Le Matrimoine bien visible au musée des Beaux-Arts d’Orléans

Les journées du Patrimoine des 16 et 17 septembre 2023 sont aussi l’occasion de parler des œuvres des femmes et donc du Matrimoine. De plus en plus de lieux culturels jouent le jeu. C’est le cas du musée des Beaux-Arts d’Orléans qui propose un parcours sur les œuvres des artistes femmes qu’il abrite.

Par Sophie Deschamps 

 

Bacchus enfant de Julie Duvidal de Montferrier, 1822, dernière acquisition du Musée des Beaux-Arts d'Orléans

Bacchus enfant de Julie Duvidal de Montferrier (1822, dernière acquisition du Musée des Beaux-Arts d’Orléans.) Photo SD


Le musée des Beaux-Arts d’Orléans propose de nombreuses animations durant ces Journées du Patrimoine 2023. Parmi elles, un petit livret Journées du Matrimoine (en lien avec le collectif HF) permet de découvrir les œuvres de femmes, peintures et sculptures, présentes dans le musée. Notamment, des artistes du 19e siècle totalement oubliées et qui pourtant étaient très célèbres de leur vivant. 

Julie Duvidal de Montferrier au musée des Beaux-Arts 

À commencer par Julie Duvidal de Montferrier (1797-1865) dont le MBA vient d’acquérir pour 45.000 euros son œuvre Bacchus enfant (voir photo ci-dessusgrâce à un mécénat participatif de 128 donateurs privés avec Les Amis du musée d’Orléans. 

Et elle le mérite. Au salon de 1822, à seulement 25 ans, elle s’impose déjà comme l’une des figures majeures de la peinture féminine de son temps. Et elle fait un triomphe avec justement son Bacchus enfant. Comme l’a indiqué ce samedi matin Olivia Voisin, conservatrice du MBA avec son enthousiasme habituel : « Les femmes artistes ne sont pas rares à l’époque. Mais elles sont reléguées des sujets très cadrés : des fleurs et des portraits. Mais Julie va être très rebelle puisqu’elle va s’aventurer jusqu’aux frontières de la peinture historique, alors réservée aux hommes. Heureusement pour elle, le duc d’Orléans, futur Louis-Philippe la soutient et acquiert son œuvre Bacchus enfant. C’est la seule œuvre qui sera sauvée du grand incendie de la galerie du Palais-Royal lors de la Révolution de 1848. Nous sommes donc très fiers de la présenter au public orléanais. Mais Julie devra cesser de peindre officiellement après son mariage avec le frère de Victor Hugo, ce dernier se montrant moins libertaire qu’on ne pourrait le penser. »

Aimée Brune-Pagès, première femme à entrer au musée

À l’inverse Étude de femme est le premier tableau d’une femme, Aimée Brune-Pagès (1803-1866) à entrer au MBA en 1839, soit 14 ans après son ouverture en 1825.

Étude de femme, Aimée Pagès, MBA Orléans

Étude de femme, Aimée Brune-Pagès, premier tableau d’une peintresse entré au MBA en 1839. Photo SD


Et comme l’explique à nouveau Olivia Voisin : « Ce tableau a servi d’affiche pour la réouverture des salles du XIXe siècle. Elle va avoir une trajectoire similaire à celle de Julie Duvidal mais elle aura la chance, elle, d’épouser le peintre Christian Brune. En 1839, elle élargit sa palette et en plus des portraits, elle va se frotter aux scènes historiques en principe interdites aux femmes tout comme l’expression des sentiments. Et en 1839 à Orléans, lors d’une exposition de la Société des Amis des Arts elle présente ce grand tableau Étude de femme. » 

Citons encore Rosa Bonheur avec son tableau La Vache au pâturage (vers 1845) que le musée d’Orsay a célébrée en 2022 avec une grande rétrospective. Mais aussi Catherine-Caroline Cogniet-Thévenin (1813-1892) Élisabeth Vigiée-Le Brun (1755-1842), Marie d’Orléans (1813-1839) Marianne Loir (1705-1783), Thérèse Laperche (1743-1814), Adélaïde Labille-Guiard (1749-1803), Marie-Victoire Lemoine (1754-1820) et enfin Rosalie Thévenin (1819-1892). Autant de femmes douées, souvent féministes et célébrées de leur vivant.

Les femmes artistes du XXe siècle aussi 

Les artistes contemporaines sont aussi présentes au MBA, à l’instar de Tamara de Lempicka. En 1976, elle choisit Orléans parmi cinq musées français auxquels elle fait don d’une œuvre, Saint-Moritz (1929) pour le MBA. Mais aussi Marie Laurencin, la sculptrice Germaine Richier, ou bien encore notre immense artiste Jeanne Champillou née à Saint-Jean-le-Blanc.

À noter enfin que la réfection actuelle des salles du XXe siècle permettra d’accueillir des sculptures de Jacqueline Zay, qui n’est autre que la sœur de Jean Zay.

Sur le thème du Matrimoine, à signaler la sortie de la BD Le Grand Incident de Zelba (éditions du Louvre). Un album hilarant qui aborde avec sérieux la manière dont les hommes “regardent” les nus des tableaux et des sculptures. D’où une grève des statues du Louvre qui deviennent transparentes pour échapper au male gaze…

Couverture BD Le Grand Incident

Couverture BD Le Grand Incident

À lire aussi sur Magcentre : Le corps des femmes dans la peinture à Orléans, suivez le guide !

Commentaires

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  1. et pourquoi les oeuvres des femmes ne feraient-t-elles pas partie du patrimoine ?
    Bientôt on va évoquer la matrie et les matriotes!!!

  2. “premier tableau d’une peintresse entré au MBA en 1839” :
    oh nooooon ;
    “la peintre”, je veux bien mais pas “la peintresse”, ou alors pourquoi pas “la peintreuse” ?

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