Face aux défis environnementaux et sociétaux qui s’imposent, la Région Centre-Val de Loire accompagne la Filière Légumes du territoire depuis 12 ans dans ses inéluctables mutations par des aides en échange d’engagements de la part des acteurs. Le 8 février dernier, le CAP Légumes, 4e génération, a été signé dans les Serres Transon à Ouvrouer-les-Champs.
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Signature du CAP Légumes 4e Génération aux Serres Transon. De g. à d. Jean-Michel Gallier et Gérald Céleste (Co-présidents de CAP Légumes), Temanuata Girard, vice-Présidente de la Région Centre-Val de Loire déléguée à l’Agriculture et à l’Alimentation et Philippe Noyau, président de la Chambre régionale d’agriculture. Photo Estelle Boutheloup
Par Estelle Boutheloup
« Gagner 5 points de souveraineté en fruits et légumes dès 2030 et enclencher une hausse tendancielle de 10 points à horizon 2035. » L’objectif est clair et ambitieux pour le Plan de souveraineté annoncé le 1er mars 2023 pour la filière fruits et légumes par Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Pour autant est-il réalisable ? « C’est une grande équation mais il n’y a pas de raison que l’on n’y arrive pas. Pour ça il faut que nos produits soient reconnus et mis sur le marché de la manière la plus équilibrée qui soit. On a aussi laissé faire la communication de nos produits par la grande distribution, à nous de nous prendre en charge maintenant ! » Si Jean-Philippe Gallier n’ouvre pas ses serres de concombres au public, il a accueilli cette année la signature du CAP Légumes qu’il co-préside.
Ce Contrat d’Appui aux Projets est issu de la politique de structuration des filières agricoles impulsée par la Région Centre-Val de Loire (CAP Filières) depuis 2012. Son objectif ? Accompagner les acteurs de la filière par des aides (appuis financiers et techniques, expertise, animation de réseau…) en échange d’engagements et d’actions répondant aux enjeux actuels et futurs de l’agriculture : adaptation face à l’évolution du climat, défi alimentaire, manque de main-d’œuvre, transition écologique et énergétique. « Avoir des entreprises durables et résilientes, c’est la clé pour maintenir de la production en région et continuer à vivre de notre métier, souligne Philippe Noyau, président de la Chambre régionale d’agriculture. Sans cela, il y aura de moins en moins de producteurs pour nourrir la population. »
Innover pour résister !
Signé le 8 février dernier dans les Serres Transon à Ouvrouer-les-Champs (Loiret) entre les deux co-présidents du CAP Légumes, Jean-Michel Gallier et Gérald Céleste, Temanuata Girard, vice-Présidente de la Région Centre-Val de Loire déléguée à l’Agriculture et à l’Alimentation, et Philippe Noyau, président de la Chambre régionale d’agriculture, ce CAP Légumes décline un plan d’actions visant à pérenniser exploitations et entreprises en les aidant à améliorer leurs performances économiques et environnementales, à soutenir la filière dans la transition agroécologique et à structurer la filière, et enfin à promouvoir et valoriser les fruits et légumes auprès des consommateurs et à « donner de la valeur à nos métiers auprès des apprenants pour que nos filières soient là demain mais aussi auprès des collectivités et de la restauration collective », explique Philippe Noyau. Pour cela la Région a doté le CAP Légumes de 2,23 M€ dont 177 338 € de fonds FEADER, pour un coût qui s’élève à 8,395 M€. « Je salue cette volonté et cette dynamique du collectif » a aussitôt exprimé Temanuata Girard.
Chips de betterave et de pommes élaborées dans l’atelier de stabilisation végétale des serres Transon. Photo EB
« De qui l’entreprise a besoin aujourd’hui pour toujours être là demain ? » Jean-Michel Gallier a trouvé une piste de réponse pendant le Covid avec l’idée de mettre en place un atelier de stabilisation végétale. L’idée ? Éviter les pertes de fruits et légumes jetés parce qu’ils sont mal calibrés, pas aux normes ou mal étiquetés… « Voir perdre sa production ça fait mal au cœur. On a ainsi trouvé une solution en redonnant une seconde vie à ces produits. » Installé en 2023 pour 1,2 M€ d’investissements, cet atelier agro-alimentaire jouxte l’une des immenses serres de l’exploitation Transon (en monoculture à 99%) où poussent 1,2 million de concombres par hectare. Y arrivent tomates, pommes, poires, petits fruits, asperges, poivrons, basilic… non contaminés de producteurs locaux qui vont être finement tranchés ou broyés puis chauffés en chambres par une ventilation de flux d’air durant plusieurs heures pour obtenir des chips de fruits souples et goûteuses, « déshydratées, stabilisées et non séchées pour que le produit reste vivant », ou de la poudre (asperge, céleri, tomate, betterave…) pour les soupes, sauces et colorants naturels utilisés par les restaurateurs. Un procédé doux, efficace et rapide, qui ne dégrade ni la couleur, ni le goût, ni les nutriments, et sans jus de pomme ajouté comme dans les produits classiques vendus en grandes surfaces. « Ce procédé pourrait par ailleurs intéresser des acteurs de la cosmétique avec une mise à disposition de l’outil pour la R&D. Dans une démarche de relocalisation, les entreprises sont en transition avec l’achat de produits locaux pour retrouver et prélever des actifs dont ils ont besoin. »
Une démarche de progrès et de performance incontournable pour les producteurs qui ont bien compris qu’aujourd’hui il faut innover et trouver de nouveaux débouchés pour résister et pérenniser les exploitations.
Photo de Une Estelle Boutheloup/Mag’Centre. Frédéric Transon, exploitant des Serres Transon.
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