En Sologne du Cher, à Neuvy-sur-Barangeon, le Conseil départemental vient d’officialiser Cher Forêt École, une structure de formation spécifique aux massifs forestiers pour les pompiers du département. La qualité des installations du site, sur 28 hectares, devrait permettre une ouverture aux services de sécurité civile de toute la zone nord de l’Hexagone.
Au cœur du massif solognot, les sapeurs-pompiers ont trouvé le spot idéal pour l’instruction. Photo FS
Par Fabrice Simoes
Jusqu’à la fin du siècle dernier, les étudiants volontaires, en mal de job d’été, avaient parfois la chance de se retrouver en haut du château d’eau de Souesmes pour assurer des tours de garde pour la prévention des incendies de forêt. Un boulot de guetteur plus exigeant qu’il n’y paraît. Cela nécessitait, dans un premier temps, de ne pas être sujet au vertige, de posséder une bonne vue et d’être particulièrement vigilant. Derrière leurs jumelles, ils annonçaient les fumées suspectes au cœur du massif solognot, et le point de vue était large… La suppression de ces vigies des bois avait rendu plus compliquée la prévention des départs de feu. Même si, sur le massif solognot environnant, les caméras de surveillance et les drones ont remplacé les étudiants du château d’eau, force est de constater que, dans le même temps, le changement climatique a engendré de grosses évolutions de ses caractéristiques. Ces modifications aggravent l’exposition à ces risques particuliers. De fait, le Centre-Val de Loire, dans sa globalité, n’est plus aussi épargné par ces dangers que par le passé.
Ce sont ces modifications, dans un département du Cher qui compte environ 160 000 hectares de forêts, soit 22 % de son territoire, et après les 12 feux de forêt dénombrés dans le département en 2022, contre 2 en 2021 et 6 en 2020, que les élus départementaux ont pris en compte. Des élus qui sont aussi les financeurs du SDIS (Service départemental d’incendie et de secours). Une réflexion avait été engagée et, en août dernier, ces mêmes élus départementaux avaient émis le souhait d’une « école pour lutter contre les feux de forêt » pour une approche actualisée des incendies dans ce milieu spécifique.
Un outil de formation départementale pérenne
Cet outil de formation avait vocation à sensibiliser les plus jeunes et devenir un outil de vulgarisation qui serait porté par le Conseil départemental. La volonté était alors d’associer des partenaires à l’image de la préfecture du Cher et du SDIS. D’autres acteurs concernés par les risques de feux de forêt, de l’ONF à Fransylva 18 (le syndicat des propriétaires forestiers sylviculteurs du Cher) en passant par le rectorat d’Orléans et des établissements scolaires comme le LEGTAA Le Chesnoy-les-Barres, le CFAAD du Loiret ou le Lycée de Bourges-Le Subdray ont, depuis, rejoint le projet.
La plupart des acteurs de la filière bois se sont associés au projet en Sologne. Photo FS
Voilà quelques jours, à Neuvy-sur-Barangeon, sur le site du village vacances du VVF, Les Grandes Garennes, même si des opérations de formation ont déjà été effectuées, tous étaient réunis pour la signature finale et l’officialisation de la structure.
Le projet, fédérateur de tous les acteurs de la forêt, répond à plusieurs objectifs qui vont de la sensibilisation des propriétaires privés et publics, tout comme le grand public et les jeunes aux risques de feux de forêt, à l’application des bonnes pratiques d’aménagement et d’entretien (pistes, bandes pare-feu, citernes référencées), ou encore à l’amélioration du dispositif DFCI (défense de la forêt contre les incendies)… Le mot d’ordre, très souvent lors des incendies, reste la prévention et l’anticipation. Ces deux domaines sont dès aujourd’hui appliqués dans cette école new look. Là, à travers la création et l’aménagement d’espaces forestiers plus résilients aux effets du réchauffement climatique, avec son application par des étudiants des filières agricoles, sylvicoles et forestières (travaux pratiques, essais de plantation de nouvelles essences plus résistantes…) ou avec la mise en lumière de la problématique de l’engrillagement quant à la défendabilité du massif, de nouvelles pratiques sont expliquées.
Outre son potentiel au niveau régional, les caractéristiques du site suscitent de l’intérêt hors Centre-Val de Loire. La possibilité que Neuvy devienne un centre de formation délocalisée de l’ECASC (Ecole d’application de Sécurité Civile) n’est pas exclue. En Sologne, on se dit que, tant que la forêt ne brûle pas, y’a pas le feu au lac !
Une panneautique spécifique sera installée dans le village VVF. Photo FS
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