Tradition oblige, les syndicats appelaient à manifester un peu partout dans la région en ce 1ᵉʳ mai. Un an après la massive mobilisation contre la réforme des retraites, le contexte international et de nouveaux conflits sociaux locaux sont venus s’ajouter aux classiques slogans liés à l’amélioration des conditions de travail et des salaires.
Les messages de paix étaient omniprésents dans les cortèges de ce 1er mai 2024. Photo M.L. Bonneau
Par Mael Petit, photos Marie-Line Bonneau
Il est loin le temps de l’excitation et de l’émulation d’une intersyndicale au complet. Loin aussi les retraites qui avaient réussi à fédérer comme jamais ou presque les travailleurs. Ce 1ᵉʳ mai 2024 était le premier anniversaire d’une période de luttes en front uni, synonyme de nostalgie et de date marquant la légitimité retrouvée et le retour en force des syndicats dans le rapport de force et le dialogue avec le gouvernement. Les plus romantiques pensaient sans doute à des retrouvailles pour fêter ça afin d’éviter le rendez-vous donné dans 10 ans, même jour même heure, on ne sait pas.
En région Centre-Val de Loire on a pu le constater au sein des différents cortèges et rassemblements, comme dans le Cher et dans le Loiret où la présence des oranges s’est faite rare. La CFDT était pourtant conviée à Orléans, par exemple, de l’aveu même des syndicats à l’initiative de l’appel à manifester, mais l’invitation a été déclinée. À Tours, tout le monde n’a pas souhaité se mouiller aux côtés des collègues porteurs de drapeaux, la CFTC notamment. Qu’importe, les organisations syndicales volontaires ont battu le pavé sous la grisaille et la pluie.
Des revendications locales
Les manifestants étaient tout de même plus de 500 à Orléans et même un peu plus à Tours, plus de 300 à Bourges et Blois ou encore 250 à Vierzon. Tous alignés sur la défense des acquis sociaux menacés par « la casse sociale du gouvernement » pointée par la CGT notamment à travers la réforme de l’assurance chômage. Ainsi entendait-on des slogans pour promouvoir l’égalité dans le milieu professionnel, pour améliorer les conditions de travail ou pour une augmentation générale des pensions de retraite et des salaires. Des revendications qui ont pu parfois faire écho à l’actualité locale de certains territoires. Comme à Blois où dans le cortège parti de la préfecture, plusieurs militants du collectif “Pas d’enfants à la rue” étaient présents. Mobilisé depuis plusieurs semaines déjà pour alerter sur le risque de voir des familles se retrouver sans hébergement, le collectif a une nouvelle fois donné de la voix ce mercredi. Des cris d’alarme qui ont retenti aussi à Orléans lorsque la CGT a apporté son soutien aux 230 salariés de Duralex, le verrier loirétain fleuron de l’industrie française placé en redressement judiciaire la semaine dernière. Le tout alors que le Premier ministre Gabriel Attal rassurait les médias sur le sujet en pleine déambulation chiraquienne à la Foire de Beaugency à 30 km de là.
Appel à la paix dans le monde
Mais cette Journée des travailleurs avait surtout des accents plus internationaux qu’à l’accoutumée en raison du contexte géopolitique tendu de ces derniers mois. « Ce 1ᵉʳ mai s’inscrit également dans la bataille contre les décisions politiques, avec en toile de fond la stratégie du gouvernement de nous emmener droit vers une industrie de guerre », dénonce Pascal Sudre, représentant CGT 45. Les slogans et messages des défilés portaient ainsi sur des appels à mettre fin aux guerres dans le monde et à renforcer la solidarité entre les peuples, avec sur toutes les lèvres la guerre en Ukraine qui s’enlise bien sûr, mais aussi et surtout le conflit israelo-palestinien dont les appels au cessez-le-feu, parfois avec banderoles, ont émaillé les différents rassemblements. Des témoignages de soutien « aux Gazaouis sous les bombes victimes d’un génocide du gouvernement israélien » qui venaient rappeler le climat morose que traversent les manifestants, et cela à un mois d’un scrutin européen qui « s’annonce aussi triste que la météo du jour », confiait l’un d’entre eux.
Le 1ᵉʳ mai en image