Théâtre d’Orléans : INUI pour une musique inouïe

Ce mercredi 3 avril, au théâtre d’Orléans, la Scène nationale continuait à programmer les artistes sélectionnés par le dispositif Jazz Migration. INUI, un quartet de Toulouse, a proposé une heure de musique tout à fait originale, avec des voix incroyables et des arrangements séduisants.

Les deux chanteuses Clémence Lagier et Valeria Vitrano



Par Bernard Cassat


Ils sont quatre musiciens de la région de Toulouse, trois femmes et un homme, beaucoup de voix, du clavier électrique et du rythme. Ils se sont rencontrés autour de Music’halles, l’école des musiques vivaces à Toulouse. Ils ont regroupé leur singularité pour nous présenter un son tout à fait original et spécial qui a séduit tous les jurys de Jazz Migration. Ils étaient mercredi en soirée salle Vitez.

Des réminiscences de tous les folklores

Deux chanteuses ! Qui amènent chacune une ouverture sonore différente, mais qui se rejoignent souvent sur de très étonnantes variations aériennes. En les entendant, on se souvient vite que le jazz, depuis peut-être une décennie, est aussi habité par des voix abstraites, des voix sans parole. Élinoa, Leila Martial, etc. Dans cette lignée, les voix d’INUI, comme toute leur musique, ont trouvé leur accord, leur particularité. Elles picorent les sons comme des oiseaux en liberté, elles les prolongent en répétant les séquences, elles les unissent pour une puissance commune et montent ensemble dans les aigus vers une plénitude communicative. Il y a des réminiscences de tous les folklores du monde, féminins en majorité, ces voix de Kabylie, du désert, ces voix d’Europe de l’Est, ces voix du folk américain (nord et sud) aussi, qui se cassent pour mieux repartir, qui jouent avec leur pouvoir pour toucher au plus profond. À deux, elles arrivent à former un chœur !

L’importance du corps pour rythmer le chant

Clémence Lagier comme Valeria Vitrano s’appuient aussi beaucoup sur le rythme. Par la danse, par le mouvement du corps, qui devient en entier, parfois, caisse de résonance. Elles tapent du pied, ou se frappent la poitrine pour moduler les sons, les faire vibrer. Pourtant derrière elles, un sérieux dispositif rythme l’ensemble. Maya Cros aux claviers électriques jongle avec les mélodies, trouve des accents très pop, style années 70, ou des moments plus déstructurés de jazz improvisé, sa main gauche en basse et sa droite qui vole sur les touches. Inventivité et maîtrise. Elle apporte une colonne vertébrale magnifique pour que les voix se développent dans toute leur puissance.

De beaux dialogues sonores. Capture de clip.


Et Dimitri Kogane à la batterie complète l’ensemble, avec son jeu puissant mais très adapté aux voix. Moments pleins de rock le plus fou, ou juste petites touches de cymbales qui soulignent, roulements de jazz qui font entrer dans le vif du sujet. Terriblement présent et à la fois à sa place.

Ce son commun construit une musique magnifique, étonnante et en même temps pleine de références. INUI nous entraine avec bonheur dans son monde plein d’oiseaux et de nature grand format. Qu’il chante des sons ou des paroles (en anglais en général), ce chant du corps, ce chant de la terre nous prend sans nous lâcher. Très au point, en pleine maturité, le groupe nous a donné un magnifique moment de musique.

Photos : captures de leur clip sur YouTube : Incendie

Plus d’infos autrement sur Magcentre: Orléans : deux parties contrastées pour une grande soirée de jazz

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