Jeanne d’Arc côté culture à Orléans

Loin des festivités bruyantes et de la foule des grands jours, un moment fort intéressant s’est déroulé le matin du 7 mai au musée d’Orléans. Il s’agissait d’une conférence par l’historienne Catherine Guyon venue tout droit de Lorraine (ça ne s’invente pas), précédée d’une table ronde sur l’histoire des fêtes avant d’être suivie par une visite flash du musée des Beaux-Arts d’Orléans.

De G à D : Yann Rigolet, doctorant et enseignant à Orléans, Jean-Pierre Gabelle, conseiller municipal, Margaux Lagleize, animatrice, Olivier Bouzy, docteur en histoire médiévale, Bénédicte Baranger, présidente de Orléans Jeanne d’Arc. photo ACC



Par Anne-Cécile Chapuis


L’auditorium du Musée des Beaux-Arts se remplit et c’est, aux dires des organisateurs, une heureuse surprise. Serge Grouard, maire d’Orléans, ouvre la séance en rendant hommage à Francis Favet, maire de Vaucouleurs depuis 2017, qui aurait dû participer aux fêtes 2024 comme à l’accoutumée, mais qui vient de décéder subitement. Il rappelle ensuite les valeurs de Jeanne, celles de l’alliance, de la nation et du territoire.

Puis place à la table ronde, adroitement menée par Margaux Lagleize qui, en appui sur sa formation de comédienne, fait merveille dans la fonction de lien, gestion du temps et soutien des intervenants.

L’auditoire attentif lors de la conférence du 7 mai 2024 au Musée des Beaux-Arts d’Orléans. Photo ACC

Une fête ancrée dans les valeurs et les rituels

La parole est donnée à Olivier Bouzy, attaché de conservation du patrimoine et ancien directeur du Centre Jeanne d’Arc d’Orléans, pour un exposé sur l‘histoire des fêtes. Exclusivement religieuse sur fond de processions dans ses débuts, la fête de Jeanne d’Arc s’ouvre progressivement à des banquets républicains, jeux et hommages des provinces françaises. Au XXe siècle, l’on voit apparaitre les invités d’honneur, les associations (qui remplacent les corporations), et les villes jumelles.

Yann Rigolet, doctorant et enseignant à la faculté d’Orléans, insiste sur la portée symbolique des fêtes orléanaises. « On dit beaucoup de choses à Orléans le 8 mai » avec les discours du maire, de l’évêque, de l’invité, très écoutés par les médias nationaux qui guettent « la » phrase qui fera office de scoop.

Bénédicte Baranger, présidente de l’association Orléans Jeanne d’Arc, insiste sur cette fête « tripartite » – religieuse, militaire et civile – dans une célébration commune et festive lors d’un cortège « sans orgueil mais avec fierté » qui réunit chaque année environ 1 500 participants ; et Jean-Pierre Gabelle, conseiller municipal délégué aux fêtes de Jeanne d’Arc de conclure sur un « à quand l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO ? »

Le propos clair d’une conférencière très pointue

Catherine Guyon, conférencière. Photo ACC


Catherine Guyon, maître de conférence en histoire médiévale à l’université Nancy-Metz évoque le rayonnement mondial de celle qu’on nomme « la pucelle », reliant cette notoriété aux valeurs universelles portées par le personnage. Très documenté, son propos montre que Jeanne a largement dépassé les frontières de la France pour incarner l’engagement et l’héroïsme. On trouve Jeanne d’Arc dans de nombreux pays, avec églises, statues, peintures, monuments. Son image et son épopée ont fait l’objet de films, ont inspiré plusieurs compositeurs ou écrivains, ont donné lieu à des bandes dessinées. L’auditoire est attentif, intéressé et souvent surpris, par exemple lorsqu’il découvre que Jeanne d’Arc figure dans les mangas au Japon, ou a inspiré Mulan en Chine, qu’elle peut être support de jeux vidéo et qu’elle est même célébrée en Angleterre !

La conclusion de cette conférencière érudite et passionnée situe une Jeanne d’Arc qui « rejoint les valeurs de la France, liberté, égalité, fraternité ». Tout simplement.

La matinée se termine par une « visite flash » des collections du musée des Beaux-Arts, suivie par une cinquantaine de personnes qui ainsi poursuivent leur approche culturelle et historique de Jeanne d’Arc, emblème de la ville d’Orléans et bien au-delà, dans des valeurs universelles qui, comme leur nom l’indique et qu’il est utile de rappeler, appartiennent à tout le monde.

 

Pour aller plus loin dans Magcentre :

Jeanne d’Arc, un débat jamais éteint : la réponse de l’historien Olivier Bouzy

1920 – 2020 : Cent ans de discours aux fêtes de Jeanne d’Arc à Orléans

Commentaires

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  1. Jeanne d’Arc comme le Général appartiennent à l’Histoire avant d’appartenir à chacun.e L’Histoire n’est pour le peuple qu’un récit d’historien.n.e.s. Et chacun.e d’agiter sa marotte. Présentez-nous des faits et des hypothèses. Présentez-nous une Jeanne aux prises avec le politique. Et arrêtons de grâce cette fatuité de se croire détenteur d’une vérité, d’un parti, au doux nom de démocratie. Aucune égalité, Domrémy poudre aux yeux, très peu de fraternité, qui ose la délivrer, beaucoup de calculs dans cette Histoire et la liberté se paie toujours au prix fort.

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