Leyla McCalla questionne superbement ses origines caribéennes

Ce mardi 7 novembre en salle Barrault du Théâtre d’Orléans, Leyla McCalla a réaffirmé son profond engagement humaniste. Inspirée par l’aventure de Radio Haïti, elle a joué les chansons de son dernier disque, en revenant sur quelques morceaux de ses enregistrements antérieurs. Avec ses influences musicales diverses, elle a proposé un magnifique voyage dans les Amériques noires du sud.

Par Bernard Cassat.

Leyla McCalla. Portrait de Noe Cugny.


Elle a fait du chemin depuis son premier enregistrement il y a une dizaine d’années. En tournée en France pour cinq concerts, elle est venue présenter son quatrième album, Breaking The Thermometer. Elle y raconte ses origines haïtiennes. Elle a expliqué que ses parents, pour échapper à la dictature de Duvalier, ont émigré aux US où elle est née. Mais elle parle kreyol, ce dérivé haïtien du français que parlait sa grand-mère restée sur l’île, qu’elle a souvent visitée. Et elle parle français aussi. D’ailleurs, elle a séjourné quelques années de sa vie au quartier français de la Nouvelle-Orléans.

L’hommage à Jean Dominique, journaliste haïtien

Pour se présenter, elle a commencé par un magnifique instrumental modulé sur son violoncelle, avec de puissants accents de musique du sud. Dans ce nouveau travail, elle a exploré les archives de Radio Haïti, dirigé pendant longtemps par Jean Dominique. Il portait la parole du peuple, et cet engagement lui a coûté la vie en 2000. Plusieurs chansons de Leyla tournent autour de cette question de la violence et de la répression dans ce pays qui n’arrive pas à enclencher un cercle vertueux.

Portrait réalisé par Laura Partain


Son fond, sa base musicale, elle l’a trouvée dans le folk américain : mélodies magnifiques, picking de guitare ou banjo. Folk traditionnel, dans la lignée des grands du genre, mais aussi souvent passé par la Nouvelle-Orléans, où le cajun apporte une sorte de magnifique salissure du style, une rudesse expressive. Leyla mélange à la rigueur classique quelques rythmes venus du sud. Allant même plus loin, jusqu’à rejoindre des accents de rythmes brésiliens, salsa ou bossa, ou de saudade portugaise. Sa voix d’ailleurs fait penser souvent à celles des grandes chanteuses de fado, plutôt grave, pas toujours agréable, mais qu’elle domine superbement, utilisant les accents qu’elle sait émouvants. Elle s’est construit ainsi un style bien particulier, dégageant une voix singulière de toutes ces influences parfaitement assimilées. Les trois musiciens de haut niveau qui l’entourent dominent eux aussi cette palette de types musicaux, du pop affirmé au jazz bluesy et à la chaleur des caraïbes et des rythmes sud-américains. Elle change d’instrument (violoncelle, banjo, guitare) comme de langue (anglais, kreyol) pour un set très vivant. Sobrement, elle annonce sa couleur, sa défense de la liberté et sa lignée avec le premier peuple noir à s’être libéré de l’autorité coloniale. Elle a d’ailleurs repris quelques morceaux de son premier cd avec des textes de Langston Hughes, un poète noir militant des droits civiques. Le public très participatif a demandé plusieurs bis qu’elle a donnés avec plaisir et humour.

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