Cherchez la femme derrière l’écrivain au Centre Péguy d’Orléans

Derrière chaque écrivain, des femmes. Rendons-leur un peu d’espace. C’est le titre pour le moins explicite de la nouvelle exposition du Centre Charles Péguy d’Orléans. Elle met ainsi en lumière le rôle des femmes qui à travers les âges, ont formé, protégé ou inspiré de grands auteurs.

Affiche de la nouvelle expo du Centre Charles Péguy d’Orléans. Photo SD


Par Sophie Deschamps
 

Le Centre Charles Péguy d’Orléans continue de creuser son sillon féministe avec cette nouvelle exposition « Derrière chaque écrivain, des femmes. Rendons-leur un peu d’espace ». De l’espace et de la visibilité, c’est ce que proposent les 13 panneaux répartis dans les deux salles du centre. Une exposition itinérante concoctée par Le Réseau des maisons d’écrivains et des patrimoines littéraires en Picardie. Il faut dire que cette région a vu naître de grands noms de la littérature française : Jean Racine, La Fontaine, Alexandre Dumas ou bien encore Paul Claudel, tous évoqués dans cette expo.

L’idée de base est somme toute assez simple mais essentielle : faire connaître des femmes, mère, sœur, épouse, amie, bienfaitrice, éditrice, héroïne, lectrice qui à toutes les époques ont formé, protégé ou inspiré de grands écrivains. À commencer par un monument national : Alexandre Dumas.
On apprend ainsi que l’auteur des Trois Mousquetaires a compté parmi ses innombrables maîtresses Mélanie Waldor. Celle-ci fut à la fois sa maîtresse donc mais aussi sa bienfaitrice, sa muse romantique, mais surtout une poétesse et femme de lettres. C’est aussi elle qui lui inspira son premier drame contemporain Antony, qui lui ouvrira les portes de la célébrité. 

Marie de Gournay, écrivaine de la Renaissance oubliée 

La parole est aussi donnée à Marie de Gournay (1565-1645) jeune femme autodidacte qui à 18 ans apprend seule le latin et le grec. Elle découvre nous dit-on avec émerveillement les Essais de Montaigne. Un auteur qu’elle rencontrera à deux ou trois reprises. C’est elle qui trois ans après sa mort en 1595 fera paraître la troisième édition des Essais, qu’elle augmente d’une longue préface écrite de sa main. Puis en 1626 dans un pamphlet Les femmes et Grief des femmes elle écrit ceci : « Bien heureux, es-tu, lecteur, si tu n’es point de ce sexe qu’on interdit de tous les biens, le privant de la liberté, et même qu’on interdit encore à peu près de toutes les vertus (…) afin de lui constituer pour seule félicité (…) l’ignorance, la servitude et la faculté de faire le sot si ce jeu lui plaît. »

Une misogynie récurrente

C’est aussi l’occasion de (re)découvrir la misogynie sans borne de ces grands auteurs. Ainsi Jules Verne n’hésite pas à déclarer en 1893 dans son discours de distribution des prix du lycée de jeunes filles d’Amiens : « Prenez garde de ne pas vous égarer en courant le domaine scientifique. Puissiez-vous en sortant du cours de chimie générale, savoir confectionner un pot-au-feu » 

Message entendu. Plus de cent ans après cette déclaration et même si les discours ont heureusement changé, les filles restent minoritaires dans les filières scientifiques. 

Une exception notable toutefois. Nicolas de Condorcet et son épouse Sophie de Grouchy (1764-1822) certes de 19 ans sa cadette mais qu’il traitera toujours d’égal à égal. En effet, cette intellectuelle, femme de lettres et traductrice française tiendra un salon important de la Révolution française jusqu’à sa mort. À l’occasion de leur septième anniversaire de mariage il lui écrit ce magnifique poème dans lequel il écrit : « J’ai servi mon pays, j’ai possédé ton cœur, je n’aurai point vécu, sans goûter au bonheur. »

Camille, inspiratrice de Paul Claudel 

Il faut dire enfin un mot des femmes de la vie de Paul Claudel. Tout d’abord Camille Claudel, la talentueuse sculptrice connue et dévorée par l’ogre Rodin. Elle joua aussi un rôle essentiel auprès de son jeune frère en l’initiant aux grands textes et en l’introduisant dans les cercles littéraires parisiens. Elle lui inspirera aussi plusieurs de ses personnages de théâtre.

C’est ensuite Rosalie Vetch, rencontrée sur le bateau qui ramène le consul en Chine en 1900. Ils vont vivre quatre années de passion puis la belle retourne en Europe. Elle lui inspirera le personnage d’Ysé dans Partage de midi

Et encore ceci n’est qu’un petit aperçu de toutes ces femmes méconnues qui méritent de sortir de l’ombre.

Derrière chaque écrivain, des femmes. Rendons-leur un peu d’espace 

jusqu’au samedi 23 mars 2024

Centre Charles Péguy – 11, rue du Tabour, Orléans 

Ouvert du mardi au samedi de 14h à 18h. Entrée gratuite

Plus d’infos autrement sur Magcentre : Honneur aux féministes aux Temps Modernes à Orléans

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    • matin 10°C
    • après midi 10°C
  • dimanche
    • matin 12°C
    • après midi 16°C
Copyright © MagCentre 2012-2024