mousse, de branches, de feuilles, d’écorces de bois…
Une installation qui éveille nos sens jusqu’à « l’émersion », terme imaginé par sa conceptrice et opposé à l’immersif, tout comme le numérique l’est au vivant. Une présentation couplée à une œuvre contemplative, squelette de feuilles en décomposition modelable à désir, œuvre presque hypnotique qui vient compléter la polysensorialité de l’instant.

 
La galerie photos de Valérie Thévenot

      

Informations Pratiques
 
L’exposition accueille également le catalogue augmenté Symbiose, thématique d’ISEA2023, événement majeur de la scène mondiale de la création numérique, partenaire de l’école. Ce catalogue, qui invite également à explorer les mutations en cours et à imaginer des futurs possibles, présente les œuvres des artistes lauréats de l’appel à projet. 
 
Galerie de l’ÉSAD Orléans, 14 rue Dupaloup – Orléans
Jusqu’au 22 septembre 2023
Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 17h
 
Entrée libre

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